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Démocratie et centralisation

le vendredi, 15 décembre 1944. Dans La politique

Par Walter F. Kuhl, député créditiste à la Chambre des Communes, Ottawa, le 3 juillet 1944 :

"Nous nous battons pour la démocratie" est une expression si ressassée, qu'il serait temps, à cette époque de notre histoire et à ce stade de la guerre, de définir ce que comporte ce mot de "dé­mocratie".

J'ai écouté des discours, lu des éditoriaux, des articles, des plaquettes, des tracts et des livres, et je suis d'avis que, de l'anarchie à la dictature ab­solue, tout est propagé au nom de la démocratie.

Appeler démocratie une philosophie n'en fait pas plus une démocratie qu'on ne fait du putois un chat en lui donnant ce nom. Il est grand temps d'indiquer en quoi consiste la démocratie.

Une des caractéristiques essentielles de la dé­mocratie, c'est la décentralisation du pouvoir et de l'autorité. Vu que la dictature suppose la cen­tralisation du pouvoir et de l'autorité, inverse­ment la démocratie doit en comporter la décen­tralisation.

Il doit sauter aux yeux de tous que nous som­mes témoins, à cette époque, non seulement au Canada mais dans le monde entier, d'une tendan­ce à une centralisation de plus en plus marquée. Il semble que nous ne trouvons jamais nos orga­nismes assez vastes. Au lieu d'organismes où une couple de pays s'associent, la plupart des gens parlent maintenant d'organismes mondiaux.

Voilà à mon point de vue une tendance très dangereuse, qui pourrait fort bien aboutir à la dictature.

Le Fédéral détient assez de pouvoirs

On nous dit, dans cette Chambre et à travers le pays, que pour que le gouvernement fédéral puisse résoudre efficacement des problèmes na­tionaux urgents, les provinces doivent de plus en plus abandonner leurs pouvoirs. C'est là un argu­ment entendu fréquemment en cette Chambre et ailleurs.

Selon moi, il est tout à fait faux de prétendre que, sous l'empire de l'Acte de l'Amérique Britan­nique du Nord, le gouvernement fédéral n'a pas déjà assez de pouvoirs pour s'acquitter de ses obligations.

En vertu de cet Acte, le gouvernement fédéral possède entière juridiction sur toutes les ques­tions qui ont trait aux banques et aux opérations bancaires, ainsi que sur toutes les questions rela­tives à la monnaie. Or, la maîtrise des questions monétaires est une maîtrise absolue.

Il n'y a pas longtemps, nous avons eu une dis­cussion sur les pensions de vieillesse. On a dit que nous n'aurions jamais un système uniforme de pensions de vieillesse tant que cette question ne relèverait pas entièrement du gouvernement fédé­ral. Je ne partage pas du tout cet avis, ni d'autres qu'on a exposés.

Si le gouvernement fédéral exerçait le pouvoir qu'il détient de par l'Acte de l'Amérique Britan­nique du Nord, il pourrait émettre la monnaie nécessaire pour répondre aux besoins des provin­ces et des municipalités. Voilà à mon sens l'une des responsabilités principales du gouvernement central.

Si le gouvernement fédéral voyait à ce que les provinces et les municipalités aient toujours suf­fisamment d'argent pour rendre financièrement possible ce qui l'est physiquement, ces débats sur la question de compétence n'auraient pas leur raison d'être.

L'attitude du gouvernement fait penser à l'at­titude du chien du jardinier. Ce chien ne mange pas de choux, mais il monte la garde pour que personne ne puisse en manger.

(Débats 1944, éd. franç., p. 474e.)

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