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Liberté fertile

Gilberte Côté-Mercier le mardi, 01 février 1944. Dans Réflexions

Simple constatation : Les Créditistes de Nouvelle-France sont les seuls en Nouvelle-France, à deman­der le dividende, de l'argent pour rien. Et ce sont ces mêmes Créditistes qui travaillent le plus pour le bien commun, et gratuitement.

Tous les Voltigeurs du Crédit Social, dignes de ce nom, donnent trois à quatre heures par diman­che au Crédit Social.

Nous en avons qui, en plus, donnent toutes leurs soirées.

N'oublions pas que ces hommes gagnent leur pain ailleurs. Et comme ils sont simples ouvriers, ils doivent travailler longtemps et péniblement pour gagner leur pain. Il leur reste peu de loisirs, et ils trouvent le moyen d'employer ce peu à sauver leurs frères.

Cela prouve que ce n'est pas à cause qu'ils ont peur de l'ouvrage que ces hommes réclament de l'argent pour rien. Qu'ils ne craignent pas le tra­vail, ils le prouvent, non seulement en paroles, mais en actes.

* * *

En effet, les Créditistes sont convaincus, par ex­périence personnelle, que le travail le mieux fait et fait avec le plus de cœur, n'est pas celui dont l'ob­jectif est un salaire.

Le meilleur travail est le travail libre.

Le travail que j'ai choisi moi-même par idéal, je le fais avec intelligence et application, parce que je veux réussir sûrement et au plus vite.

Ça ne signifie pas que je ne me soumets pas à une discipline pour exécuter ce travail. Discipline venant d'une direction centrale, complétée par la discipline que je donne moi-même à mes penchants, et parfois à mes vues sur les méthodes.

Idéal choisi librement, discipline acceptée à cau­se de l'idéal. Mon travail est joyeux, parce que j'ai­me l'idéal. Mon travail est tenace, parce que je veux l'idéal. Mon travail est ordonné, parce que je comprends la nécessité d'un plan. Mon travail est fait pour moi, parce que l'idéal qu'il poursuit est à ma mesure. Mon travail est libre pour un homme libre que je suis. Comment voulez-vous que mon travail ne soit pas fructueux ?

Fructueux, le travail des Créditistes ! Qui donc en doute maintenant en Nouvelle-France ?

Le mouvement du Crédit Social n'a que sept ans de vie chez nous. Le journal VERS DEMAIN ne compte que quatre ans. Et quelle floraison !

Pourtant, les adversaires n'ont pas manqué ! Quel mouvement a subi plus de persécution ? Nous n'en connaissons pas.

Nulle chaire, ni universitaire, ni religieuse, ni fi­nancière, ne le recommandait. Loin de là. L'attitu­de des personnages de haut lieu en était une de condamnation ou de mépris. Aucun autre mouve­ment n'a, chez nous, si belle persécution à son ac­tif. Car, depuis le Christ, les persécutions sont un actif, si contradictoire que cela paraisse.

Nulle publicité. Tous les journaux, autour de nous, pratiquèrent la politique de la dénonciation, puis celle du silence. Les Créditistes ont bâti eux-mêmes, tous seuls, toute leur renommée, et à leurs frais, malgré leur pauvreté.

Oui, il fut fructueux, le travail des Créditistes ! Les adversaires eux-mêmes en ont les yeux crevés. À preuve, dans un article bilieux contre les Crédi­tistes du journal "La Frontière", 13 janvier, cette     phrase : "Le travail est commencé, et chez les Cré­ditistes surtout, l'activité est intense".

À preuve encore ce compliment de prophètes de malheur : "Vous ne pouvez pas réussir, mais on peut tout de même vous accorder d'avoir fait une très belle éducation parmi le peuple !"

L'éducation du peuple ! Une chose impossible, archi-impossible, à en croire nos professeurs les plus zélés ! Cette chose impossible fut réalisée par les Créditistes de Nouvelle-France. Un fruit sa­voureux de leur travail persévérant !

Mettre un lumineux idéal dans la tête et la vo­lonté des petits hommes de la populace. Faire ces mêmes petits hommes, peu habitués au travail li­bre, les faire se donner corps et âme et biens pour la réussite de cet idéal, quel magnifique travail, et quelle merveilleuse réussite !

Tout cela s'est fait sans salaire, sans argent ! Du travail libre !

Les voyez-vous là, sur toute la terre de Nouvel­le-France, ces Créditistes qui se lèvent de partout, comme une nuée ? Ils ont encore les pieds et les mains attachés. On entend le bruit des chaînes qui les rivent à leur esclavage. Mais, leur dos se soulève, leur tête se dresse, et, par le peu qui leur reste encore de liberté, et par cette charité qui les unit tous en une armée redoutable, par un travail libre et persévérant, ils vont briser leurs chaînes et rebâ­tir leurs foyers et leur pays.

Regardez-les aujourd'hui dans leur misère. Elle est le fruit d'un travail servile pour de l'argent, depuis des siècles.

Regardez-les demain dans leur noblesse et leur règne sur les choses. C'est le fruit du travail libre des Créditistes pendant quelques années.

Ô liberté fertile, pourquoi donc n'es-tu pas aimée autant que tu le mérites ?

Gilberte Côté-Mercier

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