L'article suivant fut écrit par Louis Even en 1953. Cette année-là, les différents gouvernements du pays (fédéral, provinciaux et municipaux) s'emparaient de 29 pour cent des revenus des Canadiens par les taxes. Aujourd'hui, c'est 50% de nos revenus qui s'en vont en taxes. Cela veut dire que les Canadiens travaillent la moitié de l'année pour le gouvernement, sans parler du fait que ces sommes collectées en taxes ne sont pas toujours dépensées de façon utile... Les gouvernements sont de plus en plus gourmands. En fait, ils ne semblent pas se rendre compte que c'est l'argent du peuple qu'ils dépensent, et non le leur. Ont-ils réellement besoin de tout cet argent ?
Chaque année, l'Institut Fraser de Vancouver calcule le « jour de la libération fiscale », la journée de l'année où les Canadiens cessent de travailler pour les gouvernements, et commencent à travailler pour eux-mêmes. Tout l'argent gagné avant cette date s'en va aux trois niveaux de gouvernement. En 2000, les Canadiens ont travaillé jusqu'au 29 juin pour payer toutes ces taxes. Cela représente une amélioration de cinq jours sur 1999, alors que le « jour de la libération fiscale » tombait le 5 juillet. Cela est dû surtout aux immenses surplus accumulés par le gouvernement fédéral - 12 milliards $ l'année dernière.
Le gouvernement fédéral prétendra que cela est dû à sa bonne administration, mais ce surplus signifie en réalité que les Canadiens ont été taxés 12 milliards $ de plus que ce que le gouvernement fédéral avait réellement besoin pour administrer le pays, et que les citoyens ont été privés de 12 milliards $ qu'ils auraient pu dépenser eux-mêmes, de façon certainement plus sage et plus efficace, pour des choses qu'ils ont réellement besoin. Comment le gouvernement peut-il justifier une telle conduite, et demander de l'argent dont il n'a pas besoin ? Ce 12 milliards $ devrait être retourné aux citoyens immédiatement !
Le jour de la libération fiscale varie pour chaque province, alors que certaines sont plus taxées que d'autres. La province la moins taxée est Terre-Neuve, où le jour de la libération fiscale tombe le 30 mai, alors que les plus taxées sont le Québec et la Colombie-Britannique, où ce jour tombe le 8 juillet. Ce jour est déterminé en additionnant toutes les taxes que nous payons : impôt sur le revenu des particuliers et des compagnies, taxes de vente fédérale et provinciale, taxe sur l'essence, droits de douane, taxe d'accise, taxe foncière, taxe de bienvenue, et une pléthore d'autres taxes trop nombreuses pour être mentionnées.
Alain Pilote
par Louis Even
On pourrait aussi parler d'autres taxes, très lourdes, incluses dans les prix, et prélevées, non plus par le gouvernement, mais par le système bancaire. C'est une autre histoire, et l'on va s'en tenir, pour le moment, aux taxes des gouvernements. Ces taxes sont un fléau.
Mais tous les gouvernements taxent !
Un fléau ne cesse pas d'être un fléau quand il est universel. Si un bandit fait deux victimes, la première n'est pas soulagée par le mauvais sort de la deuxième.
On se met ensemble ; on vit en société, on établit des institutions, des gouvernements. Tout cela, c'est pour être mieux que si l'on vivait isolément ou dans l'anarchie. C'est pour tirer des avantages de cette association, de ces institutions, et non pas pour en souffrir, non pas pour se rendre la vie plus dure.
On ne se donne pas des gouvernements, non plus, pour faire ou décider des choses à notre place ; pas pour organiser notre vie à notre place ; pas pour déterminer quel sera notre niveau de vie, qu'est-ce que nous prendrons ou ne prendrons pas des biens que le pays peut nous offrir.
