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En Australie ou au Canada ?

le jeudi, 01 octobre 1942. Dans Réflexions

C'est à s'y méprendre, tellement la similitude de cas est parfaite. Nous voulons parler du discours prononcé à la radio par James Guthrie, à Hobart (Tasmanie), sur la question de la centralisation du pouvoir financier et des taxes.

Il n'y a qu'à remplacer le mot Commonwealth par Dominion, États par Provinces, Tasmanie par province de Québec, Canberra par Ottawa, et l'on aura un discours parfaitement adapté aux conditions canadiennes.

Le Social Crediter du 15 août en donne la substance, reproduite de The New Times d'Australie. En voici une bonne partie :

Centralisation

Au cours de votre vie, vous avez vu plusieurs changements s'opérer en ce pays. Avez-vous ou n'avez-vous pas remarqué que ces changements ont eu lieu plus ou moins dans la même direction générale — rendre la vie plus organisée, plus uniformisée ?

Nos organisations sont devenues de plus en plus grosses et de plus en plus puissantes : Compagnies d'assurances, banques privées, brasseries, journaux, bureaux de perception d'impôts, unions ouvrières, partis politiques, etc. Tout a grossi, tout est devenu puissant ; et ces organisations ont acquis leur taille et leur puissance en avalant ou détruisant graduellement les organisations plus petites.

On découvre aussi que ces organisations sont entrelacées les unes avec les autres ; vous ne pouvez en attaquer une sans attaquer le tas. Il existe entre elle un lien d'union impressionnant.

Ce lien d'union existe entre les têtes seulement des organisations ; les membres n'ont rien à voir qu'à payer les frais. Mais les organisations modernes étant des affaires très compliquées, il est difficile d'en déloger les officiers permanents. Le changement exigerait une telle dépense d'argent et d'énergie que l'homme ordinaire, sortant du collège avec un idéal, ne se reconnaît ni l'outillage ni le désir voulus pour entreprendre une telle besogne.

La soif du pouvoir

Les hommes au pouvoir sont au pouvoir parce qu'ils ont voulu tenir en main le pouvoir. Et jamais, en aucune circonstance, les hommes au pouvoir ne désirent une diminution dans l'étendue de leur pouvoir ; au contraire, l'expérience nous démontre qu'ils désirent toujours ajouter à leur pouvoir.

De plus, et j'insiste là-dessus, il n'est pas un homme au pouvoir, aujourd'hui, en aucun pays du monde, qui ne désire accroître l'organisation centrale qu'il dirige, aux dépens de toute autre organisation.

J'irai plus loin encore et j'avancerai que nul homme, si plein de talents soit-il, n'a la moindre possibilité d'atteindre aux sièges du pouvoir s'il n'adhère pas strictement à la politique de centralisation du pouvoir dans les mains de quelques hommes...

Nul homme ne devrait avoir de pouvoir absolu sur un million, ni sur cent, pas même sur un seul autre homme. Là où existe une communauté véritablement démocratique, formée d'organisations volontaires, le pouvoir pour un homme de persécuter les autres n'existe pas...

Le travail enrégimenté n'est jamais satisfaisant ; il n'est jamais efficace et ne peut être à hauteur du travail volontaire. Il n'est toléré que dans les cas où ce n'est pas le résultat qui compte, où la corruption et l'inefficacité n'ont pas d'importance.

Prix et taxes

Le premier-ministre d'Australie dit que s'il assurait des prix profitables aux fermiers, ils inonderaient le pays de leurs produits. Voilà qui s'appelle sortir le chat du sac. Qu'est-ce qui décourage la production agricole ?

Les méthodes de taxation employées en Australie comme en Angleterre sont modelées dans un but — décourager l'effort humain. Plus un homme travaille, plus il a de taxes à payer.

Si le gouvernement du Commonwealth avait absolument besoin de notre argent pour payer les dépenses de guerre, nous n'aurions qu'à faire la grimace et subir. Mais le gouvernement du Commonwealth peut créer tout l'argent nécessaire lorsqu'il en manque. Alors pourquoi des taxes exacerbantes ?

Actuellement, toute l'industrie est alimentée de crédit créé par les banques privées ; les banques créent de rien les moyens de paiement par la monnaie de chèques. Le gouvernement du Commonwealth paie des intérêts sur cette monnaie fictive qui, d'après les termes de la Constitution australienne, est de la monnaie illégale ; et pour payer ces intérêts, le gouvernement taxe le peuple australien de plus en plus lourdement chaque année.

