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La session provinciale

Louis Even le lundi, 01 avril 1940. Dans La politique

Le parlement de Québec compte déjà quelques semaines de session. En autant que nous avons pu nous tenir au courant des activités de la session, elles se résument, jugeons-nous, à chercher des consommateurs étrangers pour nos produits.

Agences à l’étranger, pour trouver des débouchés aux produits de notre province. C’est-à-dire, des consommateurs étrangers pour !es produits de la province de Québec.

Agence à Ottawa. Pour obtenir beaucoup de contrats de guerre à la province de Québec. C’est-à-dire, des produits de la province de Québec pour la consommation allemande.

Publicité intense et octrois aux organismes intéressés pour activer le tourisme. Pas les promenades de Canadiens à l’étranger mais la venue d’Américains et autres dans notre province. C’est-à-dire, des consommateurs étrangers pour les produits de la province de Québec.

Rappel du bill obligeant les compagnies qui veulent exploiter nos ressources naturelles à prendre une charte provinciale d’incorporation. C’est-à-dire, faciliter aux capitalistes étrangers l’exploitation, à leur profit, des richesses de la province de Québec.

Notre province est donc riche, très riche. C’est une immense table chargée de toutes sortes de bonnes choses, plusieurs très appétissantes. Mais les enfants de la maison n’y peuvent toucher, à moins que les étrangers prennent d’abord les meilleurs morceaux.

Ce n’est pas logique. On nous dira que c’est nécessaire. Avec les règlements existants, peut-être ; mais ne peut-on changer des règlements absurdes ?

Et il y a encore des porteurs de diplômes qui répètent que ce n’est pas l’argent qui manque mais la production. C’est pourtant le moyen d’obtenir, non pas des produits, mais de l’argent, que vise toute cette législation.

Mais, appartient-il à la province de changer les règlements d’argent ? Ne doit-elle pas plutôt se contenter de se débattre de son mieux, tout en restant camisolée par ceux qui, avec une charte fédérale, maintiennent l’argent rare ?

L’histoire canadienne aussi contemporaine que janvier 1940 prouve que, quand l’assemblée législative d’une province importante critique des mesures fédérales, il y a une réaction immédiate à Ottawa. De plus, il est possible d’établir un mécanisme provincial pour permettre aux gens de la province de se servir du crédit de la province pour accéder aux biens de la province, sans passer par la volonté et les conditions des banques.

Le mécanisme existe en Alberta. Ce ne serait pas plus difficile pour certain de nos ministres, intéressé à la question du chômage, d’aller se renseigner en Alberta que d’aller se renseigner au Mexique.

Lorsque la session provinciale sera finie, le sort de nos familles sera-t-il beaucoup plus gai ? L’avenir de nos jeunes sera-t-il moins incertain ? Ce ne sont toujours pas les sorties oratoires contre tel ou tel adversaire en Chambre qui rendront le pain plus facile, le logis plus humain. Il y aurait d’autres choses plus utiles à faire pour nos législateurs.

VERS DEMAIN 1 avril 1940 p2 ; 1940_04_No11_P_002.doc

Louis Even

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