Chaque fois que le gouvernement vous enlève un dollar, c'est lui qui le dépensera à votre place. Ce n'est plus vous qui ferez une commande à votre goût pour la valeur de ce dollar. C'est le gouvernement qui en disposera, qui fera la commande. Son pouvoir est augmenté d'autant ; votre pouvoir, à vous, est diminué d'autant. Son emprise est augmentée d'autant ; votre liberté est diminuée d'autant.
Dans le monde d'aujourd'hui, l'argent est un permis de vivre. Sans argent, vous n'allez pas loin, vous ne durez pas longtemps.
Quand le gouvernement vous prend 50 pour cent de votre argent, il vous enlève 50 pour cent de vos permis de vivre. Si, en mettant les choses au mieux, il s'en sert pour vous rendre la vie matériellement plus agréable, il reste que vous êtes entre ses mains ; vous êtes la chose du gouvernement pour 50 pour cent.
Si le gouvernement vous prenait tout votre argent, tous vos permis de vivre, se chargeant lui-même de vous faire vivre comme il l'entend, vous seriez complètement sa chose. Ce serait le totalitarisme absolu. Vous seriez comme le prisonnier : au prisonnier, même bien nourri, il manque une chose précieuse : la liberté, le droit de choisir lui-même.
Plus vous êtes taxé, plus vous êtes la chose du gouvernement. La montée des taxes est le chemin du totalitarisme. Pas nécessairement un totalitarisme sanguinaire comme celui des pays communistes. Un État-Providence est du totalitarisme aussi. Ou, si vous aimez mieux le terme : du socialisme d'État. Et le totalitarisme, l'État-tout, c'est la grande tendance néfaste de notre époque, même dans les pays qui ont fait la guerre pour le combattre à l'étranger.
Mais il faut bien que le gouvernement taxe. Ne lui faut-il pas de l'argent pour administrer, pour payer les projets publics, etc. ?
Mon cher ami, si vous voulez vous faire l'avocat des taxes, je vous laisse votre cause et n'ai qu'à vous dire : « C'est bien, payez-en, des taxes, payez-les avec amour, avec enthousiasme ; payez même les miennes à ma place, si le cœur vous en dit. Et ne vous plaignez plus jamais des taxes, ni de la vie chère. »
Mais moi, je suis d'un autre avis. Je ne vois pas que, avec la grande capacité moderne de production, on ait besoin de me priver d'une livre de beurre pour faire une parcelle de la route, quand il y a moyen de construire la route sans épuiser la capacité de fournir du beurre, non seulement à moi, mais à ceux qui construiront la route.
Les taxes pouvaient être le moyen tout indiqué dans le passé, dans le temps de la rareté de production, de la rareté de main-d'œuvre. Lorsque tout le monde était entièrement occupé à produire les choses requises pour la consommation privée, on pouvait avoir besoin de faire diminuer cette production, en empêchant de l'acheter, afin que les bras l'abandonnent et se mettent à la disposition des entreprises publiques.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le problème n'est plus de trouver des bras, mais de les employer. Et si l'on ne déviait pas la production vers des choses dont personne ne veut, ou vers des œuvres de guerre, la surabondance de disponibilité serait écrasante.
Oui, mais avec quoi va-t-on payer la route, par exemple ?
Une route est payée par le travail de ceux qui la font. Et le travail de ceux qui la font est payé par le travail de ceux qui font d'autres produits que consomment les travailleurs de la route. De sorte que la route, une fois finie, a bel et bien été payée, vraiment payée, par la communauté.
Mais il faut bien de l'argent pour effectuer les paiements, les paiements qui vont permettre de transférer les produits d'une personne à l'autre.
Soit. Mais l'argent n'est qu'un signe, et il faut rendre le signe conforme à la réalité.
La production publique comme la production privée est une simple utilisation de la capacité productive du pays. L'argent est ce qui donne droit à cette utilisation.
Si l'argent était émis selon la capacité productive du pays, la difficulté financière n'existerait pas. Il n'y a absolument aucune raison de me taxer, de m'enlever mon permis d'utiliser une part de cette capacité productive, tant que le gouvernement peut en utiliser aussi une part, en même temps que moi, sans l'épuiser.