Il est impossible de contester le fait que le gouvernement du Commonwealth peut créer tout l'argent nécessaire pour payer la guerre actuelle sans taxer le peuple d'un seul sou.

Le gouvernement n'a donc rien à craindre en fait de manque d'argent.

Il est incontestable aussi que le gouvernement peut empêcher toute augmentation de prix non justifiables, s'ils le désire. D'ailleurs, la plupart des augmentations de prix sont causées par les taxes indirectes imposées par le gouvernement du Commonwealth.

Par exemple, un petit paquet de cigarettes coûte 16 sous. La taxe perçue par le gouvernement est de 11 sous ; le détaillant fait 2 sous de profit ; le grossiste, le manufacturier et le planteur de tabac ensemble ont les 3 sous qui restent. Eh bien, M. Curtin (le premier-ministre) et le professeur Copland nous disent qu'ils vont voir de très près à ces 3 sous. C'est aux 11 sous qu'il importe de voir de très près.

Le gouvernement du Commonwealth va maintenant essayer de chasser les gouvernements provinciaux du champ de l'impôt. Ce qui n'empêche pas les États (provinces) d'avoir à solder les frais d'éducation des enfants, d'hôpitaux, de voirie, de ponts, de chômage, d'intérêt sur les monuments publics.

Pourquoi le gouvernement central veut-il percevoir toutes les taxes ? Pour les diminuer ? Jamais. Il veut les augmenter. Il veut uniformiser les taxes de toute l'Australie. Pourquoi ? Pour les placer au niveau de la province où elles sont les plus élevées.

Cette raison n'est pas soutenable. D'abord, le gouvernement central ne manque pas d'argent. Puis, les gouvernements provinciaux sont bien plus capables de voir à leurs propres affaires que quelques hommes siégeant à Canberra. D'ailleurs, chaque province a ses conditions particulières. Il n'existe pas de similitude entre l'Australie Occidentale, le Queensland et la Tasmanie : pas besoin d'uniformité.

Lorsque les divers états se sont fédérés sous le nom de Commonwealth d'Australie, en 1901, les promoteurs dirent au peuple que le coût de la fédération ne serait pas plus élevé que le coût d'une licence de chien. Or, depuis la Fédération, le peuple a payé plus que le montant des dettes, et pourtant la dette, au lieu de disparaître, augmente chaque année.

En 1914, les taxes étaient d'une vingtaine de dollars par tête. En 1920, elles avaient plus que doublé et atteignaient une cinquantaine de dollars par tête. Pendant la crise, elles augmentèrent encore. En 1939, nous payions environ $75 par tête. Aujourd'hui, les taxes sont au double de 1939, et elles vont grimper encore.

On veut nous faire croire qu'un système uniformisé de taxation, opérant de Canberra, économiserait un million de livres sterling par année ainsi que le travail de 1,000 fonctionnaires. Je n'en crois rien. Je suis d'avis que, si l'on institue un système d'uniformisation de l'impôt, non seulement le gouvernement n'économisera rien, mais il y aura plus d'employés dans les bureaux de perception qu'il y en a aujourd'hui.

Le gouvernement fédéral en a plus sur les mains qu'il en peut faire actuellement. Lui en confier davantage équivaut à donner à un homme une plus grosse fonction parce qu'il n'aurait pas pu s'acquitter d'une petite.

La démocratie, loin ou près du peuple ?

Le principal devoir du gouvernement fédéral est de voir à la guerre et de coordonner les activités des gouvernements provinciaux. Le principal devoir d'un gouvernement provincial est de coordonner les activités des administrations municipales. Le principal devoir d'une administration municipale est de coordonner les activités et favoriser les bonnes relations mutuelles des individus qui composent la petite collectivité.

La petite collectivité est la seule qui ait des chances d'être vraiment démocratique. Personnellement, je ne crois pas qu'il soit possible d'avoir un grand État démocratique. Bien des penseurs politiques affirment que la base d'un gouvernement démocratique, c'est le gouvernement municipal.

Plus le siège du gouvernement est loin du peuple, moins le peuple a de chance d'avoir un gouvernement efficace. Toute personne qui suggère que l'Australie doit être conduite par un seul gouvernement siégeant à Canberra est un bébé en politique.

La place pour gouverner la Tasmanie, c'est en Tasmanie même, et par des Tasmaniens. Nous pouvons bien n'avoir pas beaucoup de contrôle même sur un gouvernement tasmanien ; mais quel contrôle les Tasmaniens peuvent-ils avoir sur une autorité taxante résidant à Canberra ?

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