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Au pays de l'or

Gilberte Côté-Mercier le mardi, 15 septembre 1942. Dans Réflexions

Un touriste, de passage à Rouyn, nous faisait remarquer qu'au pays de l'or, chose étrange, disait-il, on ne parle que de Crédit Social".

Chose étrange qu'on ne parle que de Crédit Social au pays de l'or ? Pourquoi ? Pourquoi étrange ? Chose normale au contraire. Au pays de l'or, on sait apprécier l'or à sa juste valeur de pas grand'chose. On sait que l'or ne nourrit pas les estomacs„ n'habille pas les corps et ne loge pas les familles. Au pays de l'or, on comprend qu'il est absurde de passer ses journées dans des trous à déterrer de l'or qui ne servira qu'à faire accroire aux badauds et aux universitaires qu'il faut absolument de l'or pour garantir une monnaie saine.

Au pays de l'or, on est mineur, c'est-à-dire misérable.

Aller tous les matins ou tous les soirs sous terre, s'enfoncer dans les ténèbres et la poussière, s'exposer à être asphyxié ou écrasé à toutes heures du jour, pendant que le reste du monde respire sous le soleil du bon Dieu, cela, est-ce que c'est d'un homme ou d'une bête fauve ?

Vivre de cette vie d'esclave, en temps de paix comme en temps de guerre, le faire pour l'amour d'une idéologie menteuse et d'exploiteurs cyniques, est-ce digne d'une civilisation chrétienne comme celle que prétendent défendre nos démocraties ?

Un homme qui recherche l'or pour lui-même, au mépris de la personne humaine qu'il est, commet un péché. Que dire du péché de celui qui fait chercher l'or par les autres, et prend en même temps que son profit toutes les jouissances que lui procure une vie de luxe ? Satan lui-même n'aurait pas inventé mieux.

A-t-on le droit d'organiser ainsi à des générations entières des existences inutiles et nuisibles à la fois ? A-t-on le droit d'user les forces physiques des hommes les plus forts d'une nation pour cette idôlatrie du veau juif ? A-t-on même le droit de se laisser faire ? A-t-on le droit de tolérer ? A-t-on le droit de permettre ce massacre de la personne humaine créée à l'image de la personne divine ?

Nous disons non, non, mille fois non. Et nous ne penserons le contraire que lorsqu'on nous aura prouvé que les mines d'or sont travaillées pour la gloire de Dieu ou le service des humains.

Lorsqu'on est victime d'une pareille exploitation, on est de très grands misérables, et l'on ne peut avoir que du mépris pour ce métal jaune dont on est l'esclave, la chose.

C'est peut-être une des raisons pour laquelle au pays de l'or, on ne parle que de Crédit Social, monsieur le touriste. On y comprend qu'on serait plus heureux à cultiver le sol pour nourrir le bon monde, qu'à éventrer la terre pour éblouir les ignorants.

Gilberte Côté

"Dans une société qui n'est plus elle-même tout entière qu'un mécanisme, le sort de l'homme est de descendre lui-même au rang de mécanique, pour être, selon l'occasion, machine à travailler, machine à étudier, machine à jouer, machine à tuer, chair à canon ou chair à plaisir."    (Mgr Munard)

Gilberte Côté-Mercier

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