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Le plan des francs-maçons pour les écoles

Gilberte Côté-Mercier le mardi, 01 juin 1999. Dans Éducation

Dans les années '60, dès que les promoteurs de la Révolution Tranquille, ennemis de notre chrétienté, ont commencé à décrier le système scolaire catholique de la province de Québec et à réclamer l'établissement d'un Ministère de l'Instruction Publique, le journal Vers Demain, sous les plumes de Louis Even et de madame Gilberte Côté-Mercier, tonnait contre cette conspiration diabolique, plan de laïcisation dont le but secret était "d'arriver à l'apostasie officielle de l'État surtout en éducation".

Nous publions ci-dessous un fameux article de madame Gilberte Côté-Mercier, écrit en 1963, l'année qui précédait la dissolution du Conseil de l'Instruction Publique avec ses écoles catholiques, et la création du Ministère de l'Éducation avec ses écoles impies.

Nous voyons que le plan de la franc-maçonnerie pour laïciser notre système scolaire avait été lancée au début de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Toute cette conspiration infernale dénoncée par madame Côté-Mercier s'accomplit à la lettre dans la province de Québec.

Yvette Poirier

par Gilberte Côté-Mercier

Un ministre de l'Éducation

Dans quelques mois peut-être, nous aurons à Québec un ministre de l'Éducation. Les francs-maçons auront alors gagné une autre manche. Nos enfants seront plus étatisés que jamais. Les parents disparaîtront dans les coulisses. Ils pourront toujours dire, les parents, qu'ils sont en compagnie des évêques dans les coulisses, si ça peut les consoler de perdre leurs enfants !

"L'Église est trop encombrante dans l'enseignement !" ont dit les laïcistes. "Il y a trop d'évêques au Conseil de l'Instruction Publique ! Le ministre tout seul les remplacerait avantageusement ! L'heure est venue de la promotion des laïcs !"

Oh ! les évêques ne seront pas repoussés tout de suite par le ministre de l'Éducation ! Ça paraîtrait trop mal ! On les reléguera pour un temps au troisième plan, c'est-à-dire que les évêques pourront nommer leurs représentants qui formeront un comité de consultation. Et le dit comité de consultation ne sera justement que consulté par le ministre de l'Éducation. Le ministre ne sera pas obligé de se soumettre aux bons conseils des représentants des évêques. Et le ministre ne sera pas gêné par les évêques puisqu'il n'aura pas besoin de les rencontrer. Il ne rencontrera que leur ombrage ! Peut-être que Gérin-Lajoie, qui sera le premier choisi comme ministre de l'Éducation, restera déférent envers les évêques. Mais les futurs ministres de l'Éducation auront tout loisir de gouverner l'enseignement comme des athées, l'Église catholique étant classée au musée des vieilles reliques des écoles de Nouvelle-France.

Et voilà ! les francs-maçons de la Loge de l'Émancipation, opérant à Montréal en 1910, auront gagné leur point principal, celui d'obtenir un Ministère de l'Instruction Publique pour la province de Québec, afin de faire disparaître l'influence des parents et de l'Église sur les enfants, en enrôlant les petits et les adolescents dans les écoles de l'État.

Mais, il y a des bonnes gens tout de même aujourd'hui, jusque de saintes religieuses, qui disent : "Vous savez, il faut bien se mettre à la page ! Il faut évoluer ! Un Ministère de l'Éducation, c'est nécessaire ! Et ce ne sera pas dangereux avec des garanties comme on nous en promet !" — "Des garanties ! Lesquelles, ma Sœur ?" — "Nous avons de si bons hommes à Québec !"

Cette réflexion, mes amis, je l'ai entendue de mes oreilles ! Voici que ce sont les religieuses maintenant qui parlent comme les francs-maçons de 1910. Où sommes-nous rendus ? Comme à Cuba, bien sûr ! où la révolution fut faite avec l'appui enthousiaste des mouvements d'Action Catholique !

