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Pour un dividende de 800$ par mois à chacun

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 01 juin 1994. Dans Crédit Social

Où va-t-on prendre l'argent ?

Après que le gouvernement fédéral du Canada aura repris son droit et son pouvoir de commander lui-même à la Banque du Canada de créer et de distri­buer chaque mois 800 $ à chaque Cana­dien qui demeure au pays, il sera possi­ble d'assurer le nécessaire à tout le mon­de chez nous, à cause de l'abondance de produits qui ne se vendent pas aujour­d'hui, à cause d'un grand nombre de chô­meurs qui sont disponibles pour produire et qui ne trouvent plus d'emploi, et à cause du grand progrès fourni mainte­nant aux entrepreneurs et travailleurs pour réaliser biens et services. Nous vi­vons dans un siècle de progrès sans pré­cédent. Et les fruits du progrès n'appar­tiennent à personne en particulier, mais à tous et à chacun dans le peuple de cha­que pays souverain.

Donc, 800 $ par mois garanti à cha­que Canadien comme dividende social. C'est l'une de nos solutions à la crise éco­nomique actuelle. Cela fait partie de la doctrine du Crédit Social présentée au monde par le Major C.H. Douglas en 1917 et répandue dans le monde depuis 60 ans par la fondation sans pareille de Louis Even.

C'est l'une de nos demandes, le divi­dende, et n'oublions pas le point essen­tiel, « sans augmentation de taxes », en même temps que la disparition de toutes les taxes actuelles et prévues.

« Mais où va-t-on prendre l'argent pour un dividende à tout le monde ? » On nous pose encore cette question. « Où va-t-on prendre tant d'argent si on ne le prend pas dans les taxes ? »

Aujourd'hui, c'est à cette question, très opportune, que nous allons répondre. "Où prendre l'argent pour un dividende social ?"

L'argent est un chiffre

Avant de comprendre le moindre iota dans la théorie du dividende social, il faut savoir ce que c'est que l'argent.

L'argent, qu'est-ce que c'est ? Vous en avez dans votre poche. Sortez-en, voulez-vous ? Voici un billet de deux dollars. Qu'est-ce que c'est ? C'est un rectangle de papier avec, des deux côtés, des figures et surtout, c'est l'important, le même chiffre souvent répété : le chiffre DEUX.

L'argent, qu'est-ce que c'est ? C'est un rectangle de papier. Non. Et la preuve la voici : quand je regarde ce rectangle de papier, la première chose que je regarde, la seule chose au fond qui m'intéresse, c'est le chiffre écrit sur le rectangle de papier. Le chiffre, c'est la chose impor­tante, l'unique chose importante.

L'argent, qu'est-ce que c'est ? Un chiffre. Rien que ça. Un chiffre pour a­cheter des produits, des services. Le système d'argent, c'est une comptabili­té. Rien que ça. Une comptabilité pour acheter.

Où prendre l'argent ? La question ne devrait jamais se poser, puisqu'on ne se demande jamais où prendre les chiffres pour faire la comptabilité. Trouver des chiffres, ce n'est pas un problème, l'arith­métique en est pleine de chiffres ! Il n'y a pas de limites aux chiffres. Il ne doit pas y avoir de limites aux chiffres-argent. Je dis aux chiffres-argent, je ne dis pas au pouvoir d'achat.

Mais, quand on pose la question « Où prendre l'argent ? », on a dans l'idée le problème de trouver la matière de l'ar­gent, ce qui constitue matériellement l'ar­gent, comme si l'argent était de l'or à ti­rer du sein de la terre. L'argent n'est pas de l'or. L'argent n'est pas non plus basé sur l'or. L'argent, c'est matériellement, un chiffre. Or, les chiffres peuvent être infinis. Il n'y a pas de limites aux chif­fres. On ne peut jamais en manquer. On ne peut donc jamais manquer des chif­fres-argent.

La formule maintenant

Voilà donc une bonne chose de ré­glée. Pas de problème pour ce qui est de trouver le matériel pour fabriquer l'ar­gent, puisque ce matériel ce sont des chiffres.

Mais, dira-t-on avec raison, tous les chiffres ne sont pas de l'argent. Très bien. L'argent, ce sont des chiffres avec lesquels on peut acheter, des chiffres spé­ciaux qui ont la vertu d'acheter.

Et quoi donc leur donne, aux chif­fres, cette vertu d'acheter ?

Deux choses :

    1. Les produits et services qui sont à vendre.

    2. Le sceau de la société qui fait du pouvoir d'achat avec ces chiffres.

Pour être capable d'acheter avec des chiffres, il faut donc que ces chiffres réa­lisent deux conditions : se trouver en pré­sence de choses qui sont à vendre ; deuxièmement, porter la signature du roi qui fait de ces chiffres un instrument so­cial d'échanges.

La cause formelle, comme disent les philosophes, qui prend la matière des chiffres et qui établit dans l'être de l'ar­gent-pouvoir d'achat, la forme, c'est le sceau du roi pour marquer les biens of­ferts par le pays.

Pour avoir de l'argent, il faut des chiffres. C'est facile à trouver. Il n'en manque jamais, des chiffres.

Pour avoir de l'argent, il faut des produits et des services offerts sur le marché par la société. C'est facile à trou­ver de nos jours. La surabondance de ri­chesses réelles est le lot de notre temps.

