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Une alliance

Gilberte Côté-Mercier le samedi, 15 avril 1944. Dans La vie créditiste

À la convention de Toronto, les organisations cré­ditistes de tout le Canada ont fait une alliance.

En réalité, il y avait deux grosses organisations réunies, la Ligue du Crédit Social de l'Alberta, et l'Union des Électeurs Créditistes de Nouvelle-Fran­ce.

Les autres provinces ont de petites organisations peu avancées.

Et de fait, à la convention, les problèmes furent discutés entre l'Alberta et Québec.

Au commencement de la convention, c'étaient des groupes qui étaient en présence. D'un côté, ceux qui voulaient une organisation politique com­plète immédiatement, l'Alberta ; et de l'autre côté, Québec, qui voulait une organisation éducationnel­le préparant les voies à l'organisation politique, sans bannir l'action politique immédiate là où les circonstances le permettent.

Les deux méthodes s'affrontaient en une joute pathétique. Pendant une journée entière, on dis­cuta, on se battit, puis on prit le vote.

Le vote par scrutin secret, très serré, 53 voix contre 47, donna gain de cause à l'Alberta.

Puis, Québec se rangea, sans toutefois engager sa responsabilité sur les détails de l'organisation.

La convention admettait donc à l'unanimité l'or­ganisation politique proprement dite.

La bataille avait duré tout un jour. Elle avait eu pour résultat de montrer la vigueur du groupe qué­bécois, sa détermination, et aussi sa générosité.

L'autre camp le comprit. Les tenants de l'organi­sation politique immédiate étaient fiers d'avoir ga­gné, mais aussi ils commençaient à admettre la sin­cérité des Canadiens français de Nouvelle-France.

Avant la convention, les créditistes de l'ouest ne connaissaient pas les créditistes de Québec. Le deuxième jour de la convention, les créditistes de l'ouest aimaient déjà les créditistes de Québec.

Ceux qui étaient venus à la convention et qui s'étaient rencontrés le premier jour, étaient des groupes, des associations avec de froids objectifs.

Le deuxième jour, c'étaient des personnes avec un cœur sensible qui se donnaient la main.

C'est le cœur qui aime, et le cœur est dans la personne, et les personnes ne peuvent se rencontrer sur des papiers ou à travers des constitutions et des règlements. Les personnes se rencontrent en se regardant dans les yeux. Voilà pourquoi sans doute Notre-Seigneur n'a pas dit aux apôtres : Écrivez aux hommes, parlez-leur à la radio. Mais, Il leur a dit : "Allez, enseignez." Allez, allez les voir chez eux.

Si l'Union des Électeurs créditistes de Nouvelle-France est forte et solide, c'est qu'elle est basée sur des rencontres, des visites, des contacts fréquents, répétés et persistants.

Si les créditistes de Québec et de l'ouest se sont compris à Toronto, c'est qu'ils se sont pressé la main et qu'ils se sont parlé.

C'est Dieu lui-même qui a donné aux hommes le commandement de s'aimer les uns les autres. Et c'est Dieu lui-même qui a mis une joie dans la pra­tique de ce commandement. C'est doux, c'est agréa­ble de s'aimer. Mais, c'est doux et agréable à la condition qu'on se voit. On ne peut donc être chari­table les uns envers les autres si on ne se voit pas.

La France et l'Allemagne furent souvent en guer­re l'une contre l'autre. C'étaient des groupes qui se regardaient à travers leurs intérêts respectifs seu­lement.

Mais, il y eut tout de même beaucoup, beaucoup de Français et d'Allemands amis et profondément amis. C'étaient des personnes qui se comprenaient, et étaient prêtes à se sacrifier les unes pour les au­tres, à se faire la charité.

On pourrait dire la même chose des Canadiens français et des Anglais du Canada. Pourquoi se sont-ils si peu aimés ? Sans doute à cause de leur peu de contacts, et des préjugés que chaque groupe en­tretenait l'un envers l'autre.

Faisons-les se rencontrer, mettre en commun leurs intérêts, se demander les uns aux autres la charité, unir leurs personnalités, au lieu de vouloir noyer une race dans l'autre. Faisons-les s'unir en gardant chacun leur génie et leur caractère. De­mandons-leur une alliance plutôt qu'une fusion. Et nous aurons des amis qui se fortifient les uns les autres et multiplient les résultats, à la place de races qui se détruisent.

Pour cette alliance, il faut un terrain commun. Et la convention créditiste de Toronto a montré que le Crédit Social était ce terrain commun tout dési­gné, puisque la première convention créditiste na­tionale, la première et non pas la dixième, la pre­mière a déjà produit ces résultats de charité.

Mais, comment une doctrine de charité comme le Crédit Social aurait-elle pu produire des fruits au­tres que des fruits de charité ?

Gilberte Côté-Mercier

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