Gérard Mercier revient d'une tournée dans les comtés de Chicoutimi, Lac Saint-Jean et Roberval. Onze groupes de la région sont inscrits pour des sorties et du porte-en-porte tous les dimanches.
Chaque semaine, réunions régulières de Voltigeurs, Défricheurs, Clairons et autres catégories de travailleurs créditistes aux endroits suivants : Arvida, le lundi soir, chez Pierre Bouchard, 583
rue Hunt ; Chicoutimi, le mardi soir, salle paroissiale ; Jonquière, le mercredi soir, petite salle de l'hôtelde-ville ; Kénogami, le vendredi soir, chez Alfred Massé, 6 rue Bergeron.
Saint-Narcisse de Champlain, le dimanche 10 septembre. Mlle Gilberte Côté y a fait une conférence après la grand'messe. Un peu plus tard, elle est chez Ernest Cossette, Rang des Chûtes.
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— "Passez ici, dans le salon, Mademoiselle, je veux vous montrer quelque chose. "Voyez-vous ce portrait ? C'est mon arrière-grand-père. C'est lui qui a défriché cette terre. Tout Saint-Narcisse n'était qu'une forêt dans ce temps-là. Il fut pionnier.
"Ici, c'est mon grand-père. Il a continué. Toute sa vie, il a travaillé sur le lot que j'habite.
"Voici maintenant le portrait de mon père. Lui aussi a consacré toutes ses sueurs à cette même terre.
"Puis me voici. Depuis mon enfance, je travaille sur ma terre. J'ai des garçons, et ils ont travaillé sur ma terre.
"Cinq générations de Canadiens ont taillé ce petit domaine.
"Eh bien, mademoiselle, aujourd'hui je suis sous le Prêt Agricole. Les titres de ma terre, je ne les ai plus, ils sont rendus à Québec. Et s'il prend fantaisie au gouvernement de socialiser, de s'emparer des terres, il n'aura pas grand'chose à faire, il a mes titres dans ses tiroirs."
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Le Prêt Agricole, institution pour mitiger un peu les conditions des cultivateurs condamnés à s'endetter. Mais le régime qui force à s'endetter, pour rester sur leur terre, les héritiers de la quatrième et cinquième générations, quel nom lui donner ?
On conçoit encore qu'un colon emprunte pour avoir de quoi commencer dans le bois. Mais si les fatigues et les sueurs de cinq générations doivent aboutir à faire du cultivateur un hypothéqué de financiers qui ne sont pas capables de labourer un arpent, et quand ce n'est pas un fait isolé, mais le sort de milliers d'autres, il y a quelque part, dans le régime, un rouage pour faire des financiers des voleurs, et des travailleurs des volés.
Les créditistes savent où est ce rouage. Et, cher monsieur Cossette, soyez assuré, et avec vous la masse des autres victimes, que le mouvement créditiste de Nouvelle-France n'arrêtera pas tant que fonctionnera la machine à voleurs.
Asbestos vint au Crédit Social dès les tout premières années du mouvement. L'abonnement toucha même un niveau très élevé dans cette ville de l'amiante. Puis vint un fléchissement. Mais depuis quelques semaines, c'est un véritable renouveau, sous la conduite du chef d'équipe local, Roland Pelletier. Un autre Roland, le trésorier provincial de l'Union Créditiste des Électeurs, Roland Corbeil, est particulièrement content d'Asbestos. Il ne s'y trouve que trois Clairons, mais ils ont en main une liste de 62 créditistes, engagés à fournir une contribution déterminée chaque semaine. C'est en moyenne $25.00 qui tombent d'Asbestos dans la caisse de notre Trésorier chaque semaine. Bon moyen, pour ces créditistes de vieille date, de faire honneur à leur titre d'aînés dans le mouvement. Ajoutons que les Voltigeurs d'Asbestos sortent tous les dimanches.