Pour avoir de l'argent, il faut le sceau du roi sur les chiffres devant les richesses. Et voilà ce qui manque, le sceau du roi. Voilà pourquoi l'argent manque. Malgré les richesses débor­dantes, malgré les chiffres infinis, L'argent manque, le pouvoir d'achat man­que, parce que le roi refuse de frapper monnaie, de graver sa signature, le sceau de sa royauté sur... des chiffres.

Le sceau du roi

Alors, c'est donc la faute de la reine d'Angleterre si l'argent est rare ? Oh ! non ! pauvre reine d'Angleterre, elle n'y est pour rien ni en Angleterre, ni au Ca­nada.

Mais qui donc est ce roi qui refuse d'apposer sa signature pour que l'argent réponde aux richesses offertes ? Ce roi, c'est notre système financier omnipotent et usurpateur qui tient sous sa dictature tous les gouvernements.

Dans l'encyclique Quadragesimo Anno, le pape Pie XI, en 1931, parlant de la déchéance du pouvoir, s'exprimait ainsi :

« le pouvoir, lui qui devrait gouverner de haut, comme souverain et suprême arbitre, est tombé au rang d'esclave ».

Le roi, dans tous les pays du mon­de, c'est le système financier. Tous les parlements et gouvernements du mon­de sont soumis au système financier qu'on appelle la Finance internatio­nale.

C'est la Finance internationale qui décide de la quantité d'argent à mettre en circulation, et les gouvernements n'ont rien à dire là-dedans. La Finance internationale fait la loi de l'argent quand ce devrait être aux gouverne­ments à faire la loi de l'argent. La Haute Finance décrète la quantité d'argent à faire circuler et la quantité d'argent à retirer de la circulation. C'est la Finance internationale qui dé­clenche les crises financières. C'est elle qui finance les guerres. Si la Finance internationale refusait de financer les guerres, il n'y aurait pas de guerres.

Le système financier, c'est lui le grand coupable de la misère des peu­ples au milieu de l'abondance donnée par Dieu, par le travail des hommes et par la science. Toutes ces richesses sont tenues en pénitence par le sys­tème financier. Le système financier, c'est lui l'assassin de millions d'hom­mes dans des guerres apocalyptiques.

Et les gouvernements sont les va­lets du système financier. Ils lui sont soumis. Ils ne le commandent pas en souverains. C'est le système financier qui met sa signature sur les chiffres qui doivent servir d'argent. Ce devrait être au gouvernement, au roi à mar­quer du sceau royal l'instrument des échanges, l'argent.

C'est de l'usurpation du pouvoir, de l'anarchie, que des particuliers comme les financiers, les banquiers, contrôlent l'argent. L'argent est un ou­til de relations commerciales, un outil purement social. C'est la société seule qui a le droit de commander l'argent à sa naissance, la société représentée lé­gitimement par son roi, par son gou­vernement. Les faits d'aujourd'hui sont tout autres, puisque ce sont des indivi­dus sans responsabilité sociale, qui ne rendent aucun compte ni au roi ni au peuple, qui ne détiennent aucun man­dat ni de Dieu ni du peuple, ce sont des particuliers qui contrôlent l'argent et le crédit et qui sont devenus les maîtres de nos vies, sans la permission de qui nul ne peut respirer. Voici les paroles mêmes de Pie XI, encore dans Quadragesimo Anno : « Ce pouvoir est surtout considérable chez ceux qui, dé­tenteurs et maîtres absolus de l'argent, gouvernent le crédit et le dispensent se­lon leur bon plaisir. Par là, ils distri­buent en quelque sorte le sang à l'or­ganisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que, sans leur consentement, nul ne peut plus respirer ».

Et ces individus, les banquiers, contrôlent l'argent, le crédit sans au­cun souci du bien commun. Ce sont leurs intérêts personnels qui orientent et décrètent toute la marche économi­que des pays.

Un ordre à donner

Voilà pourquoi l'argent est rare bien que les richesses réelles soient abondan­tes. L'argent n'est pas le reflet des réali­tés. Les familles ont de la peine à se pro­curer le nécessaire, quand le Canada pourrait faire vivre dix fois plus d'habi­tants par ses richesses naturelles et sa production annuelle.

Nous réclamons de l'argent conforme aux richesses. Et cet argent doit être so­cial, distribué à tous et à chacun en divi­dende mensuel de 800 $, dividende social.

Où prendre l'argent pour distribuer un dividende de 800 $ par mois à chaque Canadien ? Prendre l'argent dans les chif­fres, dans la comptabilité. Ce ne sont pas les chiffres qui manquent ni les produits. C'est la bonne volonté du système finan­cier qui manque.

Que nos gouvernements donnent l'ordre à notre système financier, aux banquiers, de distribuer un dividende de 800 $ par mois à chaque Canadien. Et il n'y aura pas de problème de « Où prendre l'argent ? »

Le Canada produit actuellement cha­que année pour au-delà de 700 milliards de dollars. Les salaires et autres revenus en achètent une partie. Le reste est in­vendu, gaspillé, fait des dettes et des fail­lites. Pour acheter ce qu'on appelle la surproduction, les dividendes à chacun seraient très pratiques. Les producteurs vendraient leurs produits, les consomma­teurs auraient de quoi manger, se loger convenablement non pas dans des taudis, etc.

Un dividende social et personnel à chacun, basé normalement sur les produits offerts et non vendus actuelle­ment, serait une finance saine et hu­maine.

Où prendre l'argent ? Dans les chiffres d'une comptabilité financière conforme aux richesses du Canada, et dans la volonté d'un système financier purifié qui, sur l'ordre du roi, du gou­vernement, deviendrait le serviteur du bien commun.

Gilberte Côté-Mercier

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