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La tragédie de la liberté

Gilberte Côté-Mercier le mardi, 15 février 1944. Dans Réflexions

Vers la dictature

Il se joue actuellement dans le monde l'une des plus grandes tragédies de l'histoire. La tragédie de la liberté.

La dictature financière, qui nous dominait avant la guerre, fut suivie de la dictature militaire exi­gée par la guerre ; et cette dernière, à son tour, me­nace d'être suivie d'une dictature socialiste après la guerre.

Dictature veut dire contrôle du grand nombre par un petit nombre. Cela veut dire ordonnances, règlements, police, amendes, prison, chaînes de toutes sortes. Cela veut dire étranglement de la personne humaine.

Et le plus douloureux et le plus dangereux de la tragédie, c'est que bien des esprits se sont faits à l'idée que la dictature est nécessaire.

Ceux-là mêmes qui craignent le socialisme et le savent condamné par le pape, le plus grand défen­seur de la personne humaine, ceux-là mêmes ont peur de la liberté.

Perdu, le sens de la liberté

Regardons seulement autour, tout autour de nous, parmi ceux qui conviennent qu'une réforme est nécessaire et qui proposent leurs plans de re­construction d'après-guerre. Où sont-ils, ceux qui réclament la liberté ?

Ce après quoi ils crient tous, c'est du travail. Du travail pour tout le monde, clament-ils. Et ils veulent dire, non pas du travail libre, pour soi-même, mais du travail commandé, du travail pour le gouvernement quand ce ne peut pas être pour les trusts.

L'erreur la plus évidente de ces âmes bien in­tentionnées, c'est de crier après du travail, quand c'est en réalité de l'argent qu'ils veulent.

Mais il y a plus grave : nos réformateurs ont perdu le sens de la liberté, et par là, le respect de la personne humaine.

On a tellement crevé de faim avant la guerre, qu'on aime encore mieux manger avec le cou dans un carcan, que rester libre et mourir de faim. Com­me si le pain et la liberté n'étaient pas compati­bles. On oublie que la sécurité et la liberté sont toutes deux des biens estimables et même indis­pensables à notre vie.

Sans liberté, pas plus de vie vraiment humaine que sans pain.

Travail libre et travail forcé

Mais ce que ces réformateurs craignent surtout, c'est que si l'homme redevient libre, et surtout s'il peut vivre sans travailler dans un carcan attaché par un gouvernement ou par un financier, l'hom­me alors va cesser de produire. Et les biens dispa­raîtraient de la surface de la terre.

Comme si le travail libre n'était pas le plus pro­ductif !

Messieurs les pusillanimes, le travail libre est-il plus humain ou moins humain que le travail forcé ?

Vous ne savez pas ? Mais quelle différence y a-t-il entre un homme et une bête ? Un homme est une personne, et la bête n'est pas une personne. Et qu'est-ce qu'une personne ? Un être libre.

Libre, qu'est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire "capable de choisir des moyens d'action".

Conclusion : le travail libre est plus humain que le travail forcé.

Et si le travail libre est plus humain, il est par le fait même plus productif. On admettra bien, en effet, que l'homme est supérieur à la bête et à la machine. Par conséquent, l'activité de l'homme est supérieure à l'activité de la bête ou de la machine. Et le fruit du travail de l'homme va être supérieur au fruit du travail de la bête ou de la machine.

D'ailleurs, tout le monde sait que l'homme peut se servir des bêtes et des machines, tandis que les bêtes et les machines ne peuvent pas se servir des hommes.

Fécondité du travail libre

Encore une fois, plus un homme est libre, plus son travail est humain, parce que ce qui caractérise la personne humaine, c'est la liberté.

Travail libre, travail humain. Travail humain, travail plus productif.

Demandons-le à tous les inventeurs. S'ils avaient été forcés, par la nécessité ou les gouvernements de travailler pour d'autres, de recevoir des ordres d'autres, auraient-ils donné à l'humanité de si grandes richesses ?

Ou ils étaient suffisamment pourvus pour être affranchis du travail forcé ; ou ils préféraient se contenter du peu qu'ils avaient et, plutôt que chercher plus de richesses pour eux-mêmes, s'attacher seulement à leur science, à leur art, à leur amour de l'humanité.

L'idéal, voilà qui est productif. Il peut faire des miracles. Et c'est parce qu'il y eut dans l'histoire des hommes d'idéal que les nations ont pu s'enrichir de biens matériels et de biens spirituels.

Les esclaves de l'argent ou des tyrans n'ont jamais rien donné au monde. Que sort-il de l'Allemagne nazie ou de la Russie communiste, pour le reste de l'humanité, sauf des œuvres de mort et de destruction ?

C'est lorsque des esclaves se sont affranchis que le monde s'est enrichi.

Nous l'avons déjà fait remarquer : les créditistes de Nouvelle-France sont les seuls en Nouvelle-France à demander le dividende, de l'argent pour rien. Et ce sont ces mêmes créditistes qui travaillent le plus pour le bien commun, et gratuitement.

Liberté fertile

Ô liberté fertile, pourquoi n'es-tu pas aimée autant que tu le mérites ?

Tu es le propre de l'esprit. Les anges sont plus libres que l'homme. Et les anges sont en activité continuelle. Dieu est infiniment libre, et Dieu n'a jamais cessé d'agir.

Nous, les hommes, sommes les moins libres parmi les êtres libres, et l'on veut encore nous enlever ce peu que nous avons, sous prétexte de faire de nous des hommes meilleurs et plus actifs. Ce mensonge n'est-il pas, comme tous les autres mensonges, sorti de l'enfer ?

Créditistes, vous êtes les seuls en Nouvelle-France à réclamer la liberté. Réclamez-la de toutes vos forces. Criez, criez après le dividende, signe de votre liberté. L'homme moderne ne peut vivre sans argent ; pour que l'homme moderne soit libre, il faut que l'argent vienne sans chaînes. Le divi­dende est l'argent libre de chaînes.

Le dividende pour tous, c'est la sécurité et la liberté pour tous.

La liberté pour tous avec la sécurité pour tous, c'est la vie pour tous. La vie, la vraie vie d'hom­mes, celle qui nous fait nous-mêmes, celle que seul le Crédit Social peut garantir dans l'ordre économique et politique.

Gilberte Côté-Mercier

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