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Au hasard des lectures

Louis Even le vendredi, 01 août 1941. Dans En lisant les journaux

Vision de politicien

M. Mackenzie, ministre fédéral des Pensions, parlant à Québec récemment, au Club Canadien, jette un coup d'œil — son coup d'œil — sur ce que sera la paix et le monde d'après-guerre.

La paix ?

"Lorsque le temps viendra de faire la paix, cette paix ne sera pas réglée par la cabale, la politicaillerie ou une clique de dominateurs. Elle devra être dictée par le peuple lui-même et le sera."

Nous le souhaitons, et nous l'espérons.

Et le monde d'après-guerre ?

"Les problèmes d'après-guerre qui surgiront seront réglés par la volonté de la masse du peuple, ce qui justifiera les espoirs de la démocratie."

À condition de ne pas juger de demain par hier. Nous connaissons une province où la masse du peuple a voulu régler le problème de l'argent, où elle a exprimé péremptoirement sa volonté, et où les politiciens du groupe même dans lequel brille M. Mackenzie ont bloqué la volonté du peuple. Ce n'est certainement pas l'action passée du gouvernement fédéral qui justifie les espoirs de la démocratie.

Le visionnaire continue :

"Jamais plus, je l'espère, nous ne connaîtrons le Canada que nous avons connu avant que cette guerre se déchaîne sur nous — alors que le chômage, le secours direct, la misère, la faim, la pauvreté et la nécessité rampaient dans le plus riche pays du monde."

M. Mackenzie espère cela. Mais y croit-il le moins du monde ? Croit-il réellement qu'il n'y aura plus de chômage, lui qui appartient au cabinet qui introduit l'assurance-chômage ?

Remarquons aussi que ses paroles fustigent terriblement le gouvernement dont il faisait et fait encore partie. Ce gouvernement qui a laissé "ramper la faim, la pauvreté et la nécessité dans le plus riche pays du monde." Lequel des dictateurs — Hitler, Mussolini ou le nouvel allié Staline — empêchait les Canadiens de puiser à la production de leur propre pays, le plus riche du monde, "avant que cette guerre se déchaîne sur nous" ?

Mais voici l'explication :

"Un jour nouveau, un ordre nouveau et des projets nouveaux devront apporter et apporteront un remède à tout cela."

Il faudra du nouveau, parce que l'ancien est pourri. En attendant, l'ancien continue et tous ceux qui veulent pousser du nouveau sont systématiquement mis à l'index par le groupe de M. Mackenzie.

Un jour nouveau, qui viendra tout seul, sans doute.

Un ordre nouveau, qui s'établira tout seul, sans doute.

Des projets nouveaux, qui sortiront spontanément d'un nouveau quartier de lune.

D'hommes nouveaux, pas question.

De méthodes nouvelles, pas question.

Une politique nouvelle, oh ! pas du tout. L'ancienne manière doit continuer, et le nouveau venir du même fumier qu'auparavant, sans doute. Écoutez le politicien. D'après le rapport de la Presse canadienne :

"Dans son Canada d'après-guerre, M. Mackenzie voit les travaux publics s'exécuter, le fédéral, les provinces et les municipalités, coopérer, les boulevards prendre de l'importance." C'est-à-dire, le patronage politique fleurir avec la moitié des travailleurs sur la voirie, la moitié de l'autre moitié dans le fonctionnariat d'une lourde bureaucratie.

Tout de même quelque chose à souligner dans le discours du ministre :

"Je vois, par-dessus tout, le développement d'un grand plan national de sécurité sociale......

"Si les vieux dogmes et les vieilles doctrines ne peuvent régler les problèmes d'après-guerre, il nous faudra trouver d'autres remèdes, d'autres doctrines et d'autres solutions."

Pourquoi donc le gouvernement dans lequel M. Mackenzie occupe une fonction importante persiste-t-il à bannir tout ce qui n'est pas de l'ancien ? Les paroles de M. Mackenzie à Québec sont-elles le chapitre II de la collection de pages à oublier, dont M. Mackenzie King proclama le premier chapitre durant les élections générales de 1936 ?

Heureusement que les créditistes de la province de Québec, qui connaissent "d'autres remèdes, d'autres doctrines, d'autres solutions," préparent aussi d'autres hommes. L'espoir de la démocratie est là, non pas dans les paroles de politiciens qui disent une chose et font le contraire à peu près en même temps.

L'accélérateur fonctionne

Comptez le nombre d'I.A.P. mentionnés à la page 8 comme ayant atteint leur objectif, cette quinzaine : 38. Le plus fort nombre, de beaucoup, jusqu'à date. Également, 5 entraîneurs couronnés. La canicule ne tombe pas sur la tête des créditistes.

Depuis le 1er au 18 juin, on avait enregistré 1,016 abonnements. Durant la période correspondante du mois suivant, du 1er au 18 juillet, on en a enregistré 1,610. Ces chiffres parlent. Divisez 1,610 par 18 pour trouver la moyenne quotidienne actuelle, et multipliez par 365 pour augurer de l'année à venir au régime présent. Et la moyenne monte toujours, parce que l'accélérateur fonctionne et les freins sont partis.

