Voici une famille. C'est une société.
Son premier problème est un problème économique. Pour qu'elle vive, cette société, dans le monde moderne, il faut qu'elle reçoive de l'argent, et qu'elle en échange contre des biens.
L'argent peut rentrer dans la maison par le salaire du père et être échangé contre des biens par les calculs de la mère. Voilà une méthode entre d'autres méthodes.
Cette méthode de faire entrer l'argent et les choses dans la famille, s'appelle l'ordre économique de la famille.
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Ainsi en est-il dans la grande association de tous les citoyens d'un même pays, association qui constitue la société civile ou l'État.
Le premier problème de cette société est un problème économique. Pour que cette société vive, il faut que de l'argent y vienne au monde, et que cet argent serve à y faire circuler les biens.
L'argent peut venir au monde par le prêt du banquier et servir à transporter les choses des producteurs aux consommateurs.
Cette méthode de faire naître l'argent et de s'en servir pour les échanges s'appelle l'ordre économique de l'État.
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Toute société, quelle qu'elle soit, petite ou grande, doit résoudre ce problème économique avant tout autre problème. C'est une question de vie ou de mort pour elle.
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Une fois que la société a résolu ce problème préliminaire, il lui reste à définir la méthode avec laquelle elle atteindra sa fin.
La fin, l'objectif de la famille, est la formation d'hommes.
Pour former des hommes, la famille doit adopter une certaine méthode d'éducation. Cette méthode est l'ordre politique de la famille, ou plus simplement la politique que suit la famille dans la poursuite de sa fin.
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De même pour la société civile.
Son objectif est le bien commun de l'État.
La méthode qu'un État prend pour atteindre le bien commun est ce qu'on appelle la politique de cet État.
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Il y a donc une différence entre se mêler d'économique et se mêler de politique.
Les banquiers font de l'économique dans l'État lorsqu'ils mesurent l'argent et les produits. Les banquiers font de la politique lorsqu'ils commandent les lois pour l'administration civile.
Les syndicats font de l'économique lorsqu'ils règlent les salaires entre patrons et ouvriers, directement. Ils font de la politique lorsqu'ils présentent des pétitions au gouvernement. On ne peut donc pas dire que les syndicats sont des associations exclusivement économiques.
Un cultivateur qui récolte et vend, fait de l'économique. Le même cultivateur qui vote fait de la politique.
Les créditistes qui préconisent une coopérative d'argent, font de l'économique. Les créditistes qui réclameront des gouvernements le droit de réaliser leur coopérative, feront de la politique.
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On sait qu'aucune société ne peut vivre sans argent. Il est donc impossible à quiconque veut travailler à une réforme de la société civile de ne pas travailler dans le domaine économique. Voilà pourquoi les créditistes parlent tant d'argent.
Lorsque quelqu'un veut changer un désordre maintenu ou favorisé par les gouvernements, il lui est impossible de ne pas faire de la politique. Voilà pourquoi les créditistes dénoncent nos gouvernements, valets des banquiers, et réclament des députés intelligents et libres.
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On comprend que la politique soit supérieure à l'économique, puisqu'elle dirige l'État vers sa fin, tandis que l'économique facilite seulement l'exécution de la politique. Cela n'empêche pas l'économique de venir avant la politique, dans l'ordre du temps.
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Conclusion : pour régler le problème de notre société civile, commençons par le commencement, l'économique, et allons jusqu'au plus important, la politique.
C'est pourquoi, notre Institut s'appelle INSTITUT D'ACTION POLITIQUE.
Et cette manière de faire de la politique ne saurait être mal jugée, puisque ce n'est pas faire de la politique souillée de parti, mais tenter de faire de la politique purifiée en vue du bien commun, selon les définitions qu'en donne saint Thomas d'Aquin.