Chers Créditistes de Nouvelle-France,
N'est-ce pas que vous voudriez tous être de la grande fête créditiste qui se déroule ce soir dans la capitale de la Nouvelle-France ?
Depuis hier, 600 congressistes, venus du nord, du sud, de l'est et de l'ouest de notre grande province, se voient, se causent, fraternisent et sèment ou cultivent le message partout où ils mettent les pieds.
Et vous savez qu'ils n'ont point les pieds liés, les créditistes. Ni les pieds, ni la langue. S'ils savent bouger et parler dans leurs paroisses respectives, ils n'ont certainement pas fait 50, 100, 200 ou 500 milles dans l'intention de coller.
Aussi le Crédit Social est sur les routes et dans l'air dans le district de Québec. Il envahit la capitale ce soir.
Toute la journée, nos congressistes ont salué la population de 25 paroisses rurales à la porte de 25 églises et visité les familles dans les rangs les plus reculés.
Ce soir, les voici assemblés dans Giffard, en ordre de procession, n'attendant que le signal pour se mettre en marche. Dans une demi-heure, le défilé va s'ébranler. Il va grossir, en traversant Giffard, Limoilou, la Basse-Ville, au son de la fanfare et les drapeaux au vent.
Les créditistes montent à l'assaut de la capitale ; ils vont s'emparer du Palais Montcalm, en bonder la grande salle, les corridors et la place environnante. Ah ! si vous aviez pu venir tous, vous les fervents créditistes de Nouvelle-France, ce n'est pas le Palais Montcalm, c'est le Parc des Champs de Bataille qu'il aurait fallu envahir pour l'occasion.
C'est que votre force grandit, créditistes. Elle grandit par le nombre ; mais elle grandit aussi par la valeur des hommes qui composent la belle armée de la libération.
À titre de directeur provincial de l'Union Créditiste des Électeurs, je crois devoir, en cette circonstance solennelle, rendre hommage et à la doctrine créditiste et aux hommes qu'elle a formés. Doctrine dynamique, pure et féconde. Sont là pour l'attester, les bataillons alignés à Giffard, et les bataillons encore plus nombreux que la pauvreté ou les rationnements empêchent de prendre part à cette manifestation.
Ils sont porteurs de foi, d'espérance et d'amour, nos Voltigeurs et Défricheurs du Crédit Social. Nul autre mouvement profane n'a jamais produit une aussi belle moisson d'hommes. Il fait bon le proclamer à la face du pays ; et c'est la meilleure réponse du mouvement créditiste à ses dénigreurs, à quelque enseigne qu'ils logent.
Salut donc, Créditistes en congrès. Salut, Créditistes de toute la province. Salut, patriotes décidés à mettre au service des familles, sans restriction artificielle et barbare, l'abondance dont la Providence, le travail de dix générations et le progrès ont gratifié notre Nouvelle-France !
Mes amis, les Créditistes du Québec,
Je suis très heureux d'être des vôtres dans votre grand Congrès du Crédit Social. J'ai joui de chaque minute de cette visite, qui est ma première dans votre ville. La sincérité de vos souhaits et la franche amitié des gens m'ont beaucoup impressionné.
Vous m'avez honoré, en m'invitant à venir assister à votre congrès. J'ai accepté l'invitation avec un immense plaisir, parce que j'étais désireux de me rendre compte de l'esprit qui a remporté un si grand succès pour notre mouvement créditiste dans la Province de Québec, et en même temps je souhaitais ardemment cimenter ce lien d'amitié et de bonne entente existant entre nous, et qui eut ses débuts à la convention de Toronto.
J'ai une grande admiration pour vos chefs dans le Québec, car ils ont fait preuve, par leur sincérité, leur courage et leur volonté, qu'ils sont des hommes et des femmes de haute valeur. Je suis fier d'être associé avec eux dans ce grand mouvement pour la libération du peuple canadien. Aussi les travailleurs et les directeurs de l'organisation du Crédit Social du Québec, ont démontré leur valeur par les résultats splendides obtenus par leur travail. Je les félicite et j'applaudis leur zèle et leur esprit qui ont leur source dans les fermes convictions.
