EnglishEspañolPolskie

Vers un monde moulé ou vers un monde libre ?

Louis Even le vendredi, 01 décembre 1944. Dans Le Crédit Social enseigné par Louis Even

par LOUIS EVEN, directeur provincial de l'Union Créditiste des Électeurs.

L'Association Créditiste du Canada

Pour la deuxième fois en quatre mois, nous de­vons à Radio-Canada l'usage gratuit de son ré­seau national pour l'expression des vues de l'As­sociation Créditiste du Canada sur les grandes questions du jour.

Qu'est-ce que l'Association Créditiste du Cana­da ? C'est le mouvement organisé sur une base nationale pour promouvoir la doctrine du Crédit Social.

La structure de l'Association Créditiste du Ca­nada, fondée à Toronto en avril dernier, est tout à fait différente de la structure qu'on est habitué à voir dans les groupements politiques fédéraux. L'Association a bien un chef national. C'est., M. Solon Low, qui fut huit ans trésorier provincial de l'Alberta. Elle a aussi un vice-président natio­nal, et c'est M. J. Ernest Grégoire, ancien maire de Québec, qui prit une part active à la politique provinciale en 1935 et 1936.

Mais les membres de l'Association Créditiste du Canada sont les organisations provinciales elles-mêmes, parce qu'il s'agit d'une fédération seulement, respectant la complète autonomie des corps provinciaux. Pour la province de Québec, c'est l'Union Créditiste des Électeurs qui est le membre reconnu de l'Association fédérale. Et c'est l'Union Créditiste des Électeurs qui décide des actes politiques à poser dans la province, mê­me dans le domaine fédéral.

Grande liberté d'opinion des membres

Ces quelques explications sont opportunes, par­ce qu'on est trop habitué, surtout dans notre province, à voir dans un groupement politique fédéral, comme les partis politiques, un groupe d'hommes qui s'engagent à accepter les mêmes décisions sur tous les points.

Ce n'est pas du tout le cas dans notre Associa­tion. Assurément, les créditistes de tout le Cana­da sont du même avis sur la question monétaire, sur les questions de finance publique, sur la poli­tique de décentralisation, sur le respect des auto­nomies, non seulement provinciales, mais familia­les et personnelles, sur la garantie sociale de la sécurité économique à tous et à chacun, et sur le maintien de la liberté pour chacun d'organiser sa propre vie et de choisir lui-même sa carrière. Ils sont d'accord sur ces points, parce que c'est de l'essence même de la philosophie créditiste — phi­losophie de liberté et de sécurité.

Mais hors de là, ils restent parfaitement libres de leurs propres opinions.

Conscription ou volontariat

Ainsi, sur la question du volontariat ou de la conscription pour service outre-mer, chaque cré­ditiste se place du côté qu'il veut. De même, pour ce qui relève de l'éducation, de la langue, de la religion.

Pour la politique extérieure du Canada, tous les créditistes sont d'avis que le Canada doive être une nation autonome et souveraine. Ils s'opposent à ce que le Canada soit lié par des décisions prises sans lui, si puissantes soient les nations qui pren­nent les décisions.

Mais si le Canada doit être prêt à collaborer avec les nations amies de la paix, les créditistes croient que le meilleur moyen de maintenir la paix dans le monde, c'est d'y établir des régimes qui permettent à tous les humains l'accès facile aux immenses richesses de la production moderne. Les politiques d'embargos, de tarifs restrictifs, de soumissions aux décrets de dictateurs financiers qui imposent le jeûne en face de l'abondance, ne peuvent que précipiter les hommes et les nations vers les guerres commerciales d'abord, militaires ensuite.

M. Grégoire dans l'Ouest

Ce soir, c'est au groupement créditiste fédéral, donc à l'Association Créditiste du Canada, que Radio-Canada offre l'usage de son réseau. C'est pourquoi, il y a deux jours, c'est l'Hon. Solon Low lui-même qui parlait sur le réseau anglais. Et c'est pourquoi, ce soir, c'est à M. Ernest Gré­goire, que revenait d'office la fonction de vous adresser la parole sur le réseau français.

Mais Monsieur Grégoire est actuellement en tournée dans l'ouest du Canada dans les intérêts de la cause créditiste. Sa tournée l'a conduit à Calgary, le 2 novembre ; il y exposait à une salle comble la situation politique de la province de Québec et les motifs qui peuvent déterminer l'U­nion Créditiste des Électeurs à prendre des déci­sions un peu différentes des décisions prévalant dans l'Alberta, par exemple concernant le degré désirable d'intervention dans une campagne élec­torale fédérale.

