L'Union Créditiste des Électeurs réclame l'assurance du pain quotidien pour tous et chacun des membres de la société.
N'est-ce pas depuis que les hommes vivent en société, donc depuis toujours, qu'ils cherchent, dans l'association, un moyen plus facile de combler leurs besoins qu'en vivant isolément ?
Et n'est-ce pas depuis dix-neuf siècles que les chrétiens, instruits par le Fondateur du christianisme, demandent au Père céleste de leur DONNER le pain quotidien, et ils le demandent pour tous. Que tous prient ensemble, ou que chacun prie en particulier, c'est toujours :
Donnez-nous aujourd'hui NOTRE pain quotidien.
Réclamer l'assurance du pain quotidien pour chaque homme, femme et enfant du Canada, c'est réclamer l'accomplissement du plus élémentaire devoir de tout gouvernement temporel, chargé de voir à la prospérité commune de la société temporelle.
Et réclamer l'assurance du pain quotidien à tous et à chacun au Canada, c'est aussi réclamer la chose la plus facile à garantir, puisque le Canada déborde des choses qui nourrissent, des choses qui habillent, des choses qui logent, des choses qui embellissent la vie. Le Canada déborde tellement de toutes ces chose, que tous les partis politiques, les neufs comme les vieux, font un point essentiel de leur programme, de chercher sur tous les continents des places où envoyer ces produits.
L'Union Créditiste des Électeurs, elle, prétend que, si le Canada a tellement de biens disponibles, le premier point de tout programme politique qui n'est point lié par des formules contraires au bon sens, devrait être d'assurer à chaque famille canadienne, à chaque citoyen du Canada, à chaque membre de la société canadienne, au moins le minimum des choses nécessaires pour confirmer à chacun le droit naturel à la vie.
Nul n'a le droit d'abréger d'une seule journée, d'une seule heure, la vie du prochain, sous peine d'homicide. Si personne n'a le droit d'abréger ni sa propre vie, ni la vie d'une autre personne, comment tous les hommes, associés dans un régime civilisé, auraient-ils le droit de permettre des règlements qui abrègent la vie de milliers de citoyens, en les maintenant dans des privations anémiantes en face de montagnes de produits ?
Tout groupement politique qui ne place pas au premier point de son programme l'assurance du pain quotidien, la garantie d'un minimum vital à tous et à chacun tant que le pays possède les ressources pour y subvenir, ce groupement politique-là est marqué du signe de l'homicide.
Or, aucun parti politique n'a encore inscrit ce point-là dans son programme. Tous les partis politiques sont marqués du signe de l'homicide.
Les tombes canadiennes creusées avant le temps témoignent contre les affameurs d'humanité qui ont dévasté notre population, et contre les partis qui se sont succédé au pouvoir ou aspirent au pouvoir en respectant le régime des affameurs d'humanité.
Tous les partis politiques, à des degrés différents, inscrivent bien dans leur programme la promesse de chaînes, la promesse d'enrégimentation, l'embauchage intégral, soit par les compagnies soit par le gouvernement. Mais aucun n'inscrit dans son programme l'assurance du pain quotidien à tous et à chacun.
Ils veulent bien promettre d'assurer à l'homme un licou, une bride, une corvée. Est-ce pour cela que les hommes se sont associés ?
C'est justement parce qu'aucun parti politique, aucun des groupes qui aspirent à gouverner la province, n'a commencé à différencier entre une société humaine et un troupeau d'animaux, que l'Union Créditiste des Électeurs, que les lecteurs eux-mêmes s'organisent pour se débarrasser de pareils farceurs.
En économique, l'Union Créditiste des Électeurs soutient, en toute logique, que la production existe pour les consommateurs, et que la production canadienne existe avant tout pour les consommateurs canadiens, pour tous et chacun des consommateurs canadiens.
L'Union Créditiste des Électeurs croit que, si la production est là et que seule la distribution fait défaut, c'est logiquement à la distribution et non pas à la production qu'il faut s'en prendre.