Depuis l'élection du 8 août, notre publiciste provincial, Edmond Major, a repris l'envoi hebdomadaire de communiqués à tous les journaux quotidiens et hebdomadaires de la province. Et les Épistoliers de Jean Grenier suivront de près leur presse locale pour voir si ces communiqués y paraissent.
Il nous fait plaisir de constater que l'on insère de plus en plus ces communiqués dans les colonnes des journaux.
Le Canada (exemple, 25 septembre) et la kyrielle de petits hebdomadaires rouges qui s'en inspirent, a l'habitude de défigurer ces communiqués, en les habillant dans des commentaires désobligeants, mais les nouvelles y passent quand même.
L'Évènement-Journal, Le Soleil et L'Action Catholique, 28 septembre et 4 octobre, ont donné fidèlement rapport de la délégation des créditistes de Québec à l'hôtel-de-ville ; Le Devoir de Montréal en a dit un mot.
Nous avons relevé les communiqués de M. Major, au cours de la dernière semaine de septembre, dans L'Écho de Frontenac, Le Guide (Ste-Marie de Beauce), L'Étoile de l'Est (Coaticook), Le Progrès de Thetford, L'Éclaireur (Beauceville), L'Homme Libre (Drummondville), Le Dorchester. D'autres ont évidemment échappé à notre observation.
Nous avons lu avec un vif intérêt le premier éditorial du Nouvelliste (Trois-Rivières), du 6 octobre, intitulé "Pas de coalition Crédit Social et C.C.F.", très bien écrit et citant cette phrase de M. Major : "La C.C.F. veut mettre la personne à la disposition de l'État, alors que le Crédit Social veut mettre l'État au service de la personne."
Jour : mardi soir, 2 octobre. Place : Victoriaville. Un groupe de créditistes — une douzaine — s'est réuni pour recevoir le commandant de district, Hervé Provencher, et le trésorier, Roland Corbeil. Les deux personnages n'arrivent qu'à neuf heures. Après les salutations, les créditistes s'asseoient pour écouter M. Corbeil. Mais le Trésorier est venu pour de la finance. Et la finance, il faut aller la chercher aux maisons. Donc, des visites aux maisons des abonnés. — Mais il est tard, remarque-t-on, trop tard pour commencer. — Il est tard, réplique le Trésorier, raison majeure pour commencer tout de suite, sans discours.
On sort à neuf heures et demi. On rentre à dix heures et quart. Trois quarts d'heures seulement. Résultat : $32.00 pour la cause créditiste.
Après la Colombie, c'est la Saskatchewan qui entre en ferment pour le Crédit Social.
Jack Landeryou, député provincial de l'Alberta, est allé donner un coup de main à A. J. Miller, Sec.-trés. de la Saskatchewan Social Credit League. Landeryou a passé trois jours dans le comté de North Battleford. Puis, trois autres jours dans Rosetown-Biggar, comté de Coldwell, le chef fédéral C.C.F. On sait que Landeryou fut expulsé à coups de poing d'une assemblée de Coldwell en Alberta l'été dernier.
Miller et Landeryou ont ensuite travaillé pendant six jours dans le comté de Maple Creek. Six autres jours dans Swift Current.
De leur côté, le Rév. E. G. Hansell, député fédéral de l'Alberta, et le Dr J. N. Haldeman, coordinateur de la Ligue de la Saskatchewan, ont parlé en diverses villes : à Moose Jaw le 6 octobre, à Milestone (Co. Weyburn) le 9, à Radville le 10, à Vibank le 11.
Un autre député fédéral albertain, Robt. Fair, opère aussi en Saskatchewan, dans les comtés de Battleford, Rosetown-Biggar et North Battleford, donnant six jours à chaque comté.
Enfin, l'Hon. Lucien Maynard, procureur-général d'Alberta, sera du 30 octobre au 4 novembre dans le comté de Gravelbourg.
Ceux qui parlent d'alliance entre le Crédit Social et la C.C.F. sont donc dans les patates. La C.C.F. a voulu envahir l'Alberta lors de la récente campagne provinciale ; les créditistes d'Alberta rendent la politesse. Et le Crédit Social avance.