M. Grégoire est allé jusqu'à Vancouver, où il a porté la parole à la Convention provinciale des créditistes de la Colombie. Il a profité de l'occa­sion pour expliquer à nos amis de la côte du Pa­cifique, plus fervents de l'Empire britannique que nous, que le Crédit Social n'empêchera jamais un Canadien français de rester canadien-français, mais l'aidera au contraire à développer ses quali­tés propres. Et le Crédit Social rendra les mêmes services au citoyen des prairies, au résident du littoral Pacifique, à l'Anglais de Grande-Breta­gne, voire même à l'Allemand d'une Germanie où le régime créditiste remplacerait le régime hitlé­rien.

C'est parce que M. Grégoire, arrêté en Saskat­chewan, n'est pas encore arrivé qu'on m'a deman­dé de prendre la parole à sa place ce soir. Je dois un peu m'en tenir aux grandes lignes du discours prononcé par l'Honorable Solon Low sur le réseau anglais. Mais je m'autorise largement de la latitu­de que j'ai d'effleurer seulement certains points et d'insister davantage sur d'autres.

Ne vous attendez donc pas ce soir à un exposé de la technique créditiste de l'argent ; pas même des grands avantages économiques et sociaux qui résulteraient, dans tous les secteurs, de l'applica­tion de la doctrine créditiste. Pour vous rensei­gner sur ces choses, il existe de la littérature cré­ditiste de plus en plus abondante, même en fran­çais. Entre autres, le journal Vers Demain, qui paraît deux fois par mois et traite à la fois de la doctrine créditiste et du mouvement organisé pour la faire connaître et triompher.

Perspectives d'après-guerre

Dans la présente causerie, on voudrait surtout attirer l'attention des auditeurs sur les perspecti­ves d'après-guerre.

Que sera l'après-guerre ? Que sera-t-elle pour le Canada ? Que sera-t-elle pour chacun de nous ? Que deviendront nos soldats démobilisés, nos tra­vailleurs des usines de guerre, que deviendrons-nous tous lorsque l'armistice aura mis un terme aux activités fébriles orientées vers la destruc­tion ?

Personne, évidemment, ne tient à revenir à la stupide situation d'un peuple végétant dans les privations en face d'une surabondance de biens. Mais croit-on qu'un ordre nouveau va s'établir tout seul ? Croit-on que, sans un changement dans le système financier de distribution, absolu­ment inadéquat, le pain sera assuré aux familles en raison de la récolte de blé, que l'aisance entrera dans les maisons en raison des produits fournis par l'agriculture et l'industrie ?

Rien de tout cela ne se fera tout seul. Ce sont les interventions humaines qui orientent les régi­mes terrestres.

Pas d'effets sans causes

Prenez deux époques quelconques, disons 1928 et 1933. Comparez la prospérité de 1928 avec la détresse de 1933. Vous ne pouvez accuser ni la température, ni le soleil, ni la pluie, ni des boule­versements de la croûte terrestre, ni un renverse­ment des besoins et des désirs humains, de cette différence entre les deux situations.

On avait au Canada, comme aux États-Unis, comme partout, les mêmes richesses réelles et la même capacité de production en 1933 qu'en 1928, sinon même davantage.

Pourquoi alors ce rabaissement général du ni­veau de vie dans nos pays civilisés ? Pourquoi, sinon parce que des intelligences humaines po­saient des actes qui gardaient le blé dans les élé­vateurs et les produits dans les grands magasins, au grand désespoir des producteurs comme des consommateurs.

Pour des pays qui avaient championné la liber­té sur les champs de bataille d'Europe pendant quatre années, il fallait en avoir une dose de sou­mission à la dictature d'argent pour rester ainsi dix années en pénitence devant des montagnes de produits.

Ce n'était pas un problème de travailleurs : les, bras et les cerveaux s'offraient partout. Ni un problème d'absence de produits ; les entrepôts et magasins débordaient. Mais un problème d'ar­gent, les poches vides le criaient.

Une grève d'argent de dix années

Si des ouvriers organisés s'étaient mis en grève générale, on aurait dénoncé avec véhémence la dictature du prolétariat. Pas un pays n'aurait supporté cette grève d'ouvriers pendant dix an­nées. Pas même pendant dix mois. On aurait en­voyé les troupes contre les grévistes et jeté les meneurs en prison.

