Dans une lettre au Sunday Express (Angleterre) du 5 janvier, le chanoine Hannay écrit :
L'ours fait résonner les barreaux de sa cage au Zoo. Il les frappe bruyamment à cœur de jour et donne au spectateur l'impression qu'il a envie de sortir.
S'il a réellement envie de s'échapper, c'est un ours bien ingrat, parce qu'il jouit déjà des Quatre Libertés que les Nations-Unies et nous-mêmes devons poursuivre aux prix d'une lutte si acharnée.
- Il est libéré du besoin, cet ours, car sa nourriture lui est fournie régulièrement chaque jour et il jouit d'un bon abri et d'une température convenable — toutes choses qui forment une partie importante du cher monde nouveau qui nous est promis.
- Il est libéré de la crainte : personne ne va lui tirer un coup de fusil ni lui tendre un piège perfide.
- La liberté de langage lui est assurée : il peut grogner tout le jour et toute la nuit, si cela lui fait plaisir, sans que personne ne vienne le déranger.
- Il possède également la liberté de conscience. Quelle que puisse être sa religion d'ours, il peut la pratiquer librement, sans craindre de persécution.
Cet ours jouit donc des Quatre Libertés ; et pourtant, puisqu'il continue de s'en prendre aux barreaux de sa cage, il ne semble pas être libre. L'est-il ?
Les illustres francs-maçons qui ont fait applaudir par un monde de badauds les Quatre Libertés de la Charte déjà ridée de l'Atlantique n'ont donc rien inventé.
Les Quatre Libertés de l'Ours du Zoo et les Quatre Libertés de l'homme enchaîné par la bureaucratie se ressemblent assez. Que valent des libertés qu'on n'obtient qu'au sacrifice de sa liberté personnelle ?