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Vers le totalitarisme ou le Crédit Social

le mercredi, 01 novembre 1944. Dans Crédit Social

Nous reproduisons ici une partie de la causerie donnée par l'Hon. Solon Low au poste CHLT, de Sherbrooke, le 21 octobre, d'après la traduc­tion faite par Edmond Major.

Prépare-t-on l'après-guerre ?

Pendant que les armées victorieuses des Nations-Unies fraient leur chemin vers Berlin ou Tokio, et que la fin de la guerre approche, nous du Canada devons faire face à une situation infiniment criti­que, ici même, dans notre propre pays.

La guerre une fois terminée, nous devrons envi­sager la lourde tâche de la restauration avec tous ses problèmes. La présente administration libérale à Ottawa devra porter la pleine responsabilité d'un Canada sortant du conflit aussi complètement im­préparé pour la paix qu'il le fut pour la guerre.

Tout ce que le gouvernement a fait, c'est de préparer un certain nombre de mesures désespérées, incomplètes, mesures de rapiéçage, — comme l'as­surance-chômage obligatoire, l'assurance-maladie obligatoire, et des tas de plans pour des travaux publics.

Mais l'on ne prévoit d'aucune façon au finance­ment de ces projets, si ce n'est par le vieux systè­me de dettes et de taxes — un système qui a con­duit notre pays et tous les pays du monde sur le bord du désastre avant la guerre. Durant la guerre, ce système n'a survécu qu'en bâtissant une dette à un rythme sans cesse grandissant, et, en remontant les taxes à un nouveau niveau devenu fantastique.

Durant cette même période, tout l'édifice na­tional a échappé à la ruine au moyen d'un système de conseils, de commissions, de bureaux et de co­mités, amenant une infinité de contrôles, de règle­ments, d'interdictions et de punitions. Il ne semble pas qu'il soit venu à l'idée des autorités fédérales qu'un système qui fit un tel ravage au cours des années d'avant-guerre ne puisse jamais venir à sa­tisfaire nos besoins dans la période de rajustement d'après-guerre.

Après l'autre guerre

Vous vous souvenez qu'après la dernière guerre devant permettre au monde d'avoir la démocra­tie, l'on nous assurait l'espoir d'une ère de paix, de prospérité et de progrès. L'agression avait été écar­tée. La tyrannie était défaite. La démocratie sor­tait victorieuse.

Qu'arriva-t-il ? Après quelques années, le chôma­ge, la pauvreté, les restrictions, la stagnation du commerce et l'insécurité générale vinrent à l'ordre du jour. Il n'y eut ni paix ni prospérité. Le pro­grès fut fait de reculons. La démocratie ne fut ja­mais dans un plus grand péril. Les dictatures pous­sèrent comme des champignons. La révolution et la révolte se répandirent comme une plaie dans l'univers.

Pourtant le monde n'avait jamais été si bien or­ganisé pour produire une abondance de produits et de services, qui, par une sage distribution, aurait permis une ère de prospérité et de progrès sans précédent.

Qu'est-ce qui faisait défaut ? Pourquoi ne four­nissait-on pas cette abondance ? Pourquoi condam­nait-on des millions d'êtres humains à la misère, quand on restreignait la production ?

Prétention socialiste

Les partisans du socialisme nous disent que c'est simplement parce que quelques capitalistes fai­saient de gros profits, laissant le grand nombre sans moyens d'acheter les produits ; que le pauvre était pauvre parce que le riche était riche. Exa­minons cette prétention.

Si c'était vraiment là la cause du chômage et de la misère sur une grande échelle, tout ce qu'il y avait à faire, c'était d'établir un système de taxes très échelonné par lequel on aurait réduit les re­venus des riches pour en distribuer le produit aux pauvres et aux délaissés. On l'a fait — spéciale­ment en Grande Bretagne — mais le seul résultat obtenu, ce fut d'empirer la situation. Voilà donc une prétention qui ne tient pas debout. Dire que le pauvre était pauvre parce que le riche était ri­che, c'est stupide à première vue, quand on sait que nous pouvons produire l'abondance pour tous.

