Dépêche de la Canadian Press, datée de Londres, 18 novembre :
"Travaillant en bras de chemises, plusieurs directeurs et hauts employés de la Banque d'Angleterre comptaient, assortissaient et attachaient des paquets de billets de banque, en plein coeur de nuit, dans un entrepôt secret de la Banque.
"Cette occupation inusitée était due à la nécessité de garder le secret sur l'opération. La monnaie comptée était de la monnaie algérienne, émise par les autorités de la 1ère Armée Britannique de l'Afrique du Nord, imprimée en Angleterre, transmise à la Banque pour enregistrement et aujourd'hui en circulation en Afrique occupée."
Combien d'or derrière cette monnaie faite à bride abattue?
A-t-on mis la même célérité à faire l'argent nécessaire, lorsque c'était la faim, au lieu des canons, qui couchait et faisait mourir des familles entières de 1930 à 1940?
N'y avait-il pas, en ce temps-là aussi, des endroits secrets dans l'édiffce sans fenêtre de la Banque d'Angleterre? N'y avait-il pas en ce temps-là aussi, non seulement en Angleterre, mais au Canada et ailleurs, des hommes capables de retrousser leurs manches en pleine nuit, capables de compter, assortir et mettre en paquets des billets de banque pour permettre aux gens d'acheter la production de leur pays?
On aimait mieux, en ces années de paix et d'abondance, payer des hommes pour jeter la production à la mer, dans le feu ou aux égoûts et pour garder la terre canadienne en jachère.
Et ce sont les mêmes grands hommes, les mêmes politiciens de carrière qui président aux deux manières d'agir! Tous les fous ne sont pas internés, ni tous les criminels coffrés.