Histoire de France

En France, depuis la révolution de 1789, les écoles sont demeurées sous le contrôle de l'État. Mais, Napoléon 1er a fait un concordat avec l'Église. Le concordat laissait toute liberté à l'enseignement religieux et permettait aux religieux d'enseigner comme les laïcs dans les écoles d'État. Et les religieux enseignaient la religion librement. Le concordat de Napoléon était une garantie, comme les garanties qu'on nous promet à Québec aujourd'hui. Et Napoléon devait être considéré comme un si bon empereur par les religieuses de ce temps-là ! Tout comme Jean Lesage et Gérin-Lajoie aujourd'hui, sans doute.

Mais... mais... Oui, il y a un mais. En France, en 1881, l'enseignement d'État devint purement laïc. Le gouvernement interdit tout enseignement religieux dans les écoles d'État. Alors, les parents de France, qui voulaient faire instruire leurs enfants sur la religion, durent payer d'autres écoles, non subventionnées par l'État. Ils payaient leurs écoles d'État par les taxes, et payaient leurs écoles confessionnelles par d'autres sacrifices. Double charge pour les parents qui avaient la foi. C'est que, voyez-vous, ma bonne Sœur, les garanties étaient disparues ! Les Napoléon, les Jean Lesage et les Gérin-Lajoie si catholiques étaient remplacés par des francs-maçons pas catholiques du tout !

En France, en 1901, le gouvernement alla même jusqu'à chasser les religieux. Défense leur fut faite d'enseigner dans les écoles séparées. Et c'est ainsi que les religieux ont quitté la France, que les petits Français n'apprirent plus leur catéchisme et perdirent la foi, à la grande joie des francs- maçons, qui se frottèrent les mains de contentement. Ils avaient réussi leurs plans sur les écoles !

Godefroy Langlois dans sa tombe

Les notes qui suivent ont été prises dans la "brochurette" intitulée « Autrefois... Les réformes scolaires et la franc-maçonnerie », écrite par A.-J. Lemieux, un Canadien français qui a démasqué les francs-maçons de Montréal en 1910.

Monsieur Lemieux, en février 1908, assistait à une assemblée du « Laurier Political Club », cercle juif, où Godefroy Langlois a déclaré, aux grands applaudissements de l'assistance :

"Dans le gouvernement de cette province, où la majorité est canadienne-française, l'honorable M. Weir est le représentant de la minorité, c'est-à-dire des protestants. En conséquence, je puis vous assurer de son estime pour les Juifs qui sont aussi de la minorité. Il a été un brillant avocat des réformes éducationnelles et je puis prédire que bientôt cette cause triomphera sur toute la ligne. Sir Wildfrid Laurier est arrivé au pouvoir au moment des difficultés scolaires du Manitoba. Depuis il a extirpé les idées mesquines et étroites, fruits des préjugés de races et de religions. Par sa conduite et son triomphe, il a démontré clairement qu'on ne doit pas mêler la religion à la politique." (Applaudissements).

De son côté, M. Weir déclarait que Godefroy Langlois prenait un grand intérêt à la cause de l'instruction publique.

Et M. Weir et Godefroy Langlois étaient tous deux frères de la Loge l'Émancipation. Et les réformes réclamées par ces deux frères n'étaient autres que les réformes scolaires réclamées par la franc-maçonnerie y compris un Ministère de l'Instruction Publique.

M. Weir, Godefroy Langlois et leurs camarades de la Loge l'Émancipation doivent exécuter une danse joyeuse dans leurs tombes, maintenant que Jean Lesage et Gérin-Lajoie ont décidé de réaliser leurs vœux les plus chers.

