Si l'on ne se résout pas à changer le chômage technologique en loisirs payés, on devra se préparer pour une prochaine boucherie.
Voici que même des lords commencent à s'en rendre compte, et que même des grands journaux commencent à admettre la publication d'opinions dans ce sens.
Le Times de Londres, du 16 novembre, publie la lettre suivante de Lord Melchett :
Monsieur,
En reproduisant le discours du ministre, M. Herbert Morrison, dans votre édition du vendredi, 12 novembre, vous lui faites dire :
"Ce que nous voulons tous voir, c'est une population aussi complètement et aussi activement occupée que pendant la guerre, mais à des travaux productifs et constructifs, pour l'avantage de notre propre collectivité et de toutes les nations. Cet état d'affaire n'a jamais été réalisé en temps de paix, sauf en pays totalitaires. Nous, de Grande-Bretagne, devrons faire le grand effort, la grande expérience, de le réaliser dans un pays non-totalitaire".
Je ne crois pas qu'il existe un seul cas enregistré de pays totalitaire ayant fourni de l'emploi complet à ses citoyens, excepté en se préparant pour la guerre. Le problème du plein emploi ne ressortit pas du domaine politique ; il ne dépend même pas uniquement de l'industrie qui, basée sur la science, est capable d'une expansion progressive de son rendement par homme. Le problème du monde moderne est de fournir à la population du pouvoir d'achat massif pour absorber une production massive.
Ce problème appartient au champ de la finance et demande un effort de recherches semblable à l'effort déployé dans les recherches scientifiques.
Votre tout dévoué,
MELCHETT
* * *
Melchett est un peu en retard. Les recherches sont faites depuis longtemps, et la formule trouvée avant même qu'il se soit rendu compte de la situation du problème. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est un effort de réalisation.
Le Times croit peut-être avoir donné asile à des idées neuves. Il y a vingt-cinq ans que Douglas a écrit la même chose et, en plus, a fourni son analyse et offert une méthode scientifique pour alimenter un pouvoir d'achat massif capable d'absorber une production massive, et pour permettre aux hommes libérés par la machine de disposer eux-mêmes de l'emploi de leur temps.
Crier : Du travail pour tout le monde ! c'est crier : La guerre, s'il vous plaît !