Il n'y a pas rien qu'une question d'élection à envisager dans l'organisation municipale de l'Union des Électeurs.
Le conseil municipal est la partie de l'appareil démocratique la plus proche des électeurs ; il faut qu'ils apprennent à s'en servir.
Le conseil est la voix de la corporation municipale. La corporation municipale, c'est l'ensemble des personnes habitant la même municipalité, se connaissant généralement bien les unes les autres, aux prises avec les mêmes problèmes, allant ordinairement à la même église.
On se plaint partout d'injustices, de privilèges aux uns, de persécutions contre les autres. Ce sont de braves citoyens, victimes de mouchards ; ce sont des fils de cultivateurs auxquels on refuse des sursis militaires pendant qu'on les accorde facilement à d'autres ; ce sont des exploités d'usuriers, des familles dont les deuils ou les malchances servent d'occasions de rafle à des hommes de proie. Qui est-ce qui va appuyer ces isolés dans leurs réclamations, dans leur demande de protection ? Qui est-ce qui va les aider, quand le député est si loin et si indifférent, quand la bureaucratie est si lente et si compliquée ?
Pourquoi la grande famille municipale, la corporation, ne ferait-elle pas entendre sa voix autorisée, par l'intermédiaire de son conseil ? Pourquoi n'apporterait-elle pas le poids de son intervention pour atténuer tant de cas qui assombrissent la vie de familles laissées à elles-mêmes ?
Ce n'est pas du ressort municipal, vont dire ceux pour qui les textes comptent plus que les hommes. Mais, les corporations animées de l'idéal humain des créditistes, sauront réclamer et forcer les gouvernements supérieurs, soit à s'incliner, soit à se presser un peu, soit à mettre entre les mains d'organismes locaux plus de moyens pour régler localement et rapidement des cas dont la prolongation constitue une véritable barbarie.
Même s'ils ne sont pas dans les conseils municipaux, les créditistes vont s'habituer à entrer dans les salles municipales, pour assister aux délibération de leurs conseils et influencer des décisions ou des motions pour le bien commun.
La relation ci-contre, "Les créditistes sont là", montre qu'à Granby, l'Union des Électeurs est entrée dans cette voie. Lorsque les citoyens, en grand nombre, auront pris cette habitude dans les quelque 1,300 municipalités de la province, le peuple sera sorti de son enfance et la politique à tous les degrés deviendra un service au lieu d'une exploitation.