On lira ailleurs, en page 6, des notes et réflexions sur la demande de plus amples pouvoirs par le gouvernement central en Australie.
Cette demande fut formulée de bonne heure au printemps, et le peuple consulté par référendum vient heureusement d'y opposer son non-consentement.
Au Canada, n'allons pas croire que les puissances centralisatrices dorment. Elles sont aussi au guet qu'en Australie, pour tâcher de serrer les vis, afin que l'armistice qui terminera les hostilités signifie seulement le passage de l'enrégimentation de guerre à l'enrégimentation de paix.
Comme en Australie, on base la centralisation sur le besoin d'établir des mesures sociales de sécurité économique pour l'après-guerre.
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Le 17 août dernier, le gouvernement fédéral rendait publique la correspondance échangée avec les premiers-ministres provinciaux en vue d'une conférence interprovinciale.
À cause des circonstances, surtout à cause des changements de gouvernements dans plusieurs provinces et du maintien problématique du gouvernement King à Ottawa après le prochain appel au peuple, cette conférence est remise à l'an prochain.
Mais pourquoi le projet d'agenda soumis aux premiers-ministres provinciaux dès le 13 mai n'a-t-il été rendu public que le 17 août ? A-t-on peur que le peuple influence les décisions prises pour régler son sort ?
Dans ce projet d'agenda, il est dit que la conférence est convoquée, entre autres buts, pour recommander de placer plus de moyens à la disposition du gouvernement pour mettre sa politique à exécution, en apportant une attention spéciale aux questions de finance et de juridiction.
On sait que cela veut dire. Finance, signifie plus de pouvoir de taxer. Juridiction, signifie sans limites.
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Toutes les mesures de sécurité sociale préconisées par nos gouvernements sous le régime actuel sont subordonnées à des prélèvements d'impôts.
Dites : 200 millions en allocations familiales. Cela veut dire d'abord : au moins 200 millions en taxes. Nous disons au moins, parce qu'il y a l'administration et parfois le coulage entre le pompage et la distribution.
Dites : 750 millions pour l'établissement civil des démobilisés. Cela veut dire d'abord : au moins 750
millions en taxes. Ou en emprunts, qui ne sont que des taxes différées avec grossissement.
Vous remarquez que jamais, pendant les campagnes électorales, ceux qui vous promettent des routes, des ponts, des octrois, des allocations, la nationalisation des trusts, ne vous promettent au moins autant en taxes. Une fois rendus au pouvoir, ils ont à choisir entre oublier leurs promesses ou commencer par vider vos poches pour les accomplir.
La conférence inter-provinciale, ce sera pour mettre une pompe plus grosse au service du fédéral. Plus la pompe est loin de vous, moins vous avez le moyen de vous plaindre.
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Nous ne sommes pas contre les mesures de sécurité sociale. Bien au contraire, il y a assez longtemps que le Crédit Social prêche la garantie sociale de la sécurité économique individuelle.
Mais le Crédit Social procède autrement que par un régime de taxes, d'enquêtes, de bureaucratie, d'inspection, de triage et de maigres distributions.
Les socialisants, degré Libéral, ou degré Conservateur, ou degré accéléré C.C.F., ou de tout autre degré, restent bien soumis au contrôle des affameurs d'humanité. C'est d'ailleurs le meilleur moyen de pouvoir conduire le peuple en lui passant un anneau dans le nez. Un affamé accepte n'importe quel sacrifice, même celui de sa liberté, pour avoir un morceau de pain. Le nécessaire satisfait, la situation serait différente : il pourrait se contenter de peu et garder sa liberté.
Il ne faut donc pas s'étonner que ceux qui aiment à mener les autres, et à les mener sans trouver trop de résistance, s'en tiennent à la formule :
1. Respecter le système d'argent rare ;
2. Prendre l'argent des citoyens par taxes, et décider ce que les citoyens devront faire ou ne pas faire, ce qu'ils auront ou n'auront pas.
La formule de sécurité sociale des amants de la liberté, des créditistes, va en sens contraire :
1. Décréter l'argent aussi abondant que la production ;
2. Donner cet argent aux citoyens et les laisser décider eux-mêmes de l'usage à en faire.
L'esprit d'une Union des Électeurs sera l'esprit prévalant parmi les membres qui la composent. Et ces membres sont de la multitude même qui peine, qui souffre et qui s'arrête un peu pour penser.
L'esprit d'un parti politique est l'esprit qui anime le clan des ambitieux et des intéressés qui cherchent le pouvoir. Cet esprit se cache généralement derrière des parures de vertu, car ceux qui composent le clan sont des gens habiles à ensevelir une chose dans leur cœur et à en afficher une autre sur leur face.
Il y a deux mille ans, dans un petit pays bien connu dans l'histoire, il y avait aussi une masse du peuple et un clan de sépulcres-blanchis. Lequel des deux groupes attira le cœur et retint l'attention du divin Maître ?