Mais la grève de l'argent, grève de dix années — a-t-on sévi contre ses organisateurs ? Qu'a-t-on fait pour rendre inoffensives les intelligences hu­maines qui créaient l'absence d'argent devant une profusion de produits en face d'un abîme de be­soins ?

Ces intelligences humaines auraient certaine­ment pu faire venir l'argent devant les produits de paix cent fois en dix années, puisqu'elles l'ont bien fait venir devant les produits de guerre im­médiatement après la déclaration de guerre de 1939.

Ce stigmate restera perpétuellement au frontis­pice de cette période de notre histoire : 1929, sup­pression soudaine des moyens de paiements en face d'immenses biens répondant à d'immenses besoins ; puis, 1939 : retour immédiat des moyens de paiement dès que les nations se sont jetées à la gorge les unes des autres.

Et les peuples resteraient assis et spectateurs apathiques en face de cette dictature inouïe !

La tyrannie financière respectée

N'allons point croire qu'il suffit de se battre contre les tyrans militaires pour se défaire des tyrans financiers. L'autre guerre devrait nous avoir ouvert les yeux sur cette erreur.

De 1914 à 1918, on nous encourageait aux con­tributions en sang, en sueurs et en privations, en déclarant que c'était la guerre pour finir les guer­res, la guerre pour le triomphe des démocraties et pour la liberté des personnes.

Or, qu'a-t-on eu après cette guerre ? La paix perpétuelle a-t-elle duré bien longtemps ? La li­berté a-t-elle bien ensoleillé nos vies ?

Demandez ce que la victoire pour les démocra­ties a valu à tant de peuples d'Europe qui, pour sortir du chômage et de la misère noire, n'ont trouvé rien de mieux que se tourner vers des dic­tateurs qui apportaient au moins un peu de pain sur la table. Quand on n'a rien sous la dent, la liberté elle-même perd son culte.

Demandez ce que la guerre pour la liberté de la personne humaine a valu aux milliers et mil­liers de soutiens de familles de nos démocraties américaines, de 1930 à 1940. Elle était belle, la liberté du chômeur canadien, la liberté du jeune désespéré qui passait de ville en ville, sur le toit des wagons de marchandises, pour chercher en vain un moyen d'avoir de quoi manger.

Sommes-nous plus sages cette fois-ci ? Que re­marquons-nous pendant ces cinq années-ci que nous nous battons une fois de plus pour le triom­phe de la liberté ? À mesure que la dictature d'argent laisse venir les piastres ou les sterlings pour financer la guerre des nations, cette permis­sion est inscrite, dans les livres des dictateurs, comme dette à rembourser, par ceux qui se seront battus et par leurs descendants.

Ce n'est point là mettre fin à la dictature d'ar­gent, c'est signer une prolongation de la servitude. Et ce sont les champions de la liberté qui signent cette servitude.

Si nous demeurons aussi aveugles, sourds et muets qu'il y a vingt-cinq ans, nous sortirons de cette guerre sous la même dictature, considérable­ment renforcée.

Puissance occulte, mais réelle

Une puissance non élue, mais réelle, trace la ligne de conduite des nations, et les conduit vers la domination universelle par un petit groupe.

L'histoire économico-politique des derniers siè­cles nous démontre comment, l'un après l'autre, les gouvernements souverains ont abdiqué leur prérogative régalienne du contrôle du volume de l'argent du pays, entre les mains d'institutions bancaires privées.

Dans chaque pays, l'institution bancaire est de­venue créancière et le gouvernement débiteur. Dans chaque pays, le progrès matériel s'est expri­mé par une dette publique correspondante.

Or, le contrôle de l'instrument monétaire signi­fie le contrôle de tout ce que l'argent achète. C'est un contrôle absolu. Tous les gouvernements civi­lisés s'y sont soumis. S'ils ont la bride plus longue en temps de guerre, ils sortent de la guerre avec un poids de dette proportionnellement accru.

Une fois chaque pays sous le contrôle de ses institutions financières, il restait à la puissance mondiale à centraliser ces institutions financières. Ce fut l'ère des banques centrales entre les deux guerres. Le petit groupe qui dominerait les insti­tutions financières des pays dominerait également les gouvernements de tous ces pays, puisque les gouvernements étaient déjà en tutelle sous leurs institutions financières.

