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Confiance et soucis

le jeudi, 01 juin 1944. Dans Réflexions

Vous est-il déjà arrivé de rencontrer un homme inquiet pour l'avenir? Sans doute. Les hommes sûrs de leur avenir, sûrs d'avoir toute leur vie ce dont ils ont besoin pour eux et leur famille, ces hommes-là, ce sont les hommes rares. La grande majorité n'a aucune assurance du nécessaire pour les années à venir.
Eh bien, parlons à une personne quelconque par­mi cette grande majorité, et tâchons de voir ce qui lui cause des soucis:
—   Monsieur, seriez-vous content si vous aviez l'assurance que ni vous ni votre femme, ni vos en­fants, ne manquerez jamais du nécessaire? Sans vous promettre beaucoup de confort, si on vous assurait du nécessaire pour toujours, seriez-vous heureux?
—   Ah! ce serait pour moi un immense soulage­ment. J'aurais l'esprit beaucoup plus libre. Je tra­vaillerais autant, peut-être mieux; mais au moins je serais débarrassé d'un grand souci.
— Et que faut-il quand on a faim?
— De la nourriture.
— Quand on a froid?
— De bons habits, un bon logement, du bois de. chauffage.
— Eh bien, monsieur, avez-vous peur que le Ca­nada ne puisse produire assez de blé pour faire du pain dans dix ou vingt ans d'ici?
— Je n'ai jamais eu peur de cela.
— Avez-vous confiance dans l'agriculture cana­dienne pour continuer à fournir du lait, du beurre, du fromage, de la viande, des oeufs, autant que les Canadiens en ont besoin?
— Certainement. Je crois même que les agricul­teurs font tellement de toutes ces choses qu'ils sont plutôt embarrassés pour savoir où les envoyer.
— Avez-vous confiance dans l'habileté de l'ou­vrier canadien, dans l'initiative de l'entreprise ca­nadienne?
— Oui, confiance absolue.
— Les hommes auront-ils encore du bois pour construire, et sauront-ils encore comment bâtir dans dix, quinze ou vingt ans d'ici?
— Autant qu'aujourd'hui, sinon plus, parce qu'ils apprennent à faire des choses nouvelles, à utiliser des matériaux nouveaux.
— Alors, vous avez confiance en l'avenir, con­fiance en la production constante de bonnes choses au Canada?
— Confiance absolue, toujours.
— Craignez-vous que les Canadiens deviennent paresseux, qu'ils cessent de produire?
— Pas le moins du monde. Je connais ceux de mon pays et ils ne sont pas hommes à traîner les bras ballants. En temps de chômage forcé, ils font la queue aux portes des bureaux d'emploi pour avoir de l'ouvrage.
— Croyez-vous que les magasins seront vides, que personne ne voudra plus servir au comptoir dans quelques années d'ici?
— Pas du tout. Les marchands seront aussi em­pressés de vendre et aussi capables de se réappro­visionner.
— Alors, monsieur, qu'est-ce qui vous donne des soucis pour l'avenir?
—Ah! mais, c'est que je ne sais pas si j'aurai l'ar­gent nécessaire pour acheter de toutes ces choses-là. J'ai confiance dans le pays, dans la production du pays. Mais si je n'ai pas l'argent?
— Alors, vous n'avez pas autant confiance dans le système d'argent du pays? Si la production est abondante, est-ce que l'argent pour acheter la pro­duction ne doit pas être aussi abondant? S'il y a de la production pour les besoins de tout le monde, et de reste, est-ce qu'il n'y aura pas de l'argent chez tout le monde pour prendre la production qui ré­pond aux besoins?
— Rien ne m'assure de cela, monsieur.
— Mais qu'est-ce qui est le plus facile à faire, des champs, des maisons, des machines, ou bien des chiffres sur un morceau de papier?                                                                                          
— Les champs, les maisons, les choses sont plus difficiles à faire; mais il y a du monde pour les fai­re et qui ne demande pas mieux que d'en produire en abondance. Mais l'argent, les chiffres sur des morceaux de papier? C'est facile à faire, oui, mais il n'y a personne qui ait le droit d'en faire.
— Personne?
— Non, à moins que ce soit le gouvernement.
— Et est-ce que le gouvernement n'est pas là pour voir à ce que personne ne manque du néces­saire quand les choses abondent? Donc est-ce qu'il n'est pas là pour faire faire des chiffres sur des morceaux de papier, selon la production offerte et selon les besoins qui demandent cette production?
— Oui, mais il n'en fait rien.
— Qu'est-ce qu'il faut donc, monsieur, pour ban­nir les soucis chez vous et chez tant d'autres per­sonnes comme vous et moi? Que-faut-il faire? Des plans de production, ou bien mettre l'argent au pas de la production?
— Mettre l'argent au pas de la production, et le mettre en face de la production: cela réglerait tout et changerait le visage de la vie.
— Eh bien, monsieur, c'est justement cela que veut faire le Crédit Social. Pas des plans pour me­ner le monde; mais une simple comptabilité pour régler l'argent et le mettre au service de tous et de chacun.

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