Un curé nous envoie $10.00 pour les émissions radiophoniques de l'Union des Électeurs, et il accompagne son offrande de la lettre suivante :
Cher Monsieur Even,
Je me fais un plaisir de vous adresser ma petite part pour vos émissions radiophoniques. Dix piastres, c'est bien peu. Je voudrais pouvoir vous envoyer des cent piastres, en prendre sur tout le gaspillage qui se fait présentement. Hélas ! je suis un pauvre homme de curé...
Mon cœur et mes prières vont à ceux qui se dévouent pour sauver notre peuple autrement que par des palabres.
De partout, on entend monter ce cri inquiet : "Nous glissons vers le communisme." Un prédicateur de retraite pastorale nous le disait, l'autre jour, avec une voix angoissée.
Chacun lève les bras au ciel en un geste découragé. Et l'on attend la fin comme une catastrophe inévitable, semblables à des enfants qui, voyant venir l'orage, courent se réfugier sous les grands arbres, confiants que le tonnerre frappera ailleurs et que leur grand frère les protégera contre la tempête et les coups auxquels ils s'exposent.
Continuez : sonnez l'alarme et organisez de votre mieux la défense. Bâtissez courageusement les abris contre les raids des hauts financiers qui se préparent un après-guerre où ils continueront à nous bombarder de leurs "solennels bobards" et de leurs impôts.
Il faudrait les dénoncer de toute la force des voix de patriotes et d'apôtres. Hélas ! on nous a habitués à faire l'obscuration contre de prétendus raids allemands qui n'avaient rien de redoutable. Et l'on ne veut pas que nous nous protégions contre les véritables raids de la haute finance sur le petit peuple. Et lui-même ne paraît pas se douter qu'il devrait apprendre à se protéger. Le petit peuple, comme toujours, ne se réveille qu'au bruit des effondrements dans lesquels croulent son existence ou ses libertés.
Faites la lumière. Si le désastre vient quand même, vous aurez accompli votre pénible tâche. Et les coupables qui, d'accord avec la canaille huppée, inconsciemment ou non, vous auront barré la route, porteront devant Dieu leurs responsabilités et devant l'histoire la honte de leur aveuglement.
Bonjour. Courage. Allons toujours, si peu que nous fassions. Notre mérite est dans l'amour.
En Notre-Seigneur,
Un Curé.