Il s'agit du Grand Sanhédrin de la finance internationale, de la Banque des Règlements Internationaux, de Bâle.
Pour la masse des mortels, les règlements internationaux, entre Allemands et Anglais, entre Japonais et Américains, entre Axistes et Alliés, se font de ce temps-ci sur les champs de bataille terrestres et océaniques, à coups de canons, de bombes et de torpilles.
Entre financiers de la haute, les relations sont plus douces. Voici ce qu'écrit Daniel Bell dans The New Leader, de New-York, le 3 octobre, extrait reproduit par Men First de la même date :
"Il y a plusieurs semaines, lorsque s'ouvrait la bataille de Stalingrad, des banquiers anglais et des banquiers allemands se réunissaient à Bâle, à une assemblée de la Banque des Règlements Internationaux. Ces assemblées de banquiers ont continué, malgré la guerre... La Banque des Règlements Internationaux fut établie en 1930. Les fondateurs furent : la Reichsbank allemande, la Banque d'Angleterre, la Banque de France, la Banque d'Italie, la Banque Nationale de Belgique, un consortium japonais, et trois banques des États-Unis (J. P. Morgan & Cie, First National Bank de New-York, First National Bank de Chicago). La Banque de Bâle a été utilisée en maintes occasions pour contrecarrer les vœux de divers gouvernements... Après l'ouverture des hostilités, on s'est demandé s'il était convenable que Montagu Norman, comme président de la Banque d'Angleterre, continue de siéger au même directorat que le président de la Banque du Reich allemand. Mais le gouvernement britannique a soutenu les droits du banquier. Aujourd'hui, la majorité des directeurs de la Banque des Règlements Internationaux se compose de représentants de l'Axe."
Pendant que des peuples qui ne peuvent plus s'entendre se battent avec furie, les banquiers des camps adverses continuent de causer placidement. Des journaux faisaient remarquer ces jours-ci qu'il est heureux que certains pays, comme la Suisse, soient restés neutres, car cela permettra d'avoir des arbitres indépendants dans les négociations de la paix. D'autres ont dit la même chose du Vatican : le Pape est au-dessus des conflits et serait l'homme tout désigné pour rapprocher des adversaires.
A-t-on oublié les banquiers ? Au-dessus de la fumée des batailles, au-dessus des conflits mondiaux comme des conflits internes, au-dessus des gouvernements, les financiers internationaux qui tiennent le monde de la guerre comme le monde de la paix dans le creux de leurs mains, sauront bien non pas offrir leur méditation, mais imposer leurs termes.
Ni la Suisse, ni le Pape n'eurent leur mot à dire à Versailles en 1919. Mais aux deux bouts de la table siégeaient deux frères qui n'avaient ni versé une goutte de leur sang juif, ni exposé un seul de leurs membres sur les champs de bataille : le Warburg allemand et le Warburg américain.
Et les banquiers internationaux d'aujourd'hui, qui assistent à la grande joute sanglante dont ils sont les principaux promoteurs, trouveront encore le moyen de faire signer LEUR paix lorsqu'ils déclareront la partie finie. Après nous être battus pour "sauver la chrétienté", nous savourerons la paix des barons de l'argent. À moins que...