Le 26 novembre, M. Maurice Duplessis, accompagné de plusieurs de ses lieutenants, tenaient une assemblée publique à St-Joseph de Beauce.
Un créditiste de l'endroit, M. J.-Arthur Lessard, avait préparé pour l'occasion une circulaire dont il distribua 1,000 copies aux personnes présentes à l'assemblée.
Environ 200 copies furent jetées sur le sol. C'est donc environ 800 qui furent gardées en poche et portées à la maison.
Voici le texte de cette circulaire :
Citoyens de la Beauce,
ATTENTION !
Monsieur Duplessis, avez-vous autre chose à offrir au peuple que des critiques, des promesses et des farces ?
Vous ne pouvez pas donner la liberté et la sécurité économique aux Canadiens français de la Nouvelle-France sans prendre le contrôle de la monnaie et du crédit.
Quand un gouvernement se traîne à genoux devant le banquier pour emprunter, qui est le maître ? RÉPONSE : Le banquier.
Oui ou non, monsieur Duplessis ? La foule attend votre réponse.
Durant le temps de la crise, vous avez été premier-ministre. Qu'est-ce qui manquait ? La nourriture, du chauffage, des vêtements, des bons logements.
Le peuple manquait d'argent pour acheter ces choses qui existaient pourtant en abondance.
Qu'avez-vous fait, monsieur Duplessis ? RIEN.
Vous faisiez des farces, et vous étiez le valet de la finance.
Oui ou non ? C'est à vous de répondre. La foule attend encore une réponse. On vous jugera ensuite.
Si vous repreniez le pouvoir, feriez-vous mieux que par le passé ? Vous êtes-vous débarrassé des liens qui vous retiennent à la finance ?
Le peuple ne le croit pas, et ne veut plus de vous, ni de vos pareils. Vous avez été pesé et trouvé trop léger.
Électeurs de la Beauce, unissons-nous et demandons un dividende national pour chaque citoyen. Le gouvernement ne devra pas l'emprunter des banques, ni d'aucune institution financière, mais émettre sa propre monnaie, et toute nouvelle monnaie sera distribuée à tous les citoyens, selon la capacité de production du pays pour répondre à leurs besoins.
Électeurs, repoussons les vieux partis, qui nous ont menti et qui nous ont trahis. Unissons-nous dans un seul mouvement, afin de pouvoir exiger l'exécution de notre propre programme.
L'Union des Électeurs
de Saint-Joseph de Beauce
Monsieur Lessard suggère à d'autres d'exploiter cette veine quand ils en ont la chance. Laisser aux politiciens le soin de monter eux-mêmes les assemblées puisqu'ils disposent des moyens. Puis profiter de l'assemblée pour offrir le message créditiste, sans sabotage, sans ostentation : les gens savent lire.