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La misère noire au sein de l'abondance

le jeudi, 15 mai 1941. Dans En lisant les journaux

L’article suivant n’est pas signé. Mais il est extrait du Messager de Sherbrooke, édition du 28 avril 1940, page des Syndicats catholiques et nationaux. On sait que le Messager tient un peu lieu de Semaine Religieuse dans le diocèse de Sherbrooke.

Depuis une semaine nous avons eu l’occasion de causer privément avec quelque 250 chômeurs de notre ville. Ce défilé de misère avait quelque chose de navrant : voir des hommes physiquement aptes au travail, désireux d’employer leurs forces et toujours s’entendre répéter : "pas d’ouvrage" — est certes suffisant pour bouleverser la tête la mieux balancée. Notre pays est jeune, nos matières premières sont abondantes — et malgré cela, dans nos centres urbains : la pauvreté, la faim, la misère noire !

Ce n’est pas avec cinq, six ou sept piastres par semaine d’allocation de chômage que des familles peuvent vivre. Voilà un point que nos hommes publics, eux sur qui pèse la responsabilité de l’administration, ne comprennent pas assez. "Pour vivre d’une façon morale, il faut un minimum de bien-être" — est-il possible avec de telles allocations simplement de vivre ? Il y a encore tout le groupe de nécessiteux qui ne peuvent même pas obtenir, pour des raisons techniques, cette mince pitance. Pendant que l’on discute le bien fondé de leurs réclamations, la femme et les enfants souffrent du froid et de la faim, dans notre pays civilisé !

Depuis dix ans que cette misère se continue et aujourd’hui nous sommes exactement au même point qu’au tout premier jour de la crise. Nos chômeurs ne veulent pas de charité — c’est du travail qu’il leur faut. Leur pain, ils sont prêts à le gagner à la sueur de leur front. — Rien ne grouille : toujours cette même réponse : "Pas d’argent pour le chômage." Nos jeunes gens se perdent dans une oisiveté malsaine — ce ne sont pas quelques exceptions mais c’est la masse qui est sans travail : ces jeunes se découragent, ils voient les années passer : toujours rien !

Nos gouvernants ont leur large part de responsabilité de nous maintenir embourbés dans un pareil marasme ! C’est un problème d’envergure qu’il va falloir nécessairement attaquer de front et solutionner ; c’est précisément pour cela que nous choisissons des représentants à Québec et Ottawa ; nous nous efforçons de déléguer à la gouverne du Pays et de la Province des hommes sérieux, désireux de dépenser tout leur temps et leur énergie à solutionner ce problème... ! Dieu sait si ça prend du temps à la trouver cette réponse. Il ne s’agit pas pour eux de dire : nous voulons boucler notre budget avec tel surplus mais de voir d’abord si tous les citoyens ont quelque chose à manger, s’ils ont le nécessaire pour se vêtir ! La belle saison commence — dans toutes les villes et les municipalités de la Province, il faudrait entreprendre des travaux d’envergure rémunérés suivant une échelle de salaires convenables — ces travaux seraient un actif pour notre coin de pays et redonnerait à une partie de la population le désir de vivre...

Nous voulons croire que ce régime de misère tire à sa fin — mais cette agonie combien de temps durera-t-elle ? Le simulacre de démocratie dans laquelle nous vivons, nous permet encore de parler. Alors que nos chômeurs, ceux qui souffrent, dans tous les centres de notre Province et du Pays réclament du travail ! Peut-être que cette vague bruyante tirera nos gouvernants de leur torpeur et leur permettra de réaliser que quelque chose ne va pas !

15 mai 1940 page 7, 1940_05_No13_P_007.doc

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