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Le « crédit social » de la Chine communiste

Jean Bidobe LARE le jeudi, 01 octobre 2020. Dans Crédit social chinois

Le contraire du crédit social de Douglas et Louis Even

Le gouvernement chinois a lancé de 2014 à 2020 un programme de construction du « système de crédit social ». Cette expression peut semer de la confusion dans l’esprit des gens qui ont sommairement entendu parler du Crédit Social qu’enseigne le journal Vers Demain de Louis Even depuis 80 ans. En fait, le « crédit social » appliqué en Chine communiste n’a rien à voir avec la doctrine du Crédit Social authentique telle qu’enseignée par l’ingénieur écossais Clifford Hugh Douglas et Louis Even, le fondateur de Vers Demain.

En quoi consiste réellement le système de crédit social chinois ? En quoi le concept crédit social chinois est-il différent de celui découvert par Douglas ? Y-a-t-il une similitude entre les deux systèmes de même nom « crédit social » ? Le choix de baptiser une nouvelle forme de gouvernance politique autoritaire « crédit social » est-il fortuit ? C’est ce que nous allons voir avec les différentes questions qui suivent.

Le crédit social chinois, de quoi s’agit-il ?

Le système de crédit social chinois est un système de notation des citoyens en vue d'accroître le contrôle des pouvoirs publics sur les citoyens qui seraient contraints d’avoir un bon comportement social, économique et politique. Car ce programme qui poursuit un objectif-clé de rétablir « la confiance » au sein de la société a pour but, selon le gouvernement chinois, « d’augmenter le niveau de vertu des citoyens ».

En réalité, c’est pour répondre aux difficultés de faire appliquer les lois et les décisions de justice que ce programme du gouvernement a été conçu. Il fonctionne par la collecte de centaines de données sur les individus et les entreprises, depuis leur capacité à tenir leurs engagements commerciaux jusqu’à leur comportement sur les réseaux sociaux, en passant par le respect du code de la route. Tout est un arsenal de moyens technologiques, dont l’intelligence artificielle, est utilisée pour un super contrôle des autorités sur les citoyens.

Ainsi, dans les villes-tests, l’État attribue aux citoyens un « capital de points », 1000 points de base qui peuvent être bonifiés, ou bien s’éroder selon que le citoyen affiche ou non un catalogue de comportements établis. En d’autres termes, le « crédit social » chinois est un système de notation qui récompense ou pénalise les citoyens en fonction de leur comportement. Ainsi les citoyens qui ont un crédit bas pour avoir présenté des comportements inciviques ou pour des incivilités sont carrément interdits d’avion ou de train, etc.

À terme, ce système de crédit social chinois, qui est basé sur la collecte des informations personnelles sur les réseaux sociaux et via les caméras de surveillance intelligentes, reposera aussi sur un numéro d’identité unique que se voient attribuer les citoyens chinois à la naissance et nécessaire pour tout : acheter un téléphone, faire des démarches administratives, etc. Avec l’avènement des réseaux 5G déjà opérationnels en Chine, la géolocalisation en temps réel des citoyens chinois devient facile. Le gouvernement chinois pense régler tous les problèmes de la société par la haute technologie. La société chinoise risque d’être divisée en deux catégories : d’une part la catégorie des bons (obéissants aux lois du Parti communiste), et celle des mauvais d’autre part.

Ce système de contrôle des citoyens par les pouvoirs publics pose deux problèmes graves à savoir la restriction des libertés fondamentales et l’atteinte grave à la vie privée des citoyens. En effet, en combinant la reconnaissance faciale, l’intelligence artificielle et l’enregistrement biométrique qui attribue un numéro d’identité unique à chaque citoyen, le système de crédit social chinois instaure un climat de terreur et d’oppression qui avilit la dignité humaine. D’abord psychologiquement, les citoyens sont privés de la liberté. Le gouvernement considère les citoyens comme des animaux qu’il doit dresser de sorte à ce qu’ils posent des gestes et faits bons, mais dénués de tout raisonnement vertueux. C’est la véritable dépersonnalisation des citoyens qui est ainsi enclenchée.

(Note de Vers Demain : en fait, c’est ce système de contrôle de « crédit social chinois » que les psychopathes milliardaires qui veulent gouverner le monde souhaitent étendre à la grandeur de la planète, pour que ce système d’espionnage et de délation, tel qu’il existe maintenant en Chine, soit établi dans tous les pays du monde. Si certains parlent de la COVID-19 comme étant un « virus chinois », ce « crédit social » provenant de la Chine communiste est un virus encore bien pire pour l’humanité.)

