Il y a quatre siècles, le grand docteur Paracelse écrivait, en parlant des qualités personnelles d'un bon médecin-chirurgien :
"Il devra considérer les besoins du patient, plus que les siens propres, et son art plus que ses honoraires."
Citant ce passage de Paracelse, M. John Hargraves pose aux médecins les questions suivantes :
"Sous le système financier actuel, quel médecin peut considérer les besoins de ses clients plutôt que les siens propres — et demeurer solvable ?"
"Quel médecin peut considérer son art plutôt que ses honoraires — et payer ses factures ?"
Il ajoute :
"Le système financier actuel vous déchire toujours entre deux considérations : pratiquer votre art comme il devrait être pratiqué, et gagner votre vie. Il y a les soins que devraient recevoir votre patient et il y a la capacité de payer de votre patient. Il y a votre capacité de soigner, de soigner en détail, de suivre votre patient comme sa maladie l'exigerait et comme votre art vous le permet ; puis il y a la nécessité pour vous de faire assez d'argent pour vivre, et pour cela il faut aller plus vite, plus court avec chacun, et vous orienter un peu d'après la bourse de vos clients.
"Vous êtes capable de rendre des services ; toutes les professions sont capables de rendre beaucoup de services, et ces services répondraient à de véritables besoins. Mais la capacité totale de payer, par ceux qui ont besoin des services, n'est pas égale à la capacité totale de servir, offerte par ceux qui sont capables de fournir les services.
"Vos patients vous appellent : le système d'argent rare vous éloigne. L'humanité souffrante ne voudrait que vous bénir pour le bien que vous lui faites et le plus grand bien encore que vous pourriez lui faire ; mais combien de fois l'humanité souffrante ne se révolte-t-elle pas lorsqu'elle considère les honoraires à payer !"
Il y aurait une solution : la solution créditiste.
Le système d'argent actuel dresse l'un contre l'autre celui qui sert et celui qui paie. Le système créditiste dompterait le signe, l'argent, et rétablirait les choses à la normale : l'art qui soulage, qui atteint sa fin, et le patient reconnaissant, capable de payer et qui le ferait de bon cœur.
Le service postal coûte plus cher qu'avant la guerre. Quatre sous de timbres au lieu de trois sur une lettre ordinaire. Avec cette augmentation de 33 1/3 pour cent, le service est-il au moins aussi bon ? Certaines constatations permettent d'en douter.
Nous avons l'exemple de circulaires mises à la poste à Montréal, le vendredi, pour convoquer des abonnés à une assemblée à Québec pour le mardi suivant (24 septembre). Plusieurs destinataires ont reçu cette circulaire le lendemain de l'assemblée ou même plus tard. Quatre heures de train, cinq jours de service.
Même des lettres cachetées semblent nicher en cours de route, causant toutes sortes de désagrément aux intéressés, aux deux bouts de la communication. Ce ne sont pourtant pas les bombes allemandes qui ont désorganisé le service !
Avant de trop généraliser, nous compilerons les cas. Lors donc que vous recevez une lettre, prenez l'habitude de vérifier la date du sceau du bureau d'expédition et celle du sceau du bureau de réception, et comparez avec la date du jour où elle vous est remise. Si l'écart est considérable, conservez l'enveloppe et envoyez-la-nous. C'est avec des documents que l'on constitue un dossier.
Selon Ottawa, le coût de la vie a augmenté de 17 pour cent : ainsi l'indiquent les statistiques des bureaucrates.
Selon le public, le coût de la vie a augmenté de 40 pour cent : ainsi l'indique l'expérience quotidienne des ménagères.
À quel bout en souffre-t-on ?