Demander du travail, c'est s'en prendre à la production, puisque le travail existe pour fournir des produits. Travailler pour ne rien produire, ou pour empiler des produits sur des produits qui ne s'écoulent pas — cela ne peut convenir qu'à un asile d'aliénés. C'est pour cela sans doute que le système actuel ne fonctionne bien que dans un monde de folie collective, où l'on produit pour tuer et pour détruire, au lieu de produire pour répondre aux besoins des hommes.
Le travail est un instrument de production.
L'argent est un instrument de distribution.
Si c'est la distribution qui fait défaut, c'est l'instrument de distribution qu'il faut mettre en œuvre. C'est donc à l'argent, et non au travail, qu'il faut voir.
D'ailleurs, l'expérience est là, qui prouve que quand on a l'argent, le travail vient automatiquement, parce que les produits du travail s'écoulent. Mais quand l'argent n'est pas là, le travail arrête automatiquement, parce que les fruits du travail ne s'écoulent pas.
Or, il n'y a pas un parti politique, pas un seul, ni ancien, ni nouveau, qui ait encore songé à s'en prendre au système d'argent. Ils continuent à s'en prendre au travail, qui n'a jamais manqué de fournir les produits, et ils n'ont rien à dire au système d'argent qui n'a pas réussi à distribuer les produits avant que la tuerie et la destruction organisée se chargent d'en disposer.
Seule, l'Union Créditiste des Électeurs relie les causes et les effets. Seule, elle considère les réalités économiques, au lieu de se figer dans des formules pétrifiées et pétrifiantes.
Et en politique, c'est la même chose. Tout en parlant de démocratie, tout en plaçant une extrême importance sur le vote périodique, les partis politiques n'ont encore jamais eu la conception d'un peuple organisé pour commander les résultats à son gouvernement.
La formule coopérative, appelée démocratique par excellence, reconnaît ce principe : les coopérateurs dictent les résultats, et le gérant choisit les meilleures méthodes pour donner les résultats dictés par les coopérateurs.
Voilà justement ce que l'Union Créditiste des Électeurs travaille à introduire dans la vie politique. Mais pour cela, il faut des électeurs organisés, comme les coopérateurs le sont dans leurs associations spécifiées.
Pour l'Union Créditiste des Électeurs, c'est le peuple, préalablement renseigné et organisé, qui exprime sa volonté commune, la volonté qui répond aux besoins communs. Le député transmet cette volonté au gouvernement, et le gouvernement commande aux experts d'accomplir cette volonté.
Mais de même qu'il n'y a pas de coopérative possible sans l'éducation préalable des coopérateurs sur le sujet spécifique de la coopérative envisagée, de même aussi il n'y a pas de démocratie ainsi conçue possible sans une éducation préalable des électeurs sur ce qui relève de la vie politique.
C'est pourquoi tous les actes de l'Union Créditiste des Électeurs, à cette étape de notre avancement politique, sont des actes d'éducation, ou des actes destinés à obtenir de plus efficaces moyens d'éducation.
La campagne électorale de l'Union Créditiste des Électeurs, n'a pas fait exception. Elle est entrée, comme dans son cadre naturel, dans le grand programme d'éducation et d'organisation des électeurs.
C'est pourquoi les discours des orateurs créditistes étaient si différents des discours des partis politiques. C'est pourquoi les candidats de l'Union Créditiste des Électeurs portaient tous ce cachet spécial d'apôtres qui les différenciait tellement, de tous les autres candidats dans l'arène électorale.
Pour la première fois dans l'histoire de la province de Québec, la politique est devenue un apostolat. L'Union Créditiste des Électeurs fait des apôtres et leur confie une mission d'apostolat politique dans toute la Nouvelle-France. Quel parti politique peut en dire autant ?
La recherche du pouvoir est une chose, elle animait les activités électorales de tous les partis politiques. La recherche des moyens d'apostolat est une autre chose, elle animait les activités électorales de l'Union Créditiste des Électeurs.