Problème d'argent

Le peuple était-il dans le besoin parce que les producteurs ne voulaient pas produire ? Nous sa­vons que ceci est faux. Partout les producteurs dé­montrèrent leur anxiété de produire par les efforts déployés pour la vente de leurs produits — pour trouver des marchés. Les distributeurs et les mar­chands étaient aussi anxieux de passer les mar­chandises au peuple. La majorité du peuple était dans un besoin criant des choses que l'on aurait pu produire en abondance — mais ils n'avaient pas d'argent, pas de pouvoir d'achat, pour se les pro­curer.

Le problème était un problème d'argent. Parce que le peuple n'avait pas assez de revenus et ne pouvait pas acheter ce qu'il voulait, les marchan­dises s'empilaient dans les magasins : l'on diminu­ait les commandes aux maisons de gros ; les grossis­tes ne pouvaient acheter de l'industrie ; les manu­facturiers devaient diminuer la production ; ceci amena le renvoi des employés ; le chômage s'accrut ; dans leurs efforts pour vendre leurs marchandises, les manufacturiers abaissèrent les prix ; l'on rédui­sit les salaires ; les prix des produits premiers tom­bèrent à un niveau ridicule comme vous le savez bien, vous autres cultivateurs. Brièvement, le pro­blème était un problème d'argent.

La solution créditiste proposée

Si l'on avait reconnu cette vérité, et distribué l'argent nécessaire pour permettre au peuple d'a­cheter les choses produites, le tableau aurait chan­gé immédiatement. Avec une telle réforme, les ma­gasins de détail en achetant les marchandises au­raient fait pleuvoir des commandes sans restriction sur l'industrie par l'intermédiaire des marchands de gros. La production aurait repris. L'emploi au­rait augmenté. On aurait amélioré les conditions de salaire. Une ère de prospérité aurait commencé.

Voilà ce que soutinrent les Créditistes, qui non seulement fournirent la preuve de leurs avancés quant à la cause de la crise économique dans la­quelle le Canada se débattait, mais firent des pro­positions bien définies pour redresser le système monétaire et faire l'ajustement dans l'édifice éco­nomique rénové par celles-ci.

Qu'arriva-t-il ? D'abord, les financiers et les éco­nomistes — les pontifes de la haute finance — tour­nèrent le Crédit Social en ridicule. Ensuite alar­més de ses conquêtes, ces hommes qui nous avaient conduits à travers la crise à la porte du désastre, déclenchèrent une attaque plus acharnée et plus hypocrite. Le Crédit Social fut sali, boycotté, mal interprété et attaqué de tous côtés.

Puis vint l'élection de l'Alberta en 1935. Le peuple de cette province plaça un gouvernement créditiste au pouvoir par une majorité écrasante. Ce fut la panique parmi les intérêts financiers. On employa toute la propagande imaginable pour dis­créditer et disloquer le gouvernement de l'Alberta. Leur législation fut désapprouvée et déclarée ultra vires ; l'on refusa le consentement royal à leurs lois, une chose qui ne s'était jamais vue dans l'his­toire de la démocratie britannique ; on les menaça même de l'emploi de la force. On ne permit pas à l'Alberta d'établir une économie créditiste.

En dépit de cette opposition, le gouvernement créditiste de l'Alberta a placé cette province à la tête de tout le Canada par une législation progres­sive et une sage administration. Après neuf ans, le gouvernement créditiste fut réélu en Alberta, au mois d'août dernier, malgré la dure campagne or­ganisée contre lui, et il fut réélu par une majorité aussi grande que lors de son écrasante victoire de 1935. Comme résultat, le mouvement créditiste déjà en voie d'organisation à travers le Canada, avance maintenant par sauts et par bonds. Dans ce réveil, repose notre espoir pour l'avenir du Ca­nada.

