Nos lecteurs habituels vont remarquer du nouveau dans le présent numéro. Comme nous avons l'intention de continuer cette manière, au moins pour un certain temps, qu'on nous permette de la justifier.
Le journal VERS DEMAIN est l'organe français du Crédit Social au Canada.
Lorsqu'on parle de Crédit Social aujourd'hui, au Canada, deux choses viennent à l'esprit : une doctrine et un mouvement. L'organe du Crédit Social doit donc exposer la doctrine créditiste et parler du mouvement créditiste. Le mouvement, c'est l'organisation, ce sont les directives, ce sont les nouvelles.
De la doctrine créditiste, le journal ne peut évidemment offrir que quelques parcelles dans chaque numéro. Un journal n'est pas un livre. Un article de journal n'est même pas un chapitre de livre.
Qu'on ne demande pas à notre petit semi-mensuel de remplacer une somme créditiste, même si, peu à peu, des articles qui ont entre eux un certain enchaînement peuvent conduire à des notions assez complètes du Crédit Social au bout de quatre ou cinq années.
Nos abonnés de longue date ont certainement apprécié ces sortes de séries d'articles, où la plupart ont pris les connaissances relativement étendues qui les distinguent aujourd'hui. Ils ont suivi, pour ainsi dire, un cours de Crédit Social, qui n'est d'ailleurs pas rendu à son terme : le Crédit Social est vaste comme l'économique, vaste comme la politique, vaste comme la vie en société.
Mais les abonnés plus récents — et ils sont nombreux — risquent de se trouver un peu dépassés, presque rebutés, par des exposés qui, pour être bien à leur portée, nécessiteraient des notions préalables depuis longtemps familières aux anciens abonnés.
C'est toujours le problème d'un journal d'idées comme le nôtre. Dieu merci, nos contacts personnels ininterrompus avec les créditistes de tous les degrés nous préservent de nous figer dans des formules rigides. VERS DEMAIN sait s'adapter.
Les deux premières et les deux dernières pages resteront assez ce qu'elles furent jusqu'ici. Impossible de renoncer à la caricature parlante du frontispice nous serions harcelés de protestations.
La page 2 demeurera un coin de formation philosophique - oh ! très simple, mais si utile - dont Mlle Gilberte Côté fait généralement les frais.
Nous ne changeons rien non plus à l'aspect ordinaire des deux dernières pages. La page 8 sera encore toute consacrée aux nouvelles du mouvement. La page 7 aura un visage varié : nouvelles, directives, faits divers, polémique, sans se faire scrupule, à l'occasion, de décocher quelques coups. Il le faut bien, quand on se bat pour la liberté dans un monde où les dictatures de toutes sortes semblent se considérer chez elles.
Les modifications portent sur les quatre pages du centre.
La page 3 devient la page des débutants. On y reprendra toujours les notions très simples, puisqu'il y aura toujours des nouveaux venus ; nous essaierons tout de même d'aborder les mêmes notions de manières variées ; mais nous sollicitons d'avance l'indulgence des anciens si nous avons l'air de radoter. Les novices méritent bien une page du journal.
La page 6 sera celle des savants, où nous essaierons d'intéresser encore ceux qui nous suivent depuis des années dans nos excursions créditistes en économique et en politique.
Les pages 4 et 5 seront pour tout le monde, puisqu'elles vont s'enrichir d'images et que tout le monde aime les images.
Dès aujourd'hui, nous reprenons, dans ces deux pages du centre, la parabole déjà connue de I'Île du Salut. Mais, parions que même ceux qui la savent par cœur prendront encore plaisir à suivre les aventures de nos cinq naufragés et la filouterie de Martin, sur les caricatures vivantes de notre jeune, mais brillant artiste, Laurent Bédard.
Quant aux "savants", qui jugeraient qu'une page sérieuse par numéro n'est pas assez pour leur donner vite une idée assez complète de la doctrine créditiste, nous leur conseillons de sortir deux dollars de leur poche et de nous commander au plus tôt un album des articles classifiés de la "Première Année de Vers Demain". Lorsque l'édition, en sera épuisée, nous songerons à publier un autre album semblable, mais celui-là disposera de quatre années du journal pour ses approvisionnements.
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Et maintenant, quelle page allez-vous lire la première ? La page frontispice, avec sa caricature traditionnelle ? La dernière page, avec ses nouvelles ? Les deux du centre, où l'on s'instruit en se récréant ? Ou celle des débutants ? Ou celle des savants ?
Commencez donc par celle que vous voudrez ; mais prenez-les toutes. Puis, si votre journal est ennuyant, indigeste, dites-le-nous. Mais si vous l'aimez, vous avez encore le droit de nous le dire — et surtout de le dire aux autres.
LOUIS EVEN