La C.C.F. a des plans pour tout, excepté pour dompter le système d'argent. Elle a des plans pour saisir les industries qui fournissent partout des produits en abondance ; elle n'en a pas pour obliger la machine à argent à placer l'argent en face des produits.
La C.C.F. a pris le pouvoir en Saskatchewan il y a quelques mois. Maintenant que les C.C.F. ont le nez dans le Trésor vide de la province, ils s'aperçoivent peut-être que la question du volume de l'argent dans le pays a son importance.
Mais les C.C.F. semblent avoir le droit de faire des programmes pour tout régenter, sauf le saint des saints de la Finance. Aussi, en face d'un Trésor vide, ils ne trouvent rien de mieux à faire pour régler leurs difficultés que de les passer aux autres.
Cette province dut emprunter des banques 17 millions en 1937, pour des graines de semence. Le Fédéral endossa les billets de la province aux banques. Or, les billets atteignent leur échéance le 31 octobre prochain.
Le premier-ministre C.C.F. de la Saskatchewan, M. Douglas, déclare qu'il ne peut rembourser. Le Fédéral, ayant endossé les billets, devra payer si la Saskatchewan ne le fait pas. Ottawa presse évidemment Régina de payer.
M. Douglas serait prêt à payer la moitié, à condition que le reste du pays paie l'autre moitié à la place de sa province.
Voilà certes une manière bien commode de se débarrasser d'un problème.
Que le gouvernement de la Saskatchewan dise : "Nous n'avons pas d'argent, nous ne pouvons donc pas payer" — à la bonne heure.
Mais dire : "Donc, payez à ma place" — c'est une autre affaire.
Si les C.C.F. étaient un peu plus éclairés sur le plus pressant des problèmes, ils diraient : "Nous n'avons pas d'argent. Établissez donc, vous d'Ottawa, un mécanisme de bon sens où l'argent sera en rapport avec la production. Comme nous ne sommes pas des paresseux, nous trouverons alors de quoi payer."
Mais, pour parler ainsi, il faudrait que ceux qui se disent C.C.F. deviennent créditistes. Ils comprendraient du coup qu'une fois l'argent dompté, il ne peut plus être question de plans pour encarcaner les hommes et les conduire par le choix entre l'avoine ou le fouet.
Vraiment, qu'allaient donc faire les orateurs C.C.F. au pays des créditistes lors de la récente campagne électorale d'Alberta ? Les Albertains, éclairés et progressifs, n'ont pas de leçon à recevoir de maquignons. Ils l'ont fait savoir à ces arriérés le 8 août.