J'habite une maison, mais je ne m'en occupe pas du tout. Qu'elle soit propre, qu'elle soit sale ; que les vitres de ses fenêtres brillent de netteté ou qu'elles soient en morceaux ; que les meubles soient en ordre ou que tout s'y entasse pêle-mêle — je n'y fais rien, je ne dis rien à ceux qui l'arrangent ou la dérangent.
Ai-je bien le droit, après cela, de me plaindre que les choses ne sont pas à mon goût dans la maison ?
Il faut, ou bien m'en occuper un peu, ou bien accepter ce que font ceux qui s'en occupent.
Il n'en va pas autrement dans le domaine social. Nous sommes tous en société, et nous aimerions que la société soit tellement bien organisée que tous ses membres trouvent relativement facile d'y poursuivre leurs fins particulières.
Mais combien de membres de la société s'occupent de la société ? Écoutez ceux qui se plaignent du gouvernement, des règlements ; des lois, des impôts, de la corruption politique, du désordre économique. Puis demandez-leur : Combien de minutes de votre temps donnez-vous chaque semaine à la chose sociale ? À la chose politique ? À l'étude de l'ordre économique ? Levez-vous bien souvent le petit doigt pour améliorer les conditions dont vous vous plaignez ?