Si quelqu'un doute encore de l'universalité de ce contrôle financier central, qu'il explique donc comment il se fait que, sans bouleversement dans la température ni dans les moyens de production, ni dans les besoins de l'espèce humaine, tous les pays civilisés, tous en même temps, sont tombés dans la pénurie d'argent et y sont tous restés de longues années, tant qu'ils n'ont pas décidé de faire la guerre ou de se préparer à la guerre.

Pénurie universelle, partout en même temps, à l'époque de l'histoire humaine où la production était plus facile et plus abondante que jamais ; à l'époque aussi où l'instrument d'échange, devenu surtout du papier-monnaie ou de simples crédits dans des livres, était plus facile que jamais à mul­tiplier et à répandre.

On ne peut nier l'existence, dans le monde, d'une puissance néfaste et bien organisée, qui se perpétue par le remplacement de ses membres, et qui cherche à subjuguer le monde entier sous son contrôle unique. Elle procède par degrés — en subjuguant d'abord chaque pays à ses propres institutions financières, puis en subjuguant ces institutions financières à un cerveau financier central.

Par les crises et par les guerres

Le tout sous couvert de progrès ou de nécessi­té, pour sortir le monde de crises non naturelles, de crises artificiellement suscitées par cette même puissance pour faciliter la poursuite de ses des­seins.

Et la puissance se fait respecter. On blâme tout, excepté elle.

En temps de crise, le monde se plaint de l'indus­trie privée, qui produit pourtant efficacement tout ce qu'on lui demande, et l'on ne songe pas à se plaindre de la puissance qui, en raréfiant le pouvoir d'achat, provoque délibérément la crise. Le public désemparé se tourne immédiatement vers ses gouvernements et accepte les mesures d'enrégimentation ; il applaudit aux nationalisa­tions qui alimentent le dégradant patronage po­litique. Enrégimenté par son gouvernement, le peuple se trouve, sans trop le savoir, enrégimenté par la puissance qui contrôle les gouvernements.

La prolongation des crises prépare les esprits à accepter presque avec soulagement la guerre uni­verselle. Et la guerre est le climat idéal pour l'é­touffement des libertés et la promotion des mesu­res d'enrégimentation et de planisme.

On a vu tout cela en moins d'une génération.

Les planistes sur la scène internationale

Aussitôt cette guerre-ci déclarée, la presse et les moyens de publicité à solde ont poussé l'idée de fédérer ou même d'unir, sous un gouvernement central, tous les pays du monde, à commencer par les démocraties. C'était le mouvement de Union Now, dirigé aux États-Unis par Kirshman Streit. Ce fut l'offre de l'Union franco-anglaise faite à la France agonisante de 1940.

Des observateurs attentifs s'alertèrent et alertè­rent leurs compatriotes. Les planistes allaient trop vite en besogne. Ils durent s'apaiser pour un temps.

Mais, à mesure que la paix commence à poin­dre à l'horizon, les conférences internationales pour mouler le monde d'après-guerre se mettent à l'œuvre, toutes entourées d'une auréole et com­blées de vœux et de bénédictions. Le sort du monde de demain se décrète par des financiers à Bretton Woods, puis par des économistes et des militaristes à Dumbarton Oaks.

Les planistes sur la scène nationale

Pendant ce temps-là, à l'intérieur des pays en guerre, sous le couvert de mesures de guerre, s'é­difie la bureaucratie la plus complète que l'on ait jamais pu imaginer.

Les Canadiens acceptent volontiers tous les sa­crifices pour gagner la guerre. Et si la bureaucra­tie s'arrêtait là, on prendrait la pilule pour le temps de la guerre. Mais voici que nos politiciens et nos économistes à plans nous disent et font dire qu'il sera nécessaire, après la guerre, pour éviter le désordre et le chômage, de conserver, lé­gèrement modifiée peut-être, cette bureaucratie antidémocratique.

Le Service Sélectif, la plante la plus honnie qui soit poussée en terre libre canadienne, serait main­tenu comme service de réalisation de l'embau­chage intégral. Nous voici rendus en Russie ou en Allemagne : aux travaux forcés sous la férule d'une bureaucratie implacable qui ne connaît pas d'âmes, mais seulement des numéros.

Nous savions depuis longtemps que le blé pous­sait dans les champs. Nous avons appris, avec de grandes souffrances, que le droit d'avoir le blé naissait ou avortait dans les banques. Nous de­vrons maintenant apprendre que le droit de le semer ou de le vendre naîtra ou sera refusé dans les bureaux du gouvernement.

