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Un retardataire

Louis Even le lundi, 01 avril 1940. Dans Crédit Social

On nous communique un article signé par Louis Martel dans Le Progrès de L’Islet, du 9 mars, intitulé : Les banques créent-elles le crédit ?

L’auteur s’évertue à démontrer que les banques ne créent pas le crédit :

"Le crédit bancaire, comme tout acte de crédit d’ailleurs, constitue un échange, une transformation de la richesse en monnaie, mais jamais une production de richesse... Les banques se bornent à transférer une richesse d’une main dans une autre et à la transformer en monnaie. Échanger et transformer n’est sûrement pas créer."

Monsieur Martel a raison de dire que les banques ne produisent pas de richesse. Ce sont les cultivateurs, les ouvriers, les industriels, les techniciens, les chercheurs, les éducateurs, les artistes, etc., qui produisent la richesse. Pas les banquiers.

Monsieur Martel a tort de dire que les banquiers transforment la richesse en monnaie. La richesse reste richesse et le banquier crée la monnaie.

Lorsque vous empruntez $10,000 de la banque, et que vous gagez votre ferme ou votre usine, et que le banquier vous ouvre un crédit de $10,000, qu’arrive-t-il ? Votre ferme, votre usine existe encore, et $10,000 de monnaie qui n’existaient pas existent maintenant. La richesse (ferme, usine,) n’est pas transformée. Elle reste ce qu’elle était. Il y a la monnaie en plus, et cette monnaie est la création du banquier.

Monsieur Martel n’a pas besoin de se torturer l’esprit pour écrire deux colonnes et demie en défense d’une thèse que les maîtres du système ne soutiennent plus. À moins que monsieur Martel soit payé pour faire ce travail d’arrière-garde.

Il y a déjà plusieurs années que monsieur MacKenna, président de la plus grosse banque commerciale anglaise, écrivait :

"Tout prêt bancaire crée un dépôt ; tout remboursement détruit un dépôt. Le volume de l’argent dépend exclusivement de l’action des banques elles-mêmes".

Monsieur MacKenna en connaît certainement aussi long que le collaborateur du Progrès de l’Islet.

Monsieur Graham Towers est le gouverneur de la Banque du Canada, ancien vice-président de la Banque Royale. Donc pas un novice. Voici son témoignage devant le comité parlementaire de la Banque et du Commerce, pendant la session de 1939 :

Q. — Lorsque le gouvernement présente à la banque des débentures pour une valeur d’un million, la banque crée un million de dollars de monnaie nouvelle, ou l’équivalent ?

R. — Monsieur Towers : Oui.

Q. — Est-il vrai qu’un million de dollars de monnaie nouvelle sont créés ?

R. — Monsieur Towers : Cela est exact (Édition anglaise du Procès Verbal et Témoignages, page 238).

M. Marriner S. Eccles occupe aux États-Unis la même position que M. Towers au Canada, puisqu’il est gouverneur de la U. S. Federal Reserve Board. Il s’exprime ainsi :

"Lorsque les banques achètent des valeurs, elles ne le font pas avec de la monnaie existante. Elles créent de la nouvelle monnaie pour cette fin. Elles créent et détruisent littéralement l’argent."

Ni MacKenna, ni Towers, ni Eccles ne sont créditistes. Le gouvernement fédéral d’Ottawa non plus. On lit pourtant dans l’Annuaire du Canada de 1937, page 917, cette phrase on ne peut plus claire : Les banques commerciales créent le crédit.

Monsieur Louis Martel est au moins dix années en retard. S’il veut être à la page, qu’il étudie donc le Crédit Social.

VERS DEMAIN 1 avril 1940 p7 1940_04_No11_P_007.doc

Louis Even

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