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Le chef

Gilberte Côté-Mercier le jeudi, 15 juin 1944. Dans Réflexions

Notre Saint Père le pape vient de faire une allo­cution devant le Collège des cardinaux.

"Nos pensées, dit-il, jour et nuit, se penchent vers un seul but : comment pourrons-nous soutenir cette pénible épreuve d'aider tous sans distinction de nationalité ou de race, et comment pourrons-nous aider à ramener enfin la paix à l'humanité torturée ?"

Le Saint Père est un roi temporel, et un roi spi­rituel.

Il a des sujets qui sont corps et âme.

Notre Saint Père se fait le serviteur de ses su­jets. Sa grande préoccupation est de soulager ses sujets et de les ramener dans la paix.

* * *

Il y a sur terre d'autres rois temporels, dont les sujets sont corps et âme.

Ces rois ne sont pas rois de l'âme de leurs sujets, mais leurs sujets ont quand même une âme insé­parable de leur corps.

Où sont donc les rois de la terre qui peuvent dire comme le saint Père que leurs pensées, jour et nuit, se penchent vers un seul but : soulager les malheureux et ramener la paix ?

Non, ce n'est pas à cela que s'occupent nos chefs d'État. Toutes leurs pensées sont pour la guerre et la victoire ?

Ira-t-on dire que la guerre et la victoire sont la même chose que le soulagement des misères et la même chose que la paix ?

Ira-t-on dire que la guerre procure le soulage­ment ? Ira-t-on dire que la victoire donne la paix ?

On le dira peut-être, mais on ne le fera croire à personne, parce que les faits le démentent.

La guerre, c'est le carnage, et ça ne soulage pas.

La victoire, c'est le triomphe de la force, et ça ne crée pas la paix, mais la haine, source d'autres guerres.

Mais, où sont donc les chefs d'État d'aujourd'hui qui, comme le Saint Père, s'appliquent à soulager les corps et à redonner la paix ?

* * *

Et si, de ces chefs d'État, on n'en trouve point, est-ce à dire qu'il n'y ait plus de chefs d'État di­gnes de ce nom ?

Oh ! il y en a peut-être quelques-uns, comme Sa­lazar, Franco, De Valera... Mais, les chefs des grandes nations qui se bottent peuvent-ils se ren­dre le même témoignage d'être de vrais serviteurs de leur peuple, cherchant à soulager les masses et à leur donner la paix ?

Les chefs d'État seraient-ils tous prostitués, et usurperaient-ils tous le pouvoir ? Car, un pouvoir détourné de son but est un pouvoir prostitué comme toutes les choses détournées de leur but. Et un pou­voir prostitué est un pouvoir usurpé.

Nous offrons cette méditation aux chefs des na­tions...

Et si les chefs des nations n'y réfléchissent pas, nous invitons les nations elles-mêmes à y réfléchir.

Gilberte Côté-Mercier

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