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Quelle politique, et quand ?

le mercredi, 01 novembre 1944. Dans La vie créditiste

Les notes suivantes résument l'allocution de M. Louis Even à la belle réunion des délégués et Voltigeurs de 53 comtés, à Montréal, le 22 octobre.

Deux sortes de politique

Faire de la politique, c'est s'occuper de la chose publique, pour mettre les institutions gouverne­mentales au service des citoyens. Non pas pour obtenir des faveurs personnelles, ni pour remplacer les initiatives privées ; mais pour établir des condi­tions générales telles que chacun puisse librement organiser sa vie, sans nuire au même privilège chez ses concitoyens.

L'Union Créditiste des Électeurs s'organise pour pratiquer la politique, et elle reconnaît deux gran­des méthodes à employer pour atteindre les fins de la politique :

La politique d'élection, qui consiste à choisir ceux qui vont gouverner ;

La politique de pression, qui insiste pour que les hommes ainsi choisis répondent à ce que les élec­teurs attendent d'eux.

Politique de pression

Quand pratiquer la politique de pression ? Quand c'est le temps et qu'on en est capable.

Quand est-ce le temps de faire de la politique de pression ? Toujours, au moins pour la vigilance à exercer. Mais il y a aussi des actes concrets de politique de pression à exercer chaque fois que le besoin s'en fait sentir.

Et quand est-on capable d'exercer une politique de pression ? Lorsqu'on possède une force pour fai­re pression.

Il y a des forces isolées et il y a des forces orga­nisées.

Les forces isolées peuvent produire un certain effet, surtout si, tout en étant isolées, elles tendent vers un même but.

Exemples de forces isolées : les Épistoliers dans l'Union Créditiste des Électeurs. Ils travaillent en francs-tireurs. Leurs lettres hebdomadaires ne sont pas sans créer au moins une première impression sur le destinataire. Elles dérangent un dormeur ou un embourgeoisé, et l'avertissent qu'il y a des surveillants.

Les forces organisées pour des pressions collecti­ves, sont plus longues à monter, mais plus décisives lorsqu'elles sont à l'action.

Pour qu'une politique de pression soit efficace, il faut qu'elle sache choisir le sujet et la cible de sa pression.

Le sujet, ce ne peut être qu'un objectif d'intérêt commun, ou bien ce n'est plus de la politique. La recherche de positions, de faveurs, n'est pas de la politique.

Le sujet peut être d'intérêt public municipal, provincial ou national. Les sujets de pression doi­vent être pris dans l'ordre de leur importance : les plus pressés, les premiers ; ceux qui touchent le bien du plus grand nombre avant ceux qui touchent le bien de sections ; ceux qui se rapportent au néces­saire avant ceux qui se rapportent au désirable moins urgent.

La cible de la pression, c'est le personnage ou l'organisme sur lequel il convient d'exercer la pres­sion. La pression doit s'exercer sur le responsable des résultats, dans la juridiction ou le domaine auquel appartient le sujet de la pression.

Dans la politique provinciale ou fédérale, le su­jet tout trouvé de la pression est le député pro­vincial ou fédéral, puisque c'est lui qui est le porte-parole des électeurs. Mais ce peut être aussi le mi­nistre duquel dépend la décision, surtout lorsqu'il s'agit d'un sujet affectant toute la province ou toute la nation.

Pour que la pression organisée et collective soit recommandable, il faut qu'il y ait chance d'obtenir le résultat demandé, au moins en partie.

La politique de pression développe ceux qui la font, en même temps qu'elle secoue ceux qui la subissent.

Politique d'élection

Quand pratiquer la politique d'élection ? Quand c'est le temps et qu'on est capable.

Quand est-ce le temps ? Lorsque le gouvernement décrète une élection. Le temps ne dépend donc pas

des électeurs. Et ce ne peut être qu'une politique de passage, puisque les campagnes électorales ne durent que quelques semaines.

Ici encore, il ne suffit pas que ce soit le temps, il faut être capable de l'entreprendre.

Quand en est-on capable ? Lorsqu'on a dans le comté une organisation suffisante pour faire une campagne électorale utile.

Concrètement, quelle attitude prendra l'Union Créditiste des Électeurs vis-à-vis de l'élection fé­dérale prochaine ? L'Union Créditiste des Électeurs de chaque comté décidera elle-même de l'opportu­nité ou de la non-opportunité de placer un candi­dat créditiste dans le comté.

Ce sera aux créditistes organisés de chaque com­té de juger s'ils sont à même d'entreprendre la cam­pagne ; la même organisation permanente qui exer­ce la politique de pression peut aussi bien servir à la politique d'élection au temps voulu.

Mais ce serait une erreur de faire pivoter en tout temps le travail de l'Union Créditiste des Électeurs autour de l'élection. Ce serait rapetisser un bel or­ganisme à l'étroite vision d'un vulgaire parti poli­tique. On n'aurait plus que du rachitisme politi­que.

La politique d'élection peut assurément, comme la politique de pression, former et développer ceux qui s'en occupent. Mais, sous cet aspect, elle est beaucoup plus périlleuse. Si ceux qui s'y donnent ne sont pas des gens parfaitement désintéressés ; elle risque de produire l'effet contraire.

