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Un délinquant à dompter

le samedi, 01 juillet 1944. Dans Crédit Social

M. Réal Caouette nous écrit qu'au moins deux écoles du comté d'Abitibi-Ouest ont dû être fer­mées pendant le dernier exercice scolaire : l'école du village de Destor et l'école du Rang 5 d'Authier.

Deux écoles fermées, malgré la loi de la scolarité obligatoire. Et pourquoi donc ? N'y avait-il plus d'enfants d'âge scolaire dans le village de Destor et dans le rang 5 d'Authier ?

Oui, il y avait des enfants, mais ni instituteur ni institutrice.

Et pourquoi donc ni instituteur ni institutrice ? La province ne peut-elle plus en former ?

Oui, la province peut former des maîtres et des maîtresses. Mais ils sont las de se consacrer à l'en­seignement pour des salaires de famine. L'Union des Institutrices demande un minimum de $600. par année pour chacun de ses membres. C'est $50 par mois pour vivre. Ce n'est sûrement pas exagéré.

Mais les colons ne peuvent payer ce montant. Ils travaillent dur, les colons ; mais ils n'ont tout de même pas l'argent pour payer $600 à leurs institutrices, même avec l'aide insuffisante des octrois du gouvernement. Et alors, les écoles fer­ment, et les enfants restent chez eux.

Qui est le délinquant ?

La loi de la scolarité obligatoire prévoit des inspections pour relever les délinquants et les mettre à l'amende.

Qui est délinquant dans le cas du village de Destor et du rang 5 d'Authier ?

Pas les enfants puisqu'ils ne demanderaient pas mieux que d'aller à l'école. Pas les parents, puis­qu'ils ne demanderaient pas mieux que d'envoyer leurs enfants à l'école. Pas les institutrices ; puis­qu'elles ne demanderaient pas mieux que de gagner une vie décente dans l'enseignement. Pas les co­lons, puisqu'ils ne demanderaient pas mieux que de payer s'ils avaient l'argent.

Le délinquant, c'est l'absence d'argent. Le délin­quant, c'est le système qui ne met pas l'argent en rapport avec les possibilités et avec les besoins.

Les besoins, on les admet : besoin d'enseigne­ment pour les enfants ; besoin d'institutrices pour enseigner ; besoin de moyens de vivres pour les institutrices.

Les possibilités, on doit aussi les admettre. Les institutrices existent. Les moyens de les faire vivre existent aussi dans la province ; ils existent en na­ture, dans la nourriture, le vêtement, le logement, le chauffage, les soins de toutes sortes, que la pro­vince est capable de fournir. Mais ces moyens n'existent pas en argent ; et à cause de cela, les possibilités restent en face des besoins, les besoins restent en face des possibilités.

Le délinquant impuni

Où sont les inspecteurs du gouvernement pour dénoncer le délinquant, le système d'argent ? Quand le délinquant va-t-il être puni et forcé de se sou­mettre ?

Pourquoi fait-on de l'obligatoire pour les hom­mes, et n'en fait-on pas pour le système d'argent ?

Pourquoi des gouvernements qui ont des lois, une police, des amendes et des prisons pour domp­ter ou briser les hommes, n'ont-ils rien pour domp­ter le système d'argent ?

Pourquoi les gouvernements sont-ils si appliqués à mettre les hommes dans le carcan et si peu sou­cieux de faire la finance servir ?

Rendre obligatoire ou rendre possible ?

Dans le cas de Destor et du rang 5 d'Authier, est-ce l'obligatoire ou le possible qui aurait dû préoccuper le gouvernement ?

Le gouvernement appelle sa loi de la scolarité obligatoire un progrès. Depuis quand l'obligatoire est-il un progrès ? N'est-ce pas au contraire une marche vers la dictature ? La dictature n'est pas un progrès.

Il est assez curieux qu'on n'a jamais été chargé de tant d'obligatoires comme depuis qu'on se bat pour la liberté. C'est pourtant le propre des dicta­tures d'imposer l'obligatoire.

On répliquera que l'école est une bonne chose. Nous n'en doutons pas ; mais est-ce une raison pour imposer l'obligatoire.

Le ciel est une bonne chose aussi, mais le bon Dieu ne l'a pas rendu obligatoire. Il l'a fait désira­ble, puis il l'a rendu possible. C'est pour rendre le ciel possible aux hommes que Notre-Seigneur s'est fait homme et a laissé à son Église des sacrements et un trésor spirituel acquis par ses mérites infinis.

Si, au lieu de rendre les bonnes choses obligatoi­res, le gouvernement s'appliquait, lui aussi, à les rendre simplement possibles, il accomplirait mieux sa fonction et obtiendrait de meilleurs résultats sans supprimer la liberté.

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