D'après M. Roger Vézina, le Bloc affirme la souveraineté monétaire de l'État. Nous en sommes.
Or, la loi décennale des Banques est venue devant le Parlement au commencement de mai cette année. Le 8 mai, un vote fut pris sur le sous-amendement présenté par les créditistes à la Chambre des Communes. Le sous-amendement réclamait justement la souveraineté monétaire de l'État :
"Enlever aux banques à charte leur privilège de créer de la monnaie et du crédit, et remettre ces pouvoirs aux mains du gouvernement seulement."
20 députés ont voté pour le sous-amendement créditiste : 107 ont voté contre. Les noms des "pour" et des "contre" sont consignés au Hansard, à la page 2900 de l'édition française. On cherche en vain les noms des quatre membres fédéraux du Bloc Populaire canadien : Maxime Raymond, Édouard Lacroix, Pierre Gauthier, Armand Choquette.
Où étaient-ils ? Quelle est leur attitude vis-à-vis de la création de la monnaie et du crédit ? Ni pour ni contre le système financier rothschildien ?
Serait-ce la peur de perdre le vote créditiste dans la province de Québec en se prononçant contre le sous-amendement, puis la peur de perdre le vote des anti-créditistes en se prononçant pour le sous-amendement ? Le parti des braves pourrait-il avoir la peur de perdre des votes ? Le parti des purs pourrait-il calculer ses actes en fonction des chances de placer ses étoiles filantes dans les parlements ?
Lorsque le peuple canadien manquera d'argent et devra faire pénitence devant des magasins pleins à craquer, devra-t-il aller trouver ses "sauveurs" du Bloc et se faire servir des discours ?
Farceurs !
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Le 11 mai, c'est l'amendement C.C.F. qui est venu devant la Chambre, demandant de ne pas passer le bill Ilsley immédiatement, mais d'étudier la nationalisation et le contrôle complet des banques par le public.
Cette fois, par courtoisie envers les C.C.F. peut-être, et peut-être aussi par la conviction qu'il faut tout mettre entre les mains du gouvernement, pas seulement l'émission de l'argent, mais les opérations de placement, de prêts, etc., deux députés du Bloc ont voté pour l'amendement C.C.F. : Pierre Gauthier et Armand Choquette. (Hansard, éd. française, p. 8023).