Autrement dit, tant que la production peut fournir à la fois les biens publics et les biens privés, il n'y a pas besoin de supprimer les seconds pour avoir les premiers.
Tout cela paraît logique. Mais tout de même, la possibilité de faire une route ne fait pas venir l'argent pour payer ceux qui la font.
Non, parce que notre système d'argent, lui, n'est pas logique. La capacité de payer n'est pas en rapport avec la capacité de produire. Et alors, on se prive, on attend, on se passe de route ; ou bien on force les gens à se passer de beurre ; capables de produire à la fois la route et le beurre, on ne peut pas payer les deux. C'est absurde.
On fait dépendre les réalités du signe ! On fait la production dépendre de l'argent, au lieu de faire l'argent dépendre de la production.
Vous en voyez les preuves tous les jours. Et c'est aussi la raison pour laquelle les pays qui se développent, qui s'enrichissent réellement, s'endettent financièrement. Leur bilan marque endettement, quand il devrait marquer enrichissement.
Tout cela, c'est bien beau. Mais on n'y peut rien. Quand l'argent manque, il manque ; il faut bien s'arranger en conséquence.
Croyez-vous vraiment cela ? Croyez-vous que l'argent, c'est comme le soleil ou la pluie : une chose qui dépend des forces naturelles, et dont il faut s'accommoder comme on peut ?
Croyez-vous que l'argent a été créé par le bon Dieu, en telle quantité : ni plus ni moins ? Croyez-vous que l'argent, c'est une chose sacrée, devant laquelle doivent plier les besoins des hommes, parce qu'en temps de guerre - vous avez dû le remarquer – l'argent ne manque jamais ?
Croyez-vous que, quand la grande crise des années '30 commença, c'est l'Archange saint Michel qui avait fait disparaître l'argent de tous les pays civilisés en même temps ? Et croyez-vous que, quand la guerre éclata en 1939, c'est lui, ou un autre ange de Dieu, qui apporta aux gouvernements, à Mackenzie King y compris, tout l'argent qu'il fallait, et par milliards, pour six années de tuerie ?
Mais alors, quelle est votre solution ?
Corriger le système financier stupide, illogique, antinaturel, tyrannique, diabolique, qui nous régit actuellement. Le modifier pour en faire un système de Crédit Social.
Et alors, au lieu de payer des taxes à tous les coins, vous recevrez des dividendes, à mesure que le pays s'enrichira, à mesure que les techniques perfectionnées augmenteront la capacité productive du pays.
Louis Even
Journal Vers Demain. 1er septembre 1953
Les taxes, les impôts de toutes sortes ne servent pas à payer les services publics ni les développements publics, mais ils servent à enrichir les banquiers en dépouillant les citoyens de leurs biens pour faire des citoyens les esclaves des banquiers.
Depuis septembre 2000, le gouvernement du Québec avait lancé une campagne publicitaire, au coût de 1,2 millions de dollars, qui affirmait que « le travail au noir, c'est du vol », c'est-à-dire, qu'il était criminel de payer comptant sans réclamer de facture. Mais le 3 décembre, le gouvernement a dû retirer sa publicité des ondes après les déclarations de M. Jules Brossard, avocat spécialisé en droit fiscal, selon qui c'est le gouvernement qui triche et ment dans cette publicité, puisqu'il n'existe aucune obligation selon la loi pour le citoyen d'exiger une facture. Il affirme même que la publicité fait un usage abusif du terme « Vol », qui, selon la définition du Code criminel, est « s'approprier le bien d'autrui ». « Or, ne pas exiger une facture, ce n'est pas s'approprier le bien d'autrui », a ajouté M. Brossard. D'après une telle définition, ce sont bien plus les taxes qui sont un vol, puisque c'est le gouvernement qui s'approprie le bien des citoyens. Une porte-parole du ministère du Revenu a reconnu qu'« il n'y a pas d'obligation d'exiger une facture. Mais nous, on souhaite que les gens la demandent, la facture. »