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L'homme ou la piastre ?

le dimanche, 01 octobre 1944. Dans Réflexions

"L'homme ou la piastre ?" — Tel fut le sujet d'une conférence prononcée par M. Louis Even à Ville-Émard, le 20 septembre dernier. Conférence tellement profonde, qu'il convient de livrer à votre méditation, lecteurs de VERS DEMAIN, un peu des beautés qu'elle renferme.

Qu'y a-t-il de plus grand et de plus noble qu'un homme, sur la terre ? Rien. Car l'homme, avec son esprit, dépasse en valeur toutes les choses du mon­de. L'homme est le roi de la création.

Mais, l'homme est tout de même composé de chair et d'os. Il a des besoins à satisfaire tout le long de sa vie. L'empêcher de satisfaire ses be­soins, c'est le condamner à mourir. Aussi, Celui qui a fait toutes choses, et qui les a bien faites, a-t-il commencé par mettre sur la terre, avant mê­me de créer l'homme, tout ce qu'il faut, en sura­bondance pour combler ses besoins. Et Il lui a dit : Tous ces biens sont pour toi.

Et la piastre, elle, qu'est-ce au juste ? Rien, en soi, ou presque rien. Rien d'animal, de vivant ou de minéral capable de combler les besoins humains. C'est simplement le droit aux produits. C'est la chose la plus facile à faire, plus facile que le pa­pier, l'encre ou la plume qui servent à sa fabrica­tion.

L'argent est institué pour servir l'homme. La fonction de l'argent, c'est de faire les produits join­dre les besoins des hommes, rien de plus.

* * *

Pourquoi donc, alors, l'homme est-il toujours soumis à l'argent ? Mais oui, dans notre monde à l'envers, c'est l'argent qui est le maître.

Un homme endetté est-il incapable de payer sa dette ? Son créancier le traduit en "justice", et le fait mettre dans le chemin, même si son incapacité à payer ne résulte d'aucune faute de sa part. Il y a des lois pour protéger l'argent, mais point pour protéger l'homme.

Quand, en 1937, une délégation de chômeurs allèrent trouver le gouvernement d'Ottawa pour lui demander de l'ouvrage, le ministre des Finances du temps, M. Dunning, ne leur répondit-il pas qu'il compatissait bien à leur sort, mais qu'il ne pouvait rien faire, parce qu'il n'y avait pas d'argent ?

Et de ce temps-ci, n'est-ce pas la création d'un système monétaire international qui préoccupe le plus les méninges des façonneurs d'un ordre nou­veau ? C'est donc encore la piastre qui va mener le monde après la guerre ?

Pourquoi ? Mais pourquoi donc ?...

C'est très simple : parce que l'argent ne remplit pas sa fonction de serviteur. Ceux qui sabotent la piastre l'empêchent d'atteindre son but, qui est de faire les produits joindre les besoins.

C'est l'anarchie, le désordre complet dans le système d'argent. Pas un homme, pas une intelli­gence au monde, ne voit à régir la quantité d'ar­gent d'après les produits et d'après les besoins hu­mains qui sont en face, personne, pas même les gouvernements, qui devraient exister uniquement pour mettre de l'ordre dans la société.

Et parce qu'on refuse de mettre de l'ordre dans l'argent, on accepte un autre désordre, criminel ce­lui-là, qui brutalise l'homme en l'empêchant d'ac­complir dans la création sa fonction de maître, de roi. En effet, tous les programmes des partis politi­ques, tous les plans d'après-guerre, tous sans ex­ception, cherchent à régir l'homme, à l'enrégimenter, le contrôler, lui restreindre sa liberté ; aucun ne cherche à régir l'argent. Au contraire, on fait un silence de mort sur tout ce qui parle de réforme monétaire et surtout de Crédit Social.

L'homme foulé aux pieds, et la piastre portée aux nues !

Et on vient nous prêcher, ensuite, que l'homme ne doit pas se prosterner devant l'argent. Fort bien ! Mais quel est le moyen efficace d'empêcher l'hom­me de se prosterner devant la piastre, si ce n'est de prosterner la piastre devant l'homme ?

* * *

C'est justement ce que veut le Crédit Social. Un dividende à tous et à chacun, pour permettre aux surabondantes richesses de combler les besoins des hommes, sans faire de ceux-ci des esclaves ou des brutes.

Et c'est justement cet idéal d'ordre qui explique le dynamisme des créditistes et leur entêtement indomptable à vouloir mettre les choses à leur place.

Jean GRENIER

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