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Que ferait le Crédit Social pour vous ?

Edmond MAJOR le vendredi, 01 décembre 1944. Dans Crédit Social

Remarquons d'abord que le Crédit Social ne change rien à la forme ou à la valeur de l'argent. Il n'enlèverait pas un sou à personne.

La technique du Crédit Social, en équilibrant production et pouvoir d'achat, préserve la valeur de la piastre, ce que ne fait pas le système actuel. Achète-t-on autant avec la piastre de 1944 qu'avec la piastre de 1934 ? Le Crédit Social rend toute inflation comme toute déflation impossible. Ce que ne fait pas le système actuel, puisque le gouvernement est obligé d'intervenir par des décrets pour empêcher les prix de monter à certaines époques, pour les maintenir suffisants à d'autres.

Le Crédit Social n'enlèverait rien à personne, mais il donnerait quelque chose à tout le monde. C'est possible, puisque pendant la guerre on donne beaucoup de choses dispendieuses aux ennemis, et cela ne ruine pas du tout notre pays : nous sommes plus prospères qu'avant de faire ces cadeaux.

Pour la famille

Le Crédit Social garantirait à tous et à chacun un minimum vital. Pour la famille, ce serait le revenu familial assuré, puisqu'il y aurait autant de dividendes que de personnes dans la maison.

C'est le respect de la famille, concrétisé par des actes, et sans les contributions préalables et les enquêtes vexatoires des plans à la mode du jour.

Ce serait la possibilité pour chaque jeune hom­me et chaque jeune fille qui le désirent de fonder un foyer et de poursuivre leur idéal.

Pour vous, cultivateurs

Pour le cultivateur, l'avènement d'un régime créditiste signifierait la possibilité de vivre conve­nablement de sa terre, sans avoir à y ajouter des travaux sur la voirie ou au service des compagnies forestières. Ce serait la possibilité de procurer à ses enfants l'éducation qui leur convient pour les préparer à la carrière de leur choix.

L'augmentation du pouvoir d'achat des con­sommateurs assurerait un marché continu aux produits de la ferme, sans avoir à scruter les cinq parties du monde. Et les produits correspondant à de véritables besoins trouveraient un prix rai­sonnable.

Avez-vous remarqué la machinerie moderne et la belle toilette des fermes expérimentales ? Qu'est-ce qui empêcherait le cultivateur d'avoir quelque chose de semblable lorsque la vente de ses produits lui apporterait, non seulement de quoi vivre, mais aussi de quoi développer son ins­tallation ?

Nous verrions certainement moins de nos culti­vateurs réduits à abandonner leur terre pour aller se cantonner en ville. D'autant plus que l'aide élec­trique et mécanique et une installation domestique plus confortable rendraient la vie du cultivateur moins dure et plus attrayante.

Pour vous, colons

Le colon mérite beaucoup de la société, puis­qu'il contribue à étendre le patrimoine producteur du pays. Pourtant, combien de fois n'est-il pas condamné à la misère et aux privations, avec toute sa famille ? Lui qui a tant besoin de la force de ses bras est-il à même de se nourrir convena­blement ? Lui qui a tant besoin de toutes ses journées pour changer la forêt en champs, n'est-il pas obligé souvent de donner des mois et des mois à des compagnies pour ne pas totalement mourir de faim ?

Il y a au pays suffisamment de ressources déjà développées pour soutenir facilement ceux qui s'appliquent à en créer d'autres.

Le Crédit Social, en garantissant le minimum vital à tout le monde, donc à chaque membre de la famille de chaque colon, adoucirait les condi­tions de ce pionnier. Le colon pourrait donner tout son temps à son lot, en obtenir un rendement plus vite et se procurer les instruments aratoires et les animaux de ferme à mesure qu'il agrandit ses champs.

Pour vous, ouvriers

Mais que ferait le Crédit Social pour l'ouvrier ?

D'abord, ce serait la fin des crises, des périodes de chômage quand il y a tant de besoins à satis­faire. Ce serait tout de même la diminution gra­duelle des heures d'emploi, à mesure que la ma­chine vient au secours du labeur humain ; mais la diminution de l'emploi ne serait pas une diminu­tion de pouvoir d'achat. Même avec des loisirs, le pouvoir d'achat resterait à la hauteur de la pro­duction offerte, les dividendes croissant quand les salaires disparaissent par la machine.