Vous m'avez chargé d'une grande responsabilité en me nommant votre chef. Mais vous m'avez beaucoup aidé pour remplir mes fonctions en me donnant comme Vice-Président, mon ami et collègue, Monsieur J.-E. Grégoire. Ensemble nous irons de l'avant, à votre service, et au service de tout le peuple canadien, afin de créer chez les gens de bonne volonté l'enthousiasme nécessaire pour entreprendre avec courage une tâche difficile, la tâche de sauver de l'esclavage notre pays bien-aimé ! La main dans la main nous avancerons, en démontrant que nous ne sommes pas divisés par des préjugés de race ou de religion. En effet, nous Créditistes, devons adopter comme principe de vie — et le pratiquer ouvertement — l'union qui constitue la base de la véritable fraternité humaine.
Et maintenant je vous apporte les souhaits de vos confrères de l'Ouest. Voici leur télégramme : "They wish for you every success in your efforts in Quebec, and they assure you of their affection and their sincere interest in your great fight."
En terminant, je vous remercie de votre bonté pour moi et de votre gracieuse hospitalité.
Mes chers Compatriotes,
Si les créditistes de huit provinces, assemblés en Convention à Toronto, m'ont fait la surprise de m'élire vice-président de l'Association Créditiste du Canada, je n'ai point pour cela cessé d'être enfant de ma province.
D'ailleurs, la philosophie créditiste a justement cette vertu, de permettre le développement libre des personnes et des groupements inférieurs. Elle est par nature opposée à toute centralisation. Aussi l'Association Créditiste du Canada fédère, associe ; elle n'absorbe pas, elle supprime encore moins.
Plus les organisations provinciales, qui en sont membres, sont individuellement fortes, plus l'Association le sera elle-même. Plus les organisations provinciales cultiveront leurs vertus propres, plus l'Association nationale aura de valeurs à exhiber.
Voilà la grande leçon de la Convention Créditiste de Toronto, que nul autre groupement politique n'a jamais pu apprendre, parce que tous veulent le pouvoir, tous cherchent à dominer en diminuant la liberté des personnes, mais en se pliant docilement aux dictées de la finance centralisatrice.
C'est l'objectif commun, et non l'ablation des vertus particulières, qui établit la véritable unité. Cette unité-là ne mortifie aucune des parties composantes, elle les satisfait toutes dans ce qu'elles ont de commun et respecte religieusement ce qui ne l'est pas.
Et l'objectif commun du Crédit Social est aussi universel que les aspirations et les besoins communs à tous les hommes.
Les trois repas par jour, pour mon voisin comme pour moi-même ; le vêtement, le logement assurés à tous, à mes voisins comme à moi-même. Le pain quotidien : le Maître par excellence ne nous le fait-il pas demander en commun ? "Notre pain quotidien", celui des autres comme le mien.
Le pain quotidien, mais avec la liberté. Pas le pain lié aux chaînes du prisonnier ou au fouet de l'esclavage. Le pain quotidien, libre des enquêtes, des inspections, des discriminations, des conditions mesquines de gouvernements plus avides de se ménager des votes que d'assurer la prospérité commune.
Ni la liberté grimaçante du chômeur d'avant-guerre, qui pouvait souffrir et mourir sans que personne y mette obstacle. Ni le pain soumis à l'encarcanement, que les plannistes promettent au monde d'après-guerre.
Mais le pain ET la liberté. Deux choses auxquelles le colon du nord tient autant que le parvenu des quartiers aristocrates de nos grandes villes.
Le pain et la liberté. Deux choses que le pêcheur de l'Atlantique comme celui du Pacifique, que le bûcheron du Nouveau-Brunswick comme le fermier de l'Ouest, que le cultivateur de la plaine laurentienne comme le jardinier de la péninsule de Niagara, savent également apprécier.
Le pain et la liberté. Le pain, parce que Dieu a donné un corps à l'homme. La liberté, parce que Dieu a donné un esprit à l'homme.
Le pain et la liberté, pour les petits comme pour les grands, pour ceux qui peinent comme pour ceux à qui la vie est plus clémente. Le pain et la liberté, pour tous et pour chacun, parce que le pain abonde et parce que la liberté est sacrée.
À titre de vice-président de l'Association Créditiste du Canada, je me joins de tout cœur à l'Honorable Solon Low pour saluer, au nom des créditistes de toutes les provinces, l'Union Créditiste des Électeurs de Nouvelle-France et ses dévoués Commandants, Voltigeurs et Défricheurs, qui donnent un bel exemple à tout le pays. Salut, humbles et vaillants serviteurs de la Nouvelle-France et de la grande patrie canadienne !
Oui, nous vous saluons, les bâtisseurs et les conquérants de la Nouvelle-France.
Il nous semble que toutes les femmes et tous les enfants du pays sont venus ici vous voir passer et reprendre courage.