Le fondateur savait

La création d'argent par la banque fut légalisée en Angleterre, il a déjà 247 ans, et il est encore des gens qui soutiennent que la banque ne crée pas d'argent !

C'est, en effet, en 1694, que fut fondée la Banque d'Angleterre, institution privée, qui obtint du roi Guillaume III, par sa charte, le droit d'émettre de l'argent et de prêter à intérêt l'argent nouveau qu'elle émettrait. Nos banques à charte possèdent également ce privilège, et il leur est renouvelé tous les dix ans par la députation très éclairée d'Ottawa. La même députation qui ne sait pas où trouver de l'argent pour administrer le pays.

Le fondateur de la Banque d'Angleterre, William Patterson, disait en 1696 (la Banque avait deux ans) :

"La Banque bénéficie de l'intérêt sur tout l'argent qu'elle crée de rien."

Qu'elle crée de rien — creates out of nothing. Qu'elle tire du néant. Le mot créer veut dire par lui-même  : faire de rien. Mais, pour être plus explicite et définir sans équivoque à ceux qui l'entendaient l'immense avantage de la banque, Patterson disait "crée de rien".

Les banques créent l'argent. Elles sortent aujourd'hui l'argent neuf de leur encrier. Elles gardent la propriété de tout cet argent nouveau, qu'elles prêtent à intérêt. Et lorsqu'on demande pour chaque citoyen une petite part de l'argent nouveau, le banquier, qui prend tout, fait répondre que, au nom de la morale, personne ne doit rien recevoir gratuitement. "Rien pour rien". Logique !

En pays d'abondance

Un correspondant de Montmorency nous relate le fait suivant, que nous soumettons à la méditation de nos députés de Québec et autres satisfaits du régime :

Un citoyen de la côte de Beaupré, marié et père de cinq enfants, est entré en service dans une manufacture pour y travailler de nuit. De nuit, c'est-à-dire de six heures du soir à sept heures du matin. Salaire, de 22 à 23 sous de l'heure.

Vers la fin de la deuxième nuit de travail, voici que notre homme se sent pris de faiblesse et, au bout de quelque temps, perd complètement connaissance.

Ses compagnons se précipitent à son secours, le relèvent et le ramènent peu à peu à ses sens. Ils croient que c'est le manque d'entraînement qui a rendu le travail trop dur pour cet homme. Mais, en le questionnant, ils apprennent que le nouveau travailleur n'a pas mangé depuis deux jours. Après cinq mois de chômage forcé, il doit encore se priver pour sa famille et n'apporte rien pour manger sur les treize heures d'ouvrage.

Ses compagnons, dont plusieurs créditistes, ramassent entre eux des aliments pour lui et sa famille.

Est-ce que nos fermes ne fournissent plus assez de nourriture pour apaiser la faim des Canadiens ? Ou bien quoi ?

Deux bénédicités

Depuis longtemps, à la table de M. J.-Ernest Grégoire, l'ancien maire de Québec, on récite en commun, avant chaque repas, le bénédicité suivant :

"Bénissez-nous, ô mon Dieu, ainsi que la nourriture que nous allons prendre, et donnez-en à ceux qui n'en ont pas."

"Donnez-en à ceux qui n'en ont pas." Voilà qui est bien créditiste. Donnez-en — pas faites-en gagner. Créditiste comme le Pater, comme la prière enseignée par le Maître lui-même : Donnez-nous notre pain quotidien.

Nos pharisiens modernes, eux, ont une autre manière de dire leur bénédicité, s'ils le disent. Voici ce que le pharisien moderne pense tout bas, s'il n'ose l'exprimer tout haut, lorsqu'il se met à table :

"Je vous rends gloire, Dieu très haut, de ce que j'ai gagné cette nourriture qui est sur ma table, et de ce que je ne suis pas comme ces publicains, ces parasites, ces chômeurs, ces paresseux-nés, qui ne sont pas capables de gagner le pain qu'ils mangent. Continuez de reconnaître ma vertu et d'imposer des privations à cette lie humaine que j'abhorre et dont le seul voisinage me déshonore."

Quel bénédicité dites-vous, le bénédicité créditiste ou celui du pharisien ? Lequel sonne plus chrétien ? Lequel disent nos financiers ? nos politiciens ? nos lumières diplômées ?

MM. J.-A. Forest et N. Moreau

Nous signalions dans notre dernier numéro la vocation de M. Gérard Mercier, définitivement adjoint à l'organisation provinciale. Nous sommes heureux d'annoncer que, au moins pour un certain temps, nous y ajoutons les services de M. J.-Aldéo Forest et M. Napoléon Moreau.

M. Forest, d'Amos, est le même qui lança et développa si vigoureusement le travail créditiste dans l'Abitibi, de Senneterre à La Reine. M. Moreau vient de Ste-Anne de Beaupré et faisait partie du groupe de conférenciers qui eut l'honneur d'être le premier à entreprendre les conférences dominicales.

Louis Even

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