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Économie bureaucratisée

le jeudi, 15 octobre 1942. Dans Réflexions

Des familles de Dolbeau veulent se chauffer. Des cultivateurs de Ste-Elisabeth de Proulx ont du bois à vendre.

La chose à faire, c'est certainement d'amener le bois de Ste-Elisabeth aux consommateurs de Dolbeau.

Ce bois-là ne se porte pas à bras : la distance est trop grande. Le camionneur demande $1.25 la corde pour une charge de dix cordes. Il se contenterait de $1.00 la corde s'il n'avait que ses frais normaux de transport. Mais il y a une rivière à traverser, un traversier à payer, du temps à perdre pour attendre le traversier qui parfois vient justement de partir lorsque le camion arrive.

Il y avait un pont sur la rivière. Mais le pont a brûlé cet été. Et le gouvernement de Québec est plus pressé de construire des boulevards pour les promeneurs américains que des ponts pour les cultivateurs de la province.

Il faut donc $1.25 pour le transport de chaque corde de bois qui vient à Dolbeau. Or le gouvernement fédéral a fixé un plafond au prix que peut payer le consommateur. Muni de beaucoup d'argent ou non, l'acheteur de Dolbeau n'a pas le droit de payer plus de $2.35 la corde 16 pouces de bois mou. Le camionneur garde $1.25, il reste $1.10 pour le cultivateur de Ste-Elisabeth.

Le cultivateur de Ste-Elisabeth refuse, avec raison, de laisser son bois partir pour $1.10 la corde. Quel député, quel ministre, quel contrôleur des prix consentirait à abattre et débiter une corde de bois mou pour $1.10 ?

Les familles de Dolbeau ne se chaufferont pas, à moins de défoncer le plafond du gouvernement. Les bureaucrates du gouvernement fixent un prix, et le prix est le même, que le bois doive venir de deux arpents ou qu'il doive venir de 100 milles. Le prix est le même, qu'il y ait une route d'asphalte pour apporter le bois, ou qu'il faille cahoter sur un chemin carié et traverser une rivière sans pont.

C'est cela l'économie dirigée, dirigée par des imbéciles, que d'autres imbéciles désirent voir continuer après la guerre.

Mais ça occupe du monde. Ça occupe au moins un employé de la commission et sa secrétaire à Dolbeau, même s'ils ne sont pas capables de fournir un renseignement :

— Quel est le plafond pour le bois d'épinette, monsieur ?

— Quel est le plafond pour le bois d'épinette, monsieur ?

— Quel est le plafond pour le bois d'épinette, monsieur ?

— Je ne sais pas, je n'ai pas le renseignement ici.

— Quel est le plafond pour les patates, monsieur ?

— Je ne sais pas, mais j'espère savoir une autre fois.

— Quel est le plafond pour le bois de bouleau, monsieur ?

— $3.75 la corde de 16 pouces de vieux bouleau, séché ; $3.35 vert. Le bouleau de taillis, $3.35 sec et $3.00 vert.

— Voulez-vous me passer le renseignement consigné par écrit, monsieur ?

— Si vous le voulez, prenez la peine de l'écrire vous-même, je n'ai pas de formule.

Bureaucratie intelligente qu'on nous impose, au nom des exigences sacrées de la guerre.

Dix ans de crise : pas d'argent pour payer —jeûnez et gelez.

Trois ans de guerre ; l'argent est là : défense de payer — jeûnez et gelez.

Et le cultivateur ? Il lui a fallu donner ses produits ou cesser d'en faire, pendant dix ans, parce qu'il n'y avait pas d'argent pour les acheter ; il lui faut maintenant donner ses produits ou cesser d'en faire, parce qu'il a des poils-aux-mains pour gendarmer son commerce.

Est-ce l'ordre nouveau des centralisateurs francs-maçons qui se bâtit ?

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