Regardez-les donc, mais regardez-les toutes, vos mères, vos femmes. C'est elles qui se sont tant sacrifiées pour fonder des foyers et une patrie. Et c'est elles qui, l'âme broyée par le chagrin et le désespoir, avaient vu leurs efforts inutiles, parce qu'elles ne pouvaient donner au pays que des proies pour la misère et la boucherie.
Regardez-les reprendre courage aujourd'hui, les femmes de chez nous, les vaillantes canadiennes. Regardez-les sécher leurs larmes, créditistes. Elles vous regardent passer avec joie et fierté, parce qu'elles se disent que les hommes enfin se sont levés pour les sauver, elles et leurs petits.
Et les petits enfants, leur voyez-vous les bras tendus vers vous, qui vous encouragent par leur sourire et leurs caresses.
Les petits enfants d'aujourd'hui, les petits frères et petites sœurs des autres qui manquaient de lait et de soins pendant la crise, les petits frères et petites sœurs des autres qui se font tuer pendant la guerre, mais regardez-les donc. Leurs joies à eux et leur insouciance ne vous fera plus mal au cœur, puisque vous savez qu'ils ne seront pas pour le chômage et le carnage comme les vieux.
Salut de la part de toutes les femmes de Nouvelle-Françe, à vous les hommes qui vous êtes levés.
Vous êtes debout maintenant. Vous n'avez plus le droit de vous reposer avant la victoire finale.
Vous défilez aujourd'hui dans les rues de Québec, au son de nos chansons canadiennes et françaises. Votre pas est sûr et léger comme le pas de tous les héros qui ne voient que le but. Tout à l'heure, vous monterez la colline de capitale. Vous n'en serez pas moins alertes et joyeux. C'est que cette montagne de la ville de vos ancêtres figure pour vous la montagne du Crédit Social. Vous êtes accoutumés de monter. Et la lumière des sommets, qui attire vos âmes, vous fait oublier le chemin qui y mène.
Le tambour vous aide. Il jalonne la route, comme les succès de vos fêtes créditistes jalonnent votre marche vers le succès dernier. Et votre drapeau si pur, si beau. Regardez-le donc dans le ciel du soir, comme il brille ! Il est en joie, lui aussi. Il fête la liberté, qui s'en vient bientôt, car ce soleil qui se couche est une annonce de la gloire de demain.
Tous ensemble, créditistes réunis au congrès, avec tous les créditistes qui n'ont pas pu venir et qui nous suivent aux écoutes ; avec ceux mêmes qui n'entendent pas encore notre voix sur les ondes, parce qu'ils sont prisonniers des voleurs de liberté ; avec ceux aussi qui sont encore dans les ténèbres de l'ignorance, parce qu'ils sont prisonniers des voleurs de lumière ; avec tous les hommes qui ont le droit d'être libres, ---- debout comme des guerriers, la tête droite et le cœur en feu, tous ensemble, nous saluons notre drapeau qui nous mène au salut de la Nouvelle-France !
Dimanche 2 juillet fut le jour d'action créditiste au Congrès, tel qu'annoncé dans le programme.
Prirent part à l'action dans les 25 paroisses, les équipes venues des quatre coins de la province. Plus de 90 équipes étaient représentées.
Au cours du Congrès, il fut pris 1020 abonnements à "Vers Demain", dont 622 dans les 1912 visites du dimanche après-midi.
L'assemblée au Château-Laurier, Ottawa, organisée pour l'Hon. Low et M. Grégoire, le 5 juillet, fut un grand succès. La salle débordait. De nombreux curieux écoutaient dans le corridor. Plusieurs députés étaient parmi les auditeurs.
M. Low fut évidemment l'orateur principal. Il n'a pas manqué les financiers internationaux qui sont en train d'enserrer le monde après l'avoir affamé et l'avoir conduit dans un bain de sang.
Notre M. Grégoire fit une magnifique impression, tant par la partie anglaise que par la partie française de son discours. M. Grégoire prend figure nationale, et il fait honneur à la province de Québec. Les créditistes de Nouvelle-France sont fiers de l'avoir dans leurs rangs.
Nous félicitons M. Turpin, de Hull, l'organisateur de cette assemblée.
L'Union Créditiste des Électeurs appuie officiellement pour le moment onze candidats : dans Abitibi-Ouest, Abitibi-Est, Rouyn-Noranda, Roberval, Lac St-Jean, Chicoutimi, Montmorency, Beauce, Frontenac, Shefford et Stanstead.
