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Sixième année

Louis Even le mercredi, 15 novembre 1944. Dans La vie créditiste

Avec, le présent numéro, le journal VERS DE­MAIN entre dans sa sixième année.

Six années de VERS DEMAIN, c'est en même temps six années de Crédit Social.

VERS DEMAIN n'avait pas une grosse liste d'a­bonnés, au commencement de sa première année ; il en compte 34,364 bien en règle en entrant dans sa sixième année. C'est sûrement un progrès.

Et le Crédit Social, a-t-il grandi aussi ? Il est un peu plus vieux que Vers Demain. Ce sont les Ca­hiers du Crédit Social qui ont veillé sur son ber­ceau.

Combien y avait-il de créditistes dans la provin­ce de Québec en 1934 ? Combien y en a-t-il en 1944 ?

Combien bougeaient pour le Crédit Social il y a huit ans ? Combien bougent pour le Crédit Social aujourd'hui ?

Pour ceux qui ont connu les débuts et qui sont encore sur les lieux pour voir le développement ac­tuel, la différence est très réconfortante.

* * *

Ce n'est pas là le travail d'un seul homme, ni même d'un seul petit groupe. C'est toute une ar­mée qui est à l'œuvre pour l'idéal créditiste.

Le grain de sénevé s'est changé en un grand ar­bre. Cela prouve d'abord que la graine était bonne, chargée de vie en puissance. Puis cela prouve aus­si que le plant a reçu d'assez bons soins. Le com­pliment, encore une fois, n'est pas réservé à quel­ques-uns, mais va à tous ceux qui mettent la main à l'ouvrage.

Il y a des créditistes qui sont à la peine depuis les premiers jours, ils ont au moins fait preuve de ténacité.

D'autres ont commencé, puis ont ralenti, dispa­ru même peut-être, temporairement, mais sont re­venus. Par ce retour, ils ont fait preuve de convic­tion, car c'est la conviction qui les fait reprendre la charrue pour continuer les sillons.

D'autres sont venus plus tard, parce qu'ils n'a­vaient pas eu l'avantage de recevoir le message plus tôt, ou parce que les circonstances de milieu contrecarraient leur action personnelle. Mais, ve­nus tard, ils sont venus quand même avec ardeur, et le mouvement fait d'immenses progrès depuis qu'ils fournissent leur part.

À tous, VERS DEMAIN, organe du mouvement créditiste en Nouvelle-France, dit un merci sincère. À personne, il ne dit : C'est assez, vous pouvez vous reposer.

En cinq années de vie, VERS DEMAIN n'a pas encore appris à dire : C'est assez. On connaît VERS DEMAIN : il parle un tout autre langage.

* * *

Et ceux qui étaient là au début du mouvement, puis qui ont diminué, abandonné même leurs acti­vités et ne sont pas revenus, qu'est-ce que VERS DEMAIN va leur dire ?

Que voulez-vous qu'il leur dise ? Le Crédit Social est un chant de liberté, et le mouvement créditiste n'a jamais pu être porté que par des collaborateurs libres. C'est un mouvement de volontaires.

Ceux qui ont quitté parce qu'ils étaient décou­ragés, parce qu'ils croyaient la tâche impossible, ont de quoi refaire leur jugement en constatant le progrès CONSTANT du mouvement créditiste en Nouvelle-France. Constant, en pleine guerre, sous tous les orages, malgré tous les adversaires.

Ceux qui auraient abandonné parce qu'ils ne trouvaient pas dans le mouvement créditiste de Nouvelle-France l'atmosphère qu'ils avaient rêvée pour nourrir leurs aspirations politiques personnel­les, ont débarrassé le mouvement d'une scorie que nous nous ferions un crime de regretter.

Cela ne veut pas dire que l'organisation crédi­tiste de Nouvelle-France ne doive comprendre que des saints canonisables. Pas du tout. Mais, il faut se réjouir si les éléments les moins désintéressés sont ceux qui vont le moins haut et le moins loin. C'est une protection pour un idéal aussi pur que ce­lui du Crédit Social.

Nous n'avons ni le goût, ni le temps, lorsque quelqu'un ralentit ou quitte les rangs du volonta­riat, de faire à sa place l'examen de sa conscience, ni de nous acharner à le raccrocher.

Si nous faisons incidemment ces réflexions, c'est pour passer à des moins expérimentés le bénéfice d'une leçon que nous avons dû apprendre. Il faut savoir accepter des départs qui font de la peine pour commencer : si l'on s'attardait à attendre les retours avant de continuer, on n'avancerait pas.

Dans l'histoire de tous les grands mouvements, il y a des faits de ce genre. Et ordinairement, celui qui se retire fait d'autant plus de bruit qu'il était moins désintéressé. C'est ce bruit-là qui impres­sionne les faibles. C'est pourtant ce bruit-là qui de­vrait les rasséréner, car il est significatif.

* * *

Mais, ce qui peut au moins rassurer tout le ba­taillon créditiste, c'est que le Crédit Social gagne toujours du terrain. Et il forme des hommes de plus en plus capables. Les méthodes ne sont donc point si mal choisies.

Ce n'est pas trop surprenant, parce que, dès qu'­une méthode cesse de donner des résultats, nous l'abandonnons, même après l'avoir d'abord choyée. C'est encore un détachement à pratiquer. Et c'est encore un détachement fécond.

Défricheurs, Voltigeurs, Clairons, vous tous de l'Institut d'Action Politique, qui contribuez à gros­sir l'abonnement, à monter et orienter l'Union Cré­ditiste des Électeurs ; vous aussi, les Abonnés, les Croisés et les Mitrailleurs, qui collaborez par votre bonne réponse à ceux qui frappent à votre porte — réjouissez-vous de voir votre journal entrer dans sa sixième année avec une telle force, la poitrine gonflée d'avenir. C'est vous qui lui avez commu­niqué cette vigueur, c'est vous qui lui ouvrez ainsi l'avenir.

Louis Even

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