Le patron, assuré d'un marché convenable pour des produits convenables, serait mieux disposé envers ses employés. L'employé, plus indépen­dant, à cause de son minimum vital assuré, serait mieux à même d'exiger des conditions raisonna­bles de travail.

La concurrence effrénée, créée par un système où les industriels doivent se disputer le pouvoir d'achat insuffisant qui existe, n'aurait plus sa rai­son d'être. Le patron comprendrait mieux que son intérêt est lié à celui de son employé. L'harmonie entre les deux serait facilitée et les causes de grève supprimées.

Pour vous, professionnels

Le pouvoir d'achat, augmenté par le Crédit Social au niveau de toute la production, services autant que marchandises, ferait recourir aux bons services des professionnels chaque fois que le be­soin s'en fait sentir.

Ce serait aussi le moyen efficace d'éviter l'éta­tisation des professions, et par conséquent de conserver à chacun la liberté d'exercer sa profes­sion sans devenir un fonctionnaire de l'État.

Comme les autres citoyens, en plus de ses hono­raires, le professionnel toucherait son dividende national, ainsi que tous les membres de sa famille.

Pour vous, fonctionnaires

Mais les fonctionnaires ?

Les fonctionnaires n'auraient plus la crainte de la guillotine. D'abord, la guillotine perdrait son tranchant, avec une variété de carrières ouvertes pour tous les goûts et toutes les aptitudes. Si l'on s'accroche tant aux positions dans le service civil aujourd'hui, c'est que l'on craint le chômage en en sortant.

Puis, le fait même de la multiplicité des carriè­res dans le commerce, l'agriculture et l'industrie, ôterait l'appétit de l'emploi au service du gouver­nement à bien des aspirants qui remplissent les anti-chambres aujourd'hui. Le fonctionnaire ac­tuel aurait d'autant moins à craindre d'être dé­placé.

Pour vous, commerçants et industriels

Le marchand du coin ne sera certainement pas fâché de voir ses clients acheter plus et payer mieux.

L'industrie est active lorsqu'elle écoule ses pro­duits. Avec un pouvoir d'achat maintenu au ni­veau nécessaire chez les consommateurs, l'indus­trie est assurée d'un marché domestique perma­nent. Quant aux exportations, elles seraient faci­litées du fait que les importations seraient bien­venues. Ce sont les importations acceptées qui facilitent à l'étranger le paiement de nos exporta­tions.

En livrant les produits, l'industrie et le com­merce privés atteignent leur fin et donnent satis­faction aux consommateurs. On cesserait d'enten­dre réclamer l'étatisation et la nationalisation. Le Crédit Social a horreur de toute étatisation. Un gouvernement créditiste s'abstiendrait d'interve­nir dans la conduite de l'entreprise privée. Elle est capable de voir elle-même à ses affaires lors­que le consommateur est capable d'acheter et de payer.

Pour vous, électeurs

Si l'on considère maintenant chaque citoyen majeur comme électeur, on comprendra que, n'ayant plus à mendier les faveurs du gouverne­ment, du député ou du ministre, pour avoir ses trois repas par jour, l'électeur n'en serait que plus indépendant et plus libre. La machine électorale pourrie aurait moins de prise sur les consciences.

Le Crédit Social contribuerait donc puissam­ment à assainir les mœurs électorales. Ce ne se­rait pas là un mince bienfait.

Pour vous, adversaires

Qui donc peut craindre l'avènement d'un régi­me créditiste ? Personne, excepté ceux-là qui am­bitionnent de dominer, ceux qui vivent de l'ex­ploitation des autres hommes, et ne peuvent bien réussir cette exploitation que si la masse ne peut avoir son pain sans accepter la servitude.

Mais un régime créditiste protégerait même ceux-là qui y sont opposés pour satisfaire leur ambition. Il les protégerait en leur évitant d'avoir à faire face, un jour ou l'autre, à la colère déchaî­née de tout un peuple aigri par la misère, indigné à bon droit de l'exploitation dont il a été trop longtemps la victime.

Rétablir l'ordre à temps, c'est le seul moyen d'éviter le fléau de la révolution, fruit naturel d'un système qui érige le désordre en permanence à l'ombre de la loi.

Edmond MAJOR

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