Ce sont ceux qui écrivent une lettre chaque semaine pour le Crédit Social.
C'est le régiment des batailleurs de la plume, à la conquête du dividende.
On sait qu'il faut un grand nombre de combattants pour soutenir une guerre. Il en faut de toutes sortes : des navigateurs, de simples soldats, des parachutistes, des aviateurs ; des fusiliers, des mitrailleurs, des pilotes ; des troupes de choc, des troupes de soutien.
Si les Alliés ne disposaient que de marins pour combattre l'ennemi, comment pourraient-ils envahir les continents ? Et s'ils n'avaient que des fantassins, comment pourraient-ils traverser les mers ?
C'est la grande multiplicité des fonctions spécialisées qui fait la force des armées.
De même, dans notre guerre politico-économique contre la Haute Finance, il est nécessaire d'avoir bien des sortes de soldats :
Les Voltigeurs sont notre régiment régulier, discipliné, pour les conquêtes d'envergure, selon un plan d'ensemble.
Les Défricheurs sont aussi de véritables et valeureux soldats, même s'ils bataillent isolément. Ils sont une "guérilla", dont le travail est plus individuel, mais non moins nécessaire.
Les Clairons sont du même genre que les Défricheurs. Leur travail est individuel, isolé. Mais c'est la caisse pour la propagande plus que la liste des abonnés qu'ils cherchent à grossir. Ils sont indispensables, eux aussi, pour l'avancement de la cause, en lui fournissant les moyens en argent.
Les ÉPISTOLIERS, eux, soutiennent tous les autres et leur donnent du poids. Par leurs pressions de lettres, concertées et dirigées en un même point, ils peuvent amener à bouger en faveur du Crédit Social des influences inertes jusque-là, réduire au silence des voix adverses, obtenir plus de bienveillance des journaux qui nous boudent, exercer des pressions de franc-tireurs sur les politiciens. Les possibilités en ce domaine sont presque illimitées.
Le principal but des Épistoliers est de précéder ou renforcir les pressions de l'Union Créditiste des Électeurs, en combattant le boycottage des organes de publicité, en harcelant les adversaires, en combattant les calomnies, en poussant dans le dos des gouvernements pour des avantages généraux à obtenir.
Les Épistoliers ne remplacent pas les autres travailleurs, ni ne les dispensent de l'ouvrage qu'ils font. Mais ils complètent leur travail et améliorent leurs résultats.
Nous tenons à souligner ici qu'un bon nombre de nos travailleurs sont en même temps Voltigeurs, Défricheurs, Clairons et Épistoliers, et cela, à leur honneur.
La dernière catégorie, celle des Épistoliers, offre un champ d'activité favorable aux femmes, contraintes de rester à la maison, mais dont plusieurs sont habiles à manier la plume, tout en se reposant des corvées quotidiennes.
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En Angleterre, il existe une organisation analogue, dans le mouvement créditiste de John Hargrave. Celui-ci fait écrire chaque semaine à ses hommes trois lettres, dont deux à des journaux nationaux à tour de rôle, et une à leur journal local.
Ils réussissent ainsi à briser quelque peu la conspiration du silence, en faisant insérer des entrefilets créditistes en tribune libre de ces journaux.
Bien avant Hargrave, le grand président des États-Unis, Jefferson, qui lutta toute sa vie contre la centralisation du pouvoir, avait imaginé d'établir des clubs de correspondance, pour propager son idéal. Il avait des amis dans les quatre coins du pays, dans toutes les classes et dans tous les milieux. Une fois devenue forte, la pression de lettres créa un tel courant en faveur de Jefferson et de ses idées, qu'il accéda plus tard à la présidence des États-Unis.
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On voit l'importance de nos Épistoliers pour avoir le Crédit Social.
500, 1,000 lettres, lancées la même semaine sur la tête du même homme, il y a de quoi l'étourdir quelques instants et l'amener à réfléchir. Le nombre fait la force, et surtout la ténacité.
La ténacité. C'est pourquoi, CHAQUE SEMAINE, les Épistoliers recevront une suggestion de la Direction sur la lettre à envoyer, leur disant à qui écrire, et sur quel sujet.
Créditistes, qui n'avez pas tout-à-fait oublié votre grammaire, vous voulez en être, n'est-ce pas ? Envoyez-nous votre nom et adresse, et vous recevrez les instructions nécessaires.
Chaque semaine, vous participerez ainsi, modestement mais efficacement, aux grandes offensives par la PLUME, afin de nous emparer un jour de la PLUME du banquier, pour faire les piastres aussi abondantes que le pain quotidien, dont le Créateur a comblé la terre.
Jean GRENIER