Quelques mois après la déclaration de guerre, l'on nous disait qu'au sortir de la dévastation d'un

monde tourmenté par la guerre, naîtrait un ordre nouveau de liberté, de sécurité, de paix et de pros­périté. Nous sommes maintenant avertis par ces mêmes hommes qui, dans leur panique au cours des heures les plus sombres de la guerre, criaient après un ordre nouveau, que nous devons nous at­tendre à de dures épreuves après la guerre.

Vers le totalitarisme

Durant cette guerre, au nom de la démocratie, nous avons avancé pas à pas vers la dictature d'État totalitaire, celle-là même que nous nous étions engagés à renverser. Par un système de conseils, de bureaux, de commissions, d'ordres-en-conseil et de tas de réglementations, la personne a été graduel­lement contrôlée, dirigée, forcée, taxée, contrain­te, rationnée, réglementée et enrégimentée jusqu'à ce qu'elle soit devenue la simple créature d'un État bureaucratique. On nous assurait que c'était néces­saire pour l'effort de guerre — et les Créditistes ont consenti à l'admettre.

L'on nous dit maintenant crûment que, bon gré mal gré, le tout ou une grosse partie de ce contrôle et de cette enrégimentation, par une immense bu­reaucratie d'État, va continuer, et probablement s'intensifier après la guerre. Le cynique serait bien excusable de se demander "alors que voulait dire la lutte contre Hitler"...

Pour avoir la sécurité possible avec l'abondance moderne, il faudrait, nous dit-on, se soumettre à la domination et à l'enrégimentation par l'État. Le peuple devrait devenir le serviteur des politiciens en fonction. C'est-à-dire établir le Socialisme d'État, dans lequel l'État Suprême, fonctionnant au moyen de commissions de planificateurs, de con­seils et de hordes de favoris politiques, réglemen­terait la production, la distribution, les prix, les salaires et le reste.

Sous le présent gouvernement libéral, nous avons déjà fait beaucoup de chemin sur cette rou­te. C'est le programme libéral officiel. Et mainte­nant le parti C.C.F. nous offre de finir la "job" et de nous donner le Socialisme d'État, d'une façon beaucoup plus complète. C'est le chemin de la dic­tature et de l'esclavage du peuple à la tyrannie la plus impitoyable, la tyrannie de l'État Suprême.

Le choix

Si vous aimez l'avant-goût du Socialisme d'État que nous avons, si vous voulez avoir une vie plani­fiée, réglementée et contrôlée par des bureaucrates insolents — s'il vous plaît d'être taxés, sermonnés et poursuivis partout, alors naturellement, vous donnerez votre appui enthousiaste à la dictature d'État que l'on nous promet. Vous travaillerez et vous voterez soit pour le parti libéral ou le parti C.C.F., suivant le degré d'enrégimentation que vous désirez ; c'est là leur programme.

Le mouvement Créditiste dénonce cette politi­que, et c'est le seul groupe d'action politique or­ganisé au Canada qui la dénonce effectivement. Les Créditistes croient que la démocratie — la vraie démocratie — une démocratie fonctionnant conve­nablement, prenant racines dans les plus hauts idéals et à base de principes chrétiens, est le seul ordre social qui convient à l'avenir du Canada.

Nous croyons que l'État et toutes ses institu­tions existent pour servir le citoyen comme per­sonne. Nous croyons que la liberté personnelle, et la sécurité économique essentielle à cette liberté, doivent être la pierre angulaire de notre édifice so­cial démocratique. Nous soutenons que presque tous les contrôles, les règlements et les autres ca­ractéristiques de notre système de bureaucratie pourrie et dominée par la finance doivent disparaî­tre. Et, à cette fin, l'on doit assurer à chaque Cana­dien le plus de sécurité économique possible et une entière liberté.

"Voilà le problème au Canada aujourd'hui — choisir entre Démocratie et Dictature d'État ; en­tre le Crédit Social et le Socialisme d'État ; la li­berté de la personne et son esclavage à l'État !

SOLON LOW

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