En outre, avec l’attribution d’un numéro unique individuel sans lequel les citoyens chinois ne peuvent rien faire, l’on franchit une étape cruciale vers non seulement le fichage des citoyens comme du bétail, mais aussi le marquage sur les citoyens du nom ou du numéro de la bête de la terre dont parle l’Apocalypse (13, 16-18). Il est clair maintenant que le système de crédit social chinois ne revêt pas le même sens que le Crédit Social de C.H. Douglas, qui n’impose aucune contrainte, mais au contraire respecte la personne humaine dans sa dignité et sa liberté.

Quelles différences entre les deux concepts ?

Tout en étant des concepts homonymes, ceux-ci (le crédit social chinois et celui de Douglas) diffèrent l’un de l’autre non seulement par leur sens, mais aussi par leur philosophie qui préside à leur formulation.

Ainsi, le système de crédit social chinois se veut un instrument de gouvernance qui récompense ou sanctionne les citoyens en fonction du niveau de leur capital de points. Il est tout simplement un outil de contrôle de l’autorité sur les faits et gestes des citoyens grâce à plusieurs paramètres et à l’intelligence artificielle. Tandis que le Crédit Social authentique, celui de C.H. Douglas et de Louis Even, est une conception nouvelle de l’économie qui mettrait le flot de biens produits au service de chacun et de tous les citoyens d’une nation.

Alors que le système de crédit social chinois restreint les libertés fondamentales des citoyens et remet en cause la dignité humaine, le Crédit Social que répandent les Pèlerins de saint Michel garantirait à chaque citoyen un maximum de liberté et un minimum suffisant de sécurité économique. Alors que le système chinois récompense les citoyens ayant des bons comportements, le Crédit Social douglassien garantirait mensuellement à chaque personne (bonne et mauvaise) un revenu de base suffisant, appelé dividende social. Car la philosophie du Crédit Social authentique – l’associationnisme – estime que tous les citoyens sont copropriétaires et cohéritiers des richesses de la nation, et que par conséquent chacun a droit périodiquement à sa part du capital communautaire.

Quant au système du crédit social chinois, il est fondé sur le légisme, une philosophie politique qui date du IIIe siècle avant J.-C. et qui met les lois punitives au service de l’empereur. Bref, le Crédit Social qu’enseigne le journal Vers Demain est la politique d’une philosophie, qui est- la société à l’avantage de tous et de chacun de ses membres-, tandis que le système du crédit social chinois est une philosophie politique pénalisante.

Possible similitude entre le crédit social chinois et le Crédit Social de Douglas ?

Dans le système de crédit social chinois, on rencontre des expressions telles qu’augmenter le niveau de vertu des citoyens et rétablir de la confiance au sein de la société. Curieusement, ce sont des expressions saillantes faisant partie du jargon de Douglas, de Louis Even et de leurs disciples depuis un siècle.

Le but du système de crédit social chinois serait d’« augmenter le niveau de vertu des citoyens ». La finalité poursuivie par les autorités chinoises est certes tout aussi salutaire que louable. Mais les moyens et les procédés choisis apparaissent maladroits donc aux résultats inefficaces. En effet, pour les autorités chinoises, en récompensant ou en pénalisant les citoyens selon qu’ils se comportent bien ou mal, cela finira par augmenter leur niveau de vertu au sein de la société. Ce qu’elles semblent ignorer c’est que nul n’a nécessairement besoin de cœrcition et de flatterie pour bien se conduire dans la cité.

Car pour avoir une société d’hommes de profil probe, il faut plutôt leur inculquer une bonne dose d’éducation morale, religieuse et civique tout en leur assurant un environnement de sécurité économique permanente. Tout porte à croire que les autorités chinoises ignorent que, malgré l’existence des prisons pour garder les gens en conflit avec la loi, les prisons ne se désemplissent guère dans tous les pays. Cela veut dire que la prison, qui sous-entend sanction, n’est pas la solution adéquate qui empêcherait les gens de commettre des délits. Le gouvernement chinois doit savoir que c’est l’actuel système financier et monétaire dans lequel l’humanité se vautre qui incite les citoyens aux vices.

