Paul est fait pour être heureux. Il cherche sans cesse le bonheur, le bien qui comblera tous ses désirs, le bien suprême.
Il ne peut pas ne pas le chercher. Il n’est pas libre de ne pas le vouloir. Paul, comme tous les hommes, veut nécessairement le bien suprême.
Le bien suprême, c’est Dieu.
Un chemin qui mène à Dieu se présente à Paul. C’est le chemin du bien.
Un autre chemin, qui ne mène pas à Dieu, se présente aussi à Paul. C’est le chemin du mal.
Paul a le pouvoir de s’engager dans l’un ou l’autre des deux chemins. Paul est libre de choisir le bien ou le mal.
On dit que Paul possède le libre arbitre, la liberté de choix.
S’il choisit la voie du mal, Paul abuse de son pouvoir de choisir.
Lorsque Paul a choisi la voie du bien et s’y engage, son libre arbitre, sa liberté de choix cesse de s’exercer puisqu’il a fini de choisir. Il s’est décidé à prendre l’un plutôt que l’autre.
Mais on ne peut pas dire que Paul n’est plus libre. Il est plus libre qu’avant, mais d’une autre sorte de liberté. Par sa volonté, il s’est débarrassé du chemin du mal, il conduit lui-même toutes ses facultés selon sa propre volonté à lui. C’est lui-même qui se conduit vers le Bien qu’il veut. Il est indépendant de ses propres passions et des influences qui peuvent venir du dehors.
On dit que Paul est libre de la véritable liberté puisqu’il se mène lui-même vers son bonheur.
Sur la route du bien qui le conduit au bonheur, Paul rencontre à chaque instant une autre route qui l’éloignerait de son but. Si Paul continue à rester dans la voie du bien, il augmente sa vraie liberté puisqu’il est de plus en plus son propre maître qui se conduit lui-même à son bonheur, le Bien suprême qui est Dieu.
Paul sera parfaitement libre de la vraie liberté lorsqu’il en sera venu à se contrôler lui-même au point d’ignorer, pour ainsi dire, les voies du mal qui se présentent et de ne plus diriger aucune de ses énergies en dehors de la voie qui le mène au bonheur. Alors Paul sera un saint.
En effet, Paul voudra par sa volonté le Bien suprême. Et cette volonté, étant parfaitement libre, c’est-à-dire capable de dominer toutes les autres facultés de Paul, atteindra son objet, le Bien suprême.
Et Paul sera uni à Dieu, son bien suprême, parce qu’il le voudra d’une volonté parfaitement libre : union d’amour de l’âme encore attachée au corps.
Si Paul meurt dans cet état de sainteté, alors non seulement sa volonté sera unie à Dieu, mais son intelligence verra Dieu.
Et Paul sera confirmé dans sa volonté tendant vers le Bien suprême. Il voudra le Bien suprême à jamais d’une volonté parfaitement libre, et souveraine maîtresse de tout l’être, de l’élu tout entier en qui elle réside.
On ne peut pas dire que l’homme est libre dans la mesure où il agit suivant les caprices de ses passions.
La règle qui mesure la liberté de l’homme est la force de sa volonté droite.
1 fév 1940 p3 1940_02_No7_P_003.doc