L'insuccès d'une action électorale abat généra­lement beaucoup plus que l'insuccès d'une action de pression. C'est le reste d'une piètre conception de la démocratie et de la politique. C'est la mani­festation d'une éducation politique insuffisante qui continue à donner plus d'importance au transitoire qu'au permanent. C'est parfois aussi le désappoin­tement de quelques esprits à la Perrette qui voient s'effondrer de beaux rêves.

*    *    *    *

Après quelques suggestions sur sa manière d'en­visager une campagne électorale et le temps qu'il croit recommandable d'y consacrer, M. Even ter­mine par la réflexion suivante :

"L'expérience, dans l'histoire du mouvement créditiste de la province de Québec, nous démon­tre que ce sont les moins courageux, les plus mous et les moins désintéressés, qui placent la politique d'élection au premier plan. Tandis que les tenaces, les dévoués, les semeurs de sacrifices, s'acharnent beaucoup plus à monter une organisation perma­nente qui met les citoyens sur pied douze mois par année et cherche les résultats bien plus que les honneurs."

Pour prendre la province

Voici le résumé de l'exposé fait par Mlle Gilberte Côté au bataillon créditiste réuni à Montréal le 22 octobre, à la séance de l'après-midi.

Deux sortes de créditistes

Nous voulons le Crédit Social, et nous nous or­ganisons pour le réaliser.

On peut distinguer deux sortes de créditistes :

    a) Les créditistes de conviction : Ce sont les hom­mes qui sont convaincus de la nécessité du Cré­dit Social pour la bonne santé de la société ;

    b) Les créditistes d'action : Ce sont ceux qui bou­gent pour le Crédit Social.

Nous aurons le Crédit Social, lorsqu'il y aura partout, et en grand nombre, des créditistes de con­viction.

Et nous aurons des créditistes de conviction en grand nombre, lorsqu'il y aura assez de créditistes d'action pour travailler à faire des créditistes de conviction et à les organiser.

Organisation envisagée

Nous divisons la province en districts. À la tête de chaque district, nous plaçons un Commandant. Le commandant est un homme qui donne tou­tes ses énergies, tout son temps, du matin au soir, au Crédit Social. Il n'a pas à user le meilleur de ses forces au service des trusts : il n'a pas à faire de plans pour autre chose que mettre son district sur pied.

Mais le commandant se cherche des collabora­teurs. Des équipes se forment peu à peu dans quel­ques centres de son district. Il leur donne des pro­grammes et les fait rayonner.

Nous envisageons que la province sera bien cou­verte, lorsqu'elle sera entre les mains de 30 com­mandants, chacun étant responsable de son dis­trict. Responsable : le mot est important.

Le Commandant visite ses équipes et générale­ment les voit toutes chaque semaine : contacts né­cessaires et fructueux. Il forme ses hommes. Par­mi eux, il essaie d'en trouver peu à peu une tren­taine, des meilleurs, qu'il trie sur le volet et cultive spécialement, pour en faire une élite à toute épreu­ve.

Les hommes de cette élite ne donnent pas, com­me lui, tout leur temps à la cause ; mais ils y consacrent, tous leurs loisirs possibles et en font la première de leurs préoccupations après le gagne-pain de la famille. Ce sera la phalange du comman­dant : des hommes d'une fidélité indéfectible, inac­cessible aux critiques comme à la mollesse.

Avec 30 commandants de district en Nouvelle-France, chacun entouré d'une trentaine d'hommes de cette trempe — une armée de 900 héros qui ne déposent jamais les armes — l'Union Créditiste des Électeurs défiera tous les ennemis.

L'état actuel

Nous n'en sommes pas encore là. Nous avons actuellement neuf commandants de district. Et dans les neuf districts il y a beaucoup à faire.

Deux problèmes affrontent ces neuf Comman­dants : trouver et former des collaborateurs, et trouver l'argent pour bouger lui-même et faire bou­ger ses collaborateurs. Ce deuxième problème se pose immédiatement à chaque commandant, dans toute sa crudité. Il n'est pas insoluble, mais la so­lution ne souffre pas de délai, ou toute l'entreprise se paralyse.

Programme des prochains mois

Ces objectifs à atteindre dictent le programme suivant :

Novembre et décembre : Consolider la finance sur une base solide. D'ici le 1er janvier, chaque dis­trict devra être assez bien organisé pour faire vi­vre son commandant et permettre les déplacements nécessités pour des activités efficaces.

Janvier, février et mars : Former dans chaque district l'élite d'une trentaine d'hommes à toute épreuve. Le directeur provincial, M. Even, s'atta­chera personnellement à aider les commandants dans ce travail pendant les trois mois.

En même temps, le district devra continuer d'a­méliorer la partie financière, pour qu'à la fonte des neiges, le rayonnement des Voltigeurs, de leurs cen­tres sur les autres paroisses du district, ne soit pas ralenti par des problèmes de transport.

Ce programme de cinq mois entre dans la ligne du grand Plan de quatre ans. En 1948, les créditis­tes conduiront les destinées de leur province. S'ils ne sont pas dans le Parlement, ils auront quand même le contrôle de la machine parlementaire pour forcer la politique à servir le peuple.

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