D'autres plans scolaires

Monsieur Lemieux, le 8 octobre 1909, avait assisté à une assemblée de la Loge l'Émancipation, à Montréal. À cette assemblée, quelqu'un avait proposé que Godefroy Langlois soit élu au Bureau de contrôle de la Loge maçonnique. Et voici quelques notes qui montrent jusqu'à quel point l'enseignement aux catholiques intéresse les francs-maçons. Tiré de la brochure "La Loge L'Émancipation", par A.J. Lemieux :

"Frère Gustave Franck, un chef ouvrier, a promis qu'avant longtemps une requête couverte d'au-delà de 25,000 signatures d'ouvriers serait envoyée au Premier Ministre, pour le forcer à demander des soumissions pour l'impression de livres tels que le veut l'uniformité préconisée par la loge. Nous aurons ainsi les différences de prix, entre les séries de livres des Congrégations religieuses et les soumissions fournies par le gouvernement, et de là au succès final il n'y aura qu'un pas. Au sein de la loge, ce soir-là, on a lu la condamnation de la Semaine de Gustave Comte, par Monseigneur Bruchési, et les frères en sont venus à la conclusion qu'il fallait prendre les moyens d'en finir avec l'oppression du peuple par l'autorité religieuse. Il faut au peuple la liberté : Les Évêques se croient les seuls autorisés à travailler au relèvement de la race canadienne-française.

On a loué l'hypocrisie d'un frère qui serait le confident de M. Perrault, directeur général des écoles sous le contrôle de la Commission Scolaire catholique de Montréal.

À cette assemblée, la question de l'instruction publique y a été discutée longuement.

Le vénérable d'une nouvelle loge maçonnique déclara : Je serai contre l'entrée, dans la loge, d'un profane qui croirait encore en Dieu ou en l'immortalité de l'âme."

Et à une autre assemblée de la Loge, celle du 14 janvier 1910 :

"Un membre reproche aux autres frères de dire qu'ils sont maçons pour faire de la propagande, et il ajoute : Plutôt que de parler de franc-maçonnerie, il vaudrait mieux parler contre les curés, contre les religieux, traiter la question de l'instruction publique."

Et monsieur Lemieux conclut que les francs-maçons prêchaient tant qu'ils pouvaient l'institution d'un Ministère de l'Instruction Publique dans la province de Québec, et que s'ils n'ont pas réussi, c'est à cause de la réaction qui s'est faite :

"Le peuple, dit-il, a compris que le but véritable des réformateurs n'est pas de lui procurer ce qui lui permettrait de gagner sa vie sans travailler, mais bien un moyen de mettre la main sur notre système éducationnel, et d'instituer ici, dans la province de Québec, le même système dont le Grand Orient de France s'est servi pour déchristianiser la France, et ce à quoi il a réussi en partie, avec les conséquences que l'on voit actuellement en France."

Ligue de l'Enseignement en France

Vers 1875, une Ligue de l'Enseignement fut fondée en France. Et c'est en 1880 que l'enseignement confessionnel fut banni des écoles d'État en France.

En 1885, au cinquième congrès de cette Ligue de l'Enseignement, fut votée l'immédiate application des lois sur l'obligation, la gratuité et la laïcité de l'école. Jean Macé, l'un des directeurs de cette Ligue, sinon son fondateur, disait :

"Autrefois nous affirmions que la Ligue de l'Enseignement n'était pas une société religieuse et politique. Aujourd'hui, il n'en est plus ainsi. Il faut affirmer que la Ligue est une société maçonnique."

Ce même Jean Macé avait écrit dans le Bulletin de la Ligue :

"Le pape et le clergé ont accusé la franc-maçonnerie de la révolution qui s'est accomplie dans les idées et dans le système scolaire de ce pays. L'Église se serait moins trompée, si elle avait rendu responsable des lois scolaires la Ligue de l'Enseignement."

Ligue de l'Enseignement canadienne

Monsieur Herbette, membre du Conseil général de la Ligue de l'Enseignement de France, est venu à Montréal fonder une Ligue de l'Enseignement aussi, qui relevait de la Ligue de France, et qui avait comme elle dans son programme l'école obligatoire, l'école gratuite, l'école laïque et un Ministère de l'Instruction Publique pour la province de Québec.