Qui ne connaît la belle litanie de mesures des­tinées à la permanence, introduites par notre gouvernement démocratique d'Ottawa : Assuran­ce-chômage obligatoire et contributoire ; projet d'assurance-maladie obligatoire et contributoire ; permis obligatoires et contributoires pour exercer

votre métier ou poursuivre votre carrière ; Service Sélectif obligatoire, etc., etc. Et l'on décore cela du beau nom de sécurité sociale, s'il vous plaît.

Ni démocratie, ni abondance

Obligatoire, contributoire.

Obligatoire — cela sonne-t-il démocratie ou dictature ?

Contributoire, cela sonne-t-il abondance ou ré­partition de rareté ?

Vers quel monde enchaîné nous conduit-on en ce siècle de chants de liberté et de croisades san­glantes pour la liberté ?

Vers quel monde rationné nous oriente-t-on, en ce siècle d'abondance écrasante, de production massive et motorisée ?

Les partis politiques concourent

Et, quel gouvernement nous conduit à cette ca­misole politique et économique au Canada ? Un gouvernement qui s'intitule libéral. Mais l'éti­quette ne change pas grand'chose : l'autre parti traditionnel, celui des conservateurs n'est pas moins respectueux de la puissance qui exerce le gouvernement invisible, le véritable gouverne­ment.

Et pour ceux qui seraient mécontents de cette direction, quelle alternative leur offre-t-on à grands frais de publicité ? Une direction C.C.F., c'est-à-dire l'accélération vers la bureaucratie tsariste et l'enrégimentation dans tous les sec­teurs.

Vous ne voulez pas aller vers le socialisme d'État à dix milles à l'heure dans la voiture libérale ou conservatrice ? Très bien : entrez dans la voi­ture C.C.F., elle vous y conduira à 60 milles à l'heure. Ce sont les seules alternatives qui béné­ficient des bénédictions d'une publicité coûteuse.

Il pousse bien, surtout en notre province, d'au­tres mouvements, sous d'autres étiquettes politi­ques, surtout avides de prendre le pouvoir en ex­ploitant l'opposition aux mesures conscriptionnistes pour la guerre. Mais des mesures conscrip­tionnistes pour la paix, ils ne semblent point trop s'inquiéter. Eux aussi sont prêts à tout réglemen­ter : l'industrie, le commerce, l'embauchage ; prêts à changer les monopoles industriels en monopoles d'État. Ils parlent de tout régir, sauf le système qui fait naître et disparaître l'argent sans aucun rapport avec les faits de la production et de la consommation.

Le Crédit Social championne la liberté

C'est ici qu'intervient l'école de l'économie vraiment nouvelle et de la politique vraiment nouvelle, — le Crédit Social.

Le Crédit Social avec son cri de liberté : Domp­tez donc l'argent, et laissez les hommes libres de faire eux-mêmes les plans qui leur conviennent, quand ils leurs conviennent.

Que l'argent naisse dans les maisons, là où sont les besoins ; qu'il y naisse au même rythme que la production croissante vient s'offrir aux besoins — et les personnes et les familles sauront bien orga­niser elles-mêmes leur mode de vie.

Pourquoi parler d'obligatoire, quand les gens savent très bien ce qu'il leur faut, et quand les citoyens du Canada n'ont jamais refusé leur effort normal pour enrichir leur pays, en donnant libre­ment leurs activités dans les lignes où ils se sen­tent le plus d'aptitudes et d'attraits ?

Le Crédit Social reconnaît l'abondance

Pourquoi parler de contributoire quand les élé­vateurs et les entrepôts sont pleins ou peuvent s'emplir sur commande ?

Quel rapport y a-t-il entre l'argent qu'on me fait mettre de côté aujourd'hui, pour avoir le droit de manger dans vingt ans, et les conditions de sol, de travail, de technique agricole et de tem­pérature qui détermineront la récolte dans vingt ans !

Comment le fait pour moi de me priver d'une paire de chaussures aujourd'hui, et de mettre $5.00 dans un coffre quelconque, fût-ce celui du gouvernement, va-t-il rendre l'industrie de la chaussure capable de produire une paire de plus dans dix ou quinze ans d'ici ? Ce n'est pas quand le monde ne sait que faire de ses produits, et qu'on cherche des débouchés sous tous les cieux, qu'il faut venir prêcher et imposer la diminution dans la consommation.

Au lieu de se faire les esclaves de chiffres arti­ficiellement conduits par ceux qui s'arrogent le contrôle de nos vies, pourquoi ne pas ouvrir les yeux sur les belles réalités du monde moderne et les mettre au service des humains, sans exiger leur liberté en échange ?