Elle n'a rien à voir avec Robert Dupuy qui se présente sous l'étiquette créditiste dans Québec-Ouest. D'ailleurs, les créditistes organisés de la ville de Québec emploieront beaucoup plus efficacement leurs énergies et leur aide financière dans le comté de Montmorency, où nous avons un candidat officiel.
M. Louis Even et Mlle Gilberte Côté ont présidé quatre conventions de comté, dont l'originalité et le succès ont enthousiasmé les créditistes et désarçonné des adversaires.
La convention du comté de Roberval eut lieu à St-Félicien le dimanche 9 juillet, après-midi. Salle archicomble ; autant de personnes dehors ; haut-parleur. Assemblée ouverte par J.-Arthur Bouchard, de St-Félicien. Secrétaire : Joseph Pednault, de St-Augustin.
Candidat choisi à l'unanimité : Gabriel Lacasse. II avait été proposé par Gédéon Therrien, de St-Félicien ; la proposition fut secondée par Roméo Laforest de St-Augustin, et appuyée par Ch.-Ed. Langevin de Roberval, Achille Côté de Milot, Raoul Hébert de St-Méthode, Édouard Girard de Chambord, Théophile Côté de Péribonka et Edmond Thibault de La Doré.
Après un discours du candidat choisi, Mlle Gilberte Côté fit l'appel nominal des délégués et d'autres pour financer l'élection. Les contributions s'élevèrent au total de $700. Le peuple veut se libérer.
Le soir du même jour, convention du Lac St-Jean à St-Joseph d'Alma. La grande salle de l'hôtel-de-ville n'était pas assez grande. Des hauts-parleurs tinrent les personnes de l'extérieur au courant. L'assemblée fut ouverte par Élie Tremblay, de St-Joseph d'Alma.
Candidat choisi à l'unanimité : Edmond Major. Le choix de M. Major avait été proposé par Joseph Girard, d'Alma, secondé par Joseph Leclerc, de Metabetchouan, appuyé par François Jean de St-Cœur de Marie, Maurice Gaudreault de St-Henri de Taillon, Conrad Villeneuve de Desbiens, Méridée Boily d'Hébertville Station, Adrien Brisson d'Ile Maligne.
L'appel aux contributions financières, conduit par Mlle Côté, apporta $651.33.
La convention du comté de Chicoutimi se tint à la salle paroissiale de Chicoutimi le lundi soir, 10 juillet. Elle fut ouverte par Emery Lelièvre de Chicoutimi. Secrétaire d'assemblée : Aimé Simard, de Chicoutimi.
Candidat choisi à l'unanimité : Pierre Bouchard, d'Arvida. Cette nomination avait été proposée par Rosaire Fortier d'Arvida, secondée par Albert Savard de Jonquière, et appuyée par Roland Tremblay de Ste-Anne, Xavier Savard de St-Jean Eudes, Louis-Albert Gagnon de Bagotville, Georges Bouchard de Kénogami et David Maltais de Chicoutimi.
Mlle Gilberte Côté conduisit encore l'appel à l'aide financière. Résultat : $985 et l'usage gratuit de deux automobiles jusqu'à l'élection.
Convention à Château-Richer, ouverte par Napoléon Moreau de Ste-Anne de Beaupré, qui agit ensuite comme secrétaire après avoir passé la présidence à M. Even.
Candidat choisi à l'unanimité : Adélard Bélair, de Sillery. Choix proposé par Pitre Simard de Ste-Anne de Beaupré, secondé par Antoine Bélanger de Beaupré, et appuyé par Gérard Crépeault de St-Tite des Caps, Émile Ferland de St-Pierre, Joseph Grégoire de Ste-Pétronille, J.-A. Gravel de Château-Richer.
Les contributions atteignirent la somme de $575.64.
La convention du comté de Frontenac n'a pas été présidée par les directeurs provinciaux de l'Union Créditiste des Électeurs, alors occupés ailleurs ; mais on nous écrit qu'elle a été un succès. Elle fut tenue à Lac Mégantic le dimanche 9 juillet après-midi, avec 72 délégués représentant 12 Paroisses, sous la présidence de Thomas Latulippe.
Candidat choisi à l'unanimité : René de Blois. La proposition, faite par Rodolphe Hamel de Lac Mégantic, fut secondée par Georges Lamontagne de St-Hilaire de Dorset. Les créditistes du comté ont fourni $733.50 pour l'élection.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, il reste quatre conventions au programme : Shefford, Stanstead, Rouyn-Noranda et Abitibi-Est. Elles seront présidées par M. Even, et Mlle Côté fera l'organisation immédiate.