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Monsieur fat

le mardi, 15 septembre 1942. Dans Réflexions

— Et vous, monsieur Fat, êtes-vous créditiste, maintenant ?

— Je commence à comprendre un peu, quoiqu'il demeure encore des points sombres dans la doctrine. L'autre jour, j'ai trouvé que monsieur B expliquait cela beaucoup plus clairement que monsieur A qui fut le premier à nous donner une conférence à Rouyn. Monsieur A est embrouillé dans ses exposés. Et puis, il est insupportable. Il méprise les professionnels et ne se gêne pas pour le dire.

— Si monsieur A méprise les professionnels, c'est peut-être parce que la plupart d'entre eux sont méprisables, monsieur Fat. Et d'ailleurs, nous créditistes, nous n'attendons rien des professionnels. Les quelques rares exceptions qui nous aident sont nos amis, et ne se froissent pas de notre opinion sur leurs congénères. Ils sont de notre avis sur toute la ligne.

— Je vous remercie, vous n'êtes pas très aimable, je suis avocat, monsieur.

— Pardon, monsieur Fat, ce n'est pas moi qui vous coiffe, c'est vous-même qui vous emparez du chapeau. J'ignorais complètement que vous êtes un professionnel. Maintenant que je le sais, vous comprenez que c'est loin de changer mon opinion sur eux. La question n'est pas d'être aimable, mais de rendre témoignage à la vérité en servant la cause du Crédit Social qui est une cause de vérité. Et si vous voulez que je vous dise tout ce que je pense tandis que j'y suis, voici, pour satisfaire votre curiosité. Vous le digérerez comme vous pourrez : C'est l'égoïsme et la vanité qui vous arrêtent, vous autres. Votre égoïsme, c'est l'égoïsme de tous les bourgeois. Il a été cause de toutes les révolutions de l'histoire. Quant à votre vanité, vous m'en avez donné une preuve tout à l'heure, lorsque vous avez dit que monsieur A n'expliquait pas bien le Crédit Social et que vous aviez mieux compris monsieur B. L'un et l'autre sont des maîtres en la matière. Mais, le premier qui est venu a trouvé en vous un opposant au Crédit Social par profession. Dans la suite, voyant que la doctrine se répandait, vous avez trouvé gênant de ne pas comprendre ce que les illettrés comprennent si bien, et vous vous rangez. Pour vous excuser de votre première ignorance, vous accusez le premier maître. Vanité, monsieur.

Tenez, voulez-vous que je vous dise, ne vous en faites pas, vous ne comprendrez jamais le Crédit Social pour la bonne raison que ce n'est pas vous qui l'avez inventé.

Pour vous consoler, il vous reste d'inventer un autre Crédit Social. Libre à vous, monsieur Fat. Mais, prenez garde, les vrais inventeurs ont plus de gloire après leur mort qu'avant. Ça pourrait vous décourager.

MARIE

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