Et comme la Ligue de l'Enseignement de France, la Ligue canadienne se présentait sous couvert de patriotisme et de nationalisme !

Leur patriotisme était de sortir la religion des écoles, d'arracher les enfants à leurs parents et aux évêques, pour les confier à l'État par l'école obligatoire, gratuite et laïque et par le Ministère de l'Instruction Publique.

A.J. Lemieux termine en disant :

"Laïciser ! Laïciser ! Voilà le mot d'ordre de la franc-maçonnerie et de sa fille, la Ligue de l'Enseignement, qu'il s'agisse d'un hôpital, d'une bibliothèque ou de l'école."

En 1963, n'est-ce pas aussi le programme du gouvernement libéral Jean Lesage ? On voit ce qui se passe dans les hôpitaux !

Et le Ministère de l'Éducation mettra entre les mains du gouvernement tous les pouvoirs contre les parents et les évêques. Les écoles de plus en plus centralisées éloignent de plus en plus les enfants de leurs parents. Une propagande maudite organise toutes sortes de forums et de rencontres où les enfants critiquent leurs parents. C'est un sabotage systématique de l'autorité naturelle.

Les francs-maçons ont bien réussi. Nos députés et ministres du Québec réalisent leur rêve à la perfection.

Mais, dans les hautes sphères de notre société, ne pourrait-il pas se trouver une couple de bons soldats du Christ qui seraient prêts à se sacrifier tout entiers et à sacrifier même leurs œuvres pour sauver la foi de nos enfants de demain ?

Qu'on me permette de le dire avant qu'il ne soit trop tard, le peuple est de plus en plus déçu de la démission des grands, et il la voit de mieux en mieux.

Les octrois à nos institutions religieuses n'ont-elles pas égaré leur jugement ? Parce que Duplessis avait promis $50,000 d'octrois, une salle paroissiale était retirée aux créditistes qui l'avaient pourtant payée. On a vu cela souvent ! On croyait bien faire peut- être, mais il semble qu'en telle circonstance on mettait plus de confiance dans l'argent des politiciens que dans la valeur de la vérité. On était prêt à sacrifier la vérité pour de l'argent. Ce n'était pas bien catholique vraiment !

Les octrois aux hôpitaux et les octrois aux écoles ont été l'antichambre de la confiscation des hôpitaux et des écoles par le gouvernement. Maintenant les hôpitaux et les écoles ne sont plus la propriété des religieux et religieuses. Le gouvernement s'en empare graduellement. Et bientôt, les religieux et religieuses partiront, chassés par la force ou la ruse, ce qui revient au même.

Première station, les octrois. Deuxième station, la confiscation.

Le plus désastreux de tout cela, c'est la résignation des religieux à cet état de choses, comme lorsqu'ils disent : "Il faut se mettre à la page ! Nous aurons des garanties avec le Ministère de l'Éducation qu'on nous prépare ! Et avec des chefs comme Jean Lesage et Gérin-Lajoie, il n'y a aucun danger !"

Les paroles sont une autre démission. Parce que ça ne nous fera pas trop mal à nous, maintenant, eh bien, on est prêt à sacrifier encore les principes.

Cette fois, c'est le principe de l'autorité des parents et des évêques qui sera complètement saboté par le ministère de l'Éducation, et l'autre principe du droit des enfants à toutes les garanties possibles de recevoir l'instruction religieuse.

Le marchandage est odieux en matière de vérité, et il ne faut pas se surprendre qu'il produise des fruits empoisonnés.

Nous avons besoin de toutes les forces de notre société catholique pour affronter les francs-maçons ligués avec les journaux, les politiciens, la télévision, les communistes. Les parents resteront-ils seuls à se battre contre cette meute déchaînée ?

Gilberte Côté-Mercier

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