C’est justement cet incitatif au mal que le Crédit Social de Douglas et de Louis Even éradiquerait systématiquement pour laisser place à un climat d’épanouissement pour tous les individus. Le pape Pie XII ne déclarait-il pas à Mgr Albertus Martin en 1950 que le Crédit Social créerait dans le monde un climat qui permettrait l’épanouissement de la famille et du christianisme ? Sous le système de Crédit Social de Douglas, le degré de vertu au sein de la société croîtrait à tel point que le gouvernement central n’aurait pas besoin de recourir à la cœrcition dans la gestion de la cité.

La doctrine de Douglas enseigne, après Saint Thomas d’Aquin, que la pratique de la vertu par les citoyens nécessite que ceux-ci aient un minimum suffisant de bien-être garanti en tout temps. Pour ce faire, le Crédit Social authentique accorderait un dividende social mensuel à tous et à chacun non pas en fonction de leur comportement, mais à seul titre de membre de la société, du pays. Seule l’application du Crédit Social de Douglas garantirait un environnement favorable à la pratique de la vertu dans la cité tout en respectant la liberté et la dignité humaine.

Qu’en est-il de l’objectif-clé du système de crédit social chinois ? Effectivement, l’objectif-clé du système de crédit social chinois est de rétablir de la confiance au sein de la société. Cet objectif est aussi noble. Mais comment rétablir de la confiance avec un système où une partie des citoyens nommés personnes référentes dans des villes sont responsabilisés pour remonter les informations sur les comportements de leurs voisins ? On ne saurait établir de la confiance dans la terreur et la méfiance.

Quant au Crédit Social authentique, il signifie la confiance qu’on puisse vivre ensemble en société : faire crédit à quelqu’un, c’est de lui faire confiance, confiance qu’il existe un minimum d’ordre en société qui nous permette d’échanger des produits, et de circuler librement dans la rue sans risque de vous faire voler ou d’être attaqué. Et le rétablissement d’une telle confiance passe nécessairement par le respect de l’ordre moral, donc cela prend forcément l’éducation morale et religieuse, et non la dictature technologique comme en Chine où on estime que la technologie va régler les problèmes de la société.

Mais pourquoi le gouvernement chinois a-t-il choisi de baptiser son programme d’évaluation des citoyens « système de crédit social » ?

Je ne peux que conjecturer ici par rapport à la dénomination du système de notation des citoyens par la Chine en vue de les contrôler de façon accrue. Nous savons que la philosophie du Crédit Social de Douglas est diamétralement opposée à la philosophie marxiste-léniniste sur laquelle se fonde le communisme chinois. Nous savons également que durant la crise économique des années trente, où le marxisme attirait un grand nombre de personnes désespérées, Molotov, ministre des Affaires étrangères de l’union soviétique sous Staline, avait fait savoir à l’archevêque anglican de Canterbury, le Dr. Hewlett Johnson, que les dirigeants soviétiques connaissaient le Crédit Social de Douglas, et que c’était le seul mouvement qu’ils craignaient. Nous savons encore que le célèbre chef fabien et marxiste britannique Sidney Webb, avait dit à Douglas qu’il n’aimait pas le but des propositions créditistes, qui était de libérer l’individu de la domination de ceux qui exercent le pouvoir sur lui.

Au regard de l’opposition manifeste des communistes à la philosophie du Crédit Social depuis plusieurs décennies, le choix de Pékin de baptiser « système de crédit social » un programme de domination totale de ses citoyens répondrait à son désir de créer de la diversion et de la confusion auprès de ceux qui ont des informations éparses sur le Crédit Social authentique. À mon sens, le choix de ce nom n’est pas fortuit.

Nous pouvons conclure en ces termes : l’humanité se retrouve à la croisée de deux chemins, celui du Crédit Social authentique et celui du système de crédit social chinois, au carrefour de deux voies dont celle des dictatures et celle de la libération. L’humanité a le choix entre la résignation et la résistance. Nous avons l’espoir que l’homme, créé libre par le Bon Dieu, se déciderait de récupérer ses libertés volées en choisissant d’adopter le Crédit Social authentique avec, bien entendu, le secours du Ciel. Mais cela prend de bons apôtres du vrai Crédit Social. AVE MARIA ! DEBOUT POUR LE COMBAT !

Jean Bidobe LARE

Responsable de Vers Demain pour l’Afrique

Jean Bidobe LARE

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