Nous recevons la lettre suivante :
St-René (Beauce), 7 juin 1943.
Cher Monsieur,
Je suis un cultivateur demeurant dans une paroisse de colonisation : St-René, Beauce, et ma terre est patentée.
Mais je trouve singulier que mes voisins reçoivent des grains de semence, comme celui qui est voisin de moi, dont la terre est patentée comme la mienne, et qui a reçu 60 livres de grains de semence, plus 2 poches de patates et une poche d'avoine, alors que moi, son voisin, je n'ai rien reçu.
Comment mettre en pratique les conseils du gouvernement, qui nous dit de semer, de ne pas laisser un pouce carré de terrain non ensemencé, alors qu'il nous faut payer les patates de semence $5.00 la poche, et le reste à des prix assez élevés, en dépit de tous les plafonds ?
Mon voisin aurait-il reçu son dividende social du gouvernement par l'intermédiaire de M. Garon, officier du ministère de la Colonisation ? Est-ce seulement les amis ou les favoris du gouvernement qui reçoivent quelque chose ? Cette espèce de dividende social ne serait pas pour tout le monde, mais seulement pour quelques-uns, ce qui n'est pas juste.
De plus, il y a deux ans, j'ai demandé les services du bulldozer (essoucheuse) du gouvernement, pendant qu'il était sur les lieux, offrant de payer le prix convenu de $5.00 l'acre, et on m'a refusé parce que ma terre est patentée. Faudrait-il faire "dépatenter" nos terres pour pouvoir jouir des services de la machine ?
J'attends avec impatience le jour où le Crédit Social sera en vigueur pour nous permettre de mettre la machine au service de l'homme, et non l'homme au service de la machine au profit de ceux qui contrôlent l'argent, comme c'est le cas actuel.
Espérant que vous publierez pour l'édification de ceux qui sont aveuglément serviteurs du système actuel par ignorance ou par intérêt, je demeure,
Votre tout dévoué,
Lauradin RODRIGUE