Le Dividende du Crédit Social

Voilà justement ce que propose le Crédit Social. Voilà la grande philosophie de la liberté, jointe à la sécurité sociale pour tous, sans contributions et sans vexations, concrétisée dans la formule du dividende national.

Tout habitant de ce pays, homme, femme ou enfant, qui ne s'est pas rendu indigne de son titre de citoyen, aurait droit à une partie de l'immense production du pays, indépendamment de ce qu'il peut gagner autrement par son travail ou par ses placements privés.

C'est cela, le dividende national, la participa­tion de chacun, comme membre de la société or­ganisée, aux avantages de la société.

Et c'est le seul moyen de garantir à chaque per­sonne l'exercice de sa liberté. La liberté ne com­mence qu'après la satisfaction du strict nécessaire. Tant que le strict nécessaire n'est pas garanti, on n'est pas libre d'accepter ou de refuser les condi­tions imposées pour avoir ce nécessaire.

Inutile donc de parler de liberté avant d'avoir garanti le minimum vital, représenté par ce divi­dende national. Et si l'on veut un pays de liberté pour tous, il faut cette garantie à tous, du seul fait de leur naissance.

Le Dividende, chose très possible

Oui. Mais, est-ce possible ? Est-il possible de garantir ainsi à chaque Canadien une partie de la production canadienne ? De la lui garantir gratui­tement, sans aucune condition, sans aucune en­quête, sans aucune discrimination ?

Ceux qui en doutent n'ont pas remarqué ce qui se fait en pleine guerre.

En pleine guerre, avec 750,000 jeunes gens des plus valides dans l'armée, donc ne participant pas du tout à la production, on trouve moyen, tout en répondant mieux aux besoins ordinaires des Canadiens qu'avant la guerre, on trouve moyen de mettre de côté, chaque année, une bonne par­tie de la production du pays, sous forme de bom­bes, d'obus, d'explosifs puissants, et de faire litté­ralement cadeau à nos ennemis de cette partie de la production canadienne. Un cadeau gratuit et livré avec le plus de diligence et d'enthousiasme possible.

Si nous pouvons faire cela en temps de guerre, sûrement qu'en temps de paix, avec 750,000 tra­vailleurs de plus, nous pouvons mettre de côté une partie de la production canadienne, sous for­me de nourriture, de vêtements, de chaussures, et d'autres utilités, et distribuer aussi gratuitement aux citoyens mêmes du Canada cette partie de la production de leur pays.

En finançant ainsi la consommation de choses utiles et désirées, la technique créditiste assure­rait la vente des produits de l'agriculture et de l'industrie. Cultivateurs, industriels et ouvriers, professionnels aussi, en bénéficieraient bien plus sûrement et plus constamment que par les assu­rances-chômage et autres, contributoires et obli­gatoires.

Une fois l'argent entre les mains des individus, au niveau de la production possible du pays, qui est très élevé, il serait facile, pour les individus, les familles et les administrations locales ou pro­vinciales, de financer les entreprises répondant aux aspirations des intéressés.

Un tel régime de liberté et de distribution de l'abondance, vient en contravention directe avec la philosophie de domination et de rationnement de la puissance centralisatrice qui oriente actuel­lement la politique des nations. La philosophie des dividendes à tous est diamétralement opposée à celle des dettes publiques à porter par tous.

Aussi, pour faire prévaloir cette philosophie de la liberté et de la distribution de l'abondance, il faudra autre chose que de simples agitations de politique électorale. Il faudra que les citoyens se donnent la peine de se renseigner d'abord ; puis de s'organiser. Il faudra qu'ils fassent consister la politique, pas tant à faire élire tels ou tels candi­dats qu'à faire servir la masse des électeurs.

C'est à quoi vise l'Association Créditiste du Ca­nada et son membre provincial, l'Union Créditiste des Électeurs.

Renseignez-vous donc sur la doctrine et le mou­vement dans le journal Vers Demain. Puis, prenez les moyens de préparer vous-même l'avenir de votre pays, sans en abandonner le soin aux fai­seurs de plans internationaux, ni aux politiciens qui ne voient pas plus loin que leur siège parle­mentaire.

Louis Even

Poster un commentaire

Vous êtes indentifier en tant qu'invité.

Panier

Dernière parution

Infolettre & Magazine

Sujets

Faire un don

Faire un don

Aller au haut
JSN Boot template designed by JoomlaShine.com