Lorsqu'on présente d'idée d'une "Union d'Électeurs", il arrive d'entendre les objections suivantes :
"On a déjà l'Union des Cultivateurs dans la paroisse. On lui verse $3.00 par année et on reçoit son journal, La Terre de Chez Nous. Est-ce que ce n'est pas assez pour nous autres ?"
Ou bien :
"Je fais partie d'un syndicat, d'une union ouvrière, et ça me prend des grosses contributions tous les ans. Je me demande bien parfois qu'est-ce que cela me donne. Mais pourquoi encore une autre union ?"
Ou bien :
"On vient de former une coopérative. On nous l'a présentée comme une chose incomparable. Est-ce qu'on ne va pas trouver tout ce qu'il nous faut dans la coopérative ?"
Et autres remarques de ce genre sur toutes sortes d'institutions et de mouvements.
Toutes ces unions sont de très bonnes choses. Il faut une union de cultivateurs pour prendre soin des intérêts spéciaux à la classe agricole. Il faut des syndicats ouvriers pour mieux revendiquer les intérêts de la classe ouvrière.
Mais il existe un désordre que ni les unions de cultivateurs ni les unions ouvrières ne peuvent par elles-mêmes faire disparaître.
Que veulent les cultivateurs ? Ils veulent, entre autres, de meilleurs prix pour leurs produits ; ils veulent avec raison que l'agriculture soit payante.
Très bien. S'ils obtiennent des prix plus élevés pour leurs produits, que va-t-il arriver ? Les ouvriers trouveront que le coût de la vie monte pour eux, et ils voudront de plus gros salaires.
Et si les syndicats obtiennent des salaires plus élevés pour les ouvriers, que va-t-il arriver ? Les prix des produits qu'ils manufacturent vont monter. Les vêtements, les chaussures, les articles de plomberie, les meubles, les instruments aratoires, les voitures, les engrais chimiques, le transport par fret, etc., vont coûter plus cher. Tout de suite, les cultivateurs vont se plaindre qu'ils ont trop à payer pour les choses qu'ils doivent acheter.
Si, sans augmenter les prix, l'argent se faisait abondant comme la production, ni les uns ni les autres ne se plaindraient, parce que la production agricole et la production manufacturière sont toutes deux abondantes. L'argent abondant achèterait les produits abondants.
Mais il n'en est point ainsi. En temps normal, l'argent n'est point abondant comme la production à vendre, parce que ceux qui font la production ne font point l'argent.
Ce problème-là — mettre l'argent au niveau de la production, aussi abondant et aussi facile que la production — ne sera réglé ni par des unions ouvrières, ni par des unions agricoles, ni par des coopératives. Toutes ces organisations essaient d'obtenir pour leurs membres une plus grosse part de l'argent en circulation, mais, ni l'une ni l'autre ne peuvent augmenter le volume total de l'argent en circulation. Ce que les unes obtiennent, c'est aux dépens des autres.
La réglementation du volume de l'argent est une fonction qui relève de l'État. Si l'État s'en acquitte mal, ce n'est pas une question agricole, ni une question ouvrière, mais une question politique. Il faut donc une organisation politique pour y voir.
Lorsque l'argent manque partout, ce n'est pas une classe de la société qui souffre, c'est tout le monde qui souffre. N'en a-t-on pas fait l'expérience pendant dix années avant la guerre ?
Et il y a aussi d'autres questions qui regardent tout le monde, non pas une seule classe, et demandent l'attention d'une organisation faite pour tout le monde. Donnons quelques exemples.
Si le gouvernement prend tellement d'impôt sur le revenu et d'autres taxes de toutes sortes, que les familles en souffrent, que la production en souffre, que le commerce en souffre, est-ce là le problème d'une classe de citoyens, ou n'est-ce pas le problème de tous les citoyens ? Et ne faut-il pas, là aussi, une organisation de tous les citoyens, indistinctement des classes, pour exiger une fiscalité moins lourde ?
Lorsque le gouvernement lance le pays dans une guerre contre le gré de la population, est-ce que c'est une union de classe ou une union de tous les citoyens qui doit intervenir ?
Et lorsque le gouvernement engage le pays tout entier dans un prêt d'un milliard et quart, privant les Canadiens de leur pouvoir d'achat au bénéfice d'étrangers, est-ce que tout le monde n'y est pas également intéressé ? Si les députés votent sans consulter leurs électeurs, est-ce une union de classe, ou une union de tous les électeurs, qui doit protester auprès des députés ?
L'Union des Électeurs existe justement pour s'occuper des choses qui affectent tous les citoyens, et qui ne peuvent se régler que par l'action du gouvernement, que par de meilleures lois pour tous.
L'Union des Électeurs demeure dans le domaine des aspirations communes à tout le monde ; elle laisse aux unions spécifiées le soin de voir aux intérêts particuliers des classes qu'elles représentent.
L'Union des Électeurs n'est donc pas une organisation de classe, comme l'Union des Cultivateurs ou un syndicat ouvrier. Ce n'est pas non plus une organisation économique, comme la coopérative de production ou de consommation. Mais c'est une organisation politique, pour obtenir des choses que tout le monde veut avoir et qui ne peuvent être obtenues que par une action politique.
Si le programme de l'Union des Électeurs était réalisé, les autres organisations, les unions ouvrières ou agricoles, auraient beaucoup plus de facilité à obtenir la réalisation de leurs propres programmes.
Supposez seulement la distribution d'un dividende périodique à chaque citoyen, en plus de ce que chacun peut gagner déjà par son travail ou par la vente de ses produits. Puis, dites si les cultivateurs, les ouvriers, les colons, les mineurs, et autres, ne pourront pas régler eux-mêmes une foule de problèmes, sans l'intervention du gouvernement. Et s'il y a des choses qui par leur nature demandent l'intervention du gouvernement, est-ce qu'il ne pourra pas le faire bien plus facilement qu'en s'attaquant, comme aujourd'hui, à des poches presque vides ?
Continuons donc d'estimer les unions de cultivateurs, d'ouvriers, de pêcheurs, de mineurs, de commerçants, d'instituteurs, de professionnels, pour protéger les intérêts particuliers à ces classes. Mais que, en politique, on s'organise en une grande Union des Électeurs, pour veiller à ce que la politique et les lois générales du pays soient au service de tous les citoyens du pays.
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Votre député fédéral recevait $4,000 par année, dont $1,200 exempt de l'impôt sur le revenu. Il se trouvait mal payé. En l'espace de quelques minutes, lui et ses collègues d'Ottawa ont voté une loi pour s'accorder une augmentation de $2,000, toute exempte de l'impôt sur le revenu. Votre député fédéral a donc maintenant $6,000 par année, dont $3,200 exempts d'impôt.
À la bonne heure pour lui. Mais qu'il pense aussi à ses électeurs. Les électeurs ont autant le droit de vivre que le député. Votre député est un égoïste et un sans-cœur s'il ne réclame pas de toutes ses forces l'exemption d'impôt pour toute personne dont le revenu ne dépasse pas $3,000. Voilà ce qu'il faut lui dire et lui répéter.
Écrivez donc à votre député pour mettre votre petit revenu à l'abri de l'impôt. Le bureau de VERS DEMAIN a des cartes postales tout imprimées pour exprimer cette demande. Vous n'avez qu'à mettre le nom de votre député d'un côté et à signer votre nom de l'autre. Pas de timbre à coller. Commandez ces cartes en nombre et revendez-les autour de vous. Harcelez et faites harceler votre député des réclamations de ses électeurs.
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Union des Électeurs,
C.P. 71, Station Delorimier,
Montréal, P. Q