La plus grande révolution qui s'est faite sur la terre fut celle du christianisme.
Et pourtant pas de fusils ni de soldats pour la conduire.
Le Christ, le fondateur, est venu, et Il a parlé. Il a parlé. La parole. Voilà son arme.
Lui, Il est le Verbe de Dieu. Le Verbe. La parole.
C'est par la parole qu'il gagne le monde. Conquête des conquêtes, puisque c'est la conquête des cœurs. Conquête plus grande que toutes celles de l'histoire des guerriers les plus braves et les plus glorieux. Seule conquête digne d'un Dieu, Créateur d'hommes libres. Conquête de la volonté de ces hommes libres.
La plus grande des victoires se gagne donc par la parole.
* * *
"Allez, enseignez", dit Notre-Seigneur à ses apôtres.
Et les apôtres firent comme Il leur disait.
Et depuis deux mille ans, les descendants des apôtres enseignent. Et la révolution chrétienne se continue, et la conquête du Christ s'agrandit.
Par le verbe. Par la parole.
Créditistes, nous aussi nous organisons une révolution pacifique. Nous ne voulons pas non plus du glaive qui tue. Nos armes seront la parole.
Il n'y a pas d'armes plus parfaites ni de plus efficaces.
C'est il y a deux ans, lorsque nous avons inauguré notre système de conférences, que VERS DEMAIN a pris son grand essor.
L'année 1942 fut consacrée à la fondation de l'Association Créditiste.
En 1943, nous reviendrons aux conférenciers.
Des conférenciers, des conférenciers partout. Mille dans la Nouvelle-France au premier mai prochain.
Des conférenciers. Des hommes qui enseignent, comme les apôtres.
Des hommes qui passent la lumière à leur prochain.
Ils sont modestes, nos conférenciers. Ils ne portent pas de grands noms ni de grands diplômes, mais ils ont les idées claires. Ils disent très simplement ce qu'ils comprennent si bien. L'éloquence est leur dernier souci. La vérité à répandre, voilà l'objectif. Et la vérité est toujours belle et touchante, même si les phrases qui l'expriment ne sont pas moulées par la rhétorique.
Nos conférenciers, ils gagnent leur auditoire. Leur parole est convaincue et chaude. Et leur dévouement et leurs sacrifices aidant, ils conquièrent les esprits et les cœurs à cette même charité qui les anime.
Et ils deviendront des hommes, nos conférenciers. Des hommes pas comme les autres. Des hommes vraiment libres qui se tiennent en mains.
Ils apprennent à discipliner leur pensée et leurs paroles. Ils s'exercent à oublier leur orgueil et leurs ambitions et leur comfort, pour ne songer qu'au but qu'ils poursuivent de toutes leurs forces.
L'idéal, voilà leur maître. Ils s'oublient eux-mêmes et ils se conduisent suivant l'objectif.
Quelle magnifique formation que celle-là !
Demandez-leur, à nos conférenciers, s'ils ne se sentent pas maintenant bien supérieurs à ce qu'ils étaient avant de faire des conférences.
Demandez-leur s'ils ne reconnaissent pas en eux un tout autre homme.
Regardez autour de vous, et voyez si, dans le domaine profane, il y en a d'autres qui, comme eux, font leur éducation à l'âge adulte, et d'une manière aussi vivante et par conséquent aussi efficace et aussi fructueuse.
Et maintenant, cherchez autour de vous qui pourraient devenir, mieux que nos conférenciers, les piliers de l'État vraiment démocratique de demain, cet État où les administrés se feront servir par leur gouvernement parce qu'ils auront en mains un mécanisme pour se faire servir et des hommes compétents pour mettre en marche ce mécanisme.
Conférenciers du Crédit Social, en même temps que vous faites la conquête de la Nouvelle-France, vous vous conquérez vous-mêmes, et vous préparez les hommes d'État de la vraie démocratie corporative en Nouvelle-France.
Vive la Nouvelle-France et vivent les conférenciers qui la bâtissent !