Il vous arrive souvent, n'est-ce pas, Voltigeurs et Défricheurs, de recevoir cette réponse lorsque vous essayez d'abonner ou de réabonner quelqu'un à Vers Demain : "Ah ! oui, je suis pour ça, le Crédit Social ; mais je n'ai pas besoin de m'abonner ; mettez seulement un candidat créditiste dans mon comté, et je vais voter pour lui."
Eh bien, le 8 août, il y avait onze candidats créditistes, dans les onze comtés où, selon toute apparence, il y avait tellement de créditistes déclarés qu'on pouvait espérer un vote majoritaire en faveur du Crédit Social. Et pourtant, combien les onze candidats ont-ils obtenu de votes ?
Nous l'expliquons ailleurs, et pas pour la première fois, l'élection n'est qu'une date dans le mouvement créditiste. Le mouvement est de tous les jours et de tous les mois de l'année. Élection gagnée ou perdue, le mouvement demeure aussi vivant et l'Union Créditiste des Électeurs se bâtit.
Mais il reste qu'un succès au moins partiel le 8 août aurait mis entre les mains des créditistes de grands moyens d'action pour avancer leur cause. Et ces moyens d'action, si nous ne les possédons pas aujourd'hui, c'est simplement parce qu'un grand nombre de créditistes, qui avaient devant eux un candidat créditiste, qui l'acclamaient pendant toute la campagne, ont préféré, le jour du vote, tourner le dos à un idéal et à un apôtre, et voter pour le parti qui, selon eux, avait le plus de chance d'arriver au pouvoir.
Les créditistes qui ont refusé leur vote au candidat créditiste le 8 août se rendent-ils bien compte de ce qu'ils ont fait manquer à leur cause ?
Le Parlement provincial sorti de l'élection est ainsi composé :
Union Nationale.. 48
Libéraux .. 37
Bloc Populaire...... 4
Nationaliste. . .... 1
Sur les onze comtés entrepris pour la lutte électorale par l'Union Créditiste des Électeurs, il y en a huit sur lesquels nous fondions presque une assurance de succès. Et si seulement ceux qui se disent créditistes dans ces huit comtés avaient voté créditiste, le candidat créditiste passait certainement. On aurait eu alors l'alignement suivant au parlement :
Union Nationale............ 44
Libéraux.... 35
Bloc Populaire..... . .... 3
Nationaliste 1
Créditistes 8
On voit tout de suite que, avec un tel résultat, les huit créditistes auraient été le groupe le plus recherché en Chambre. L'Union Nationale au pouvoir aurait fait tout son possible pour faire plaisir aux créditistes, afin que les huit ne se joignent pas aux Libéraux sur un vote de non confiance qui ferait tomber le gouvernement. De même aussi, les Libéraux auraient fait tout leur possible pour plaire aux créditistes, afin de gagner leur appui pour un vote de non confiance au moment qu'ils auraient trouvé opportun pour faire tomber le gouvernement.
Ni l'Union Nationale ni les Libéraux n'auraient jamais osé discréditer le Crédit Social. Les créditistes auraient été écoutés avec courtoisie, pour dire le moins.
En dehors du Parlement, les adversaires de certains secteurs auraient été plus circonspects dans
leurs critiques. La Société Radio-Canada aurait commencé à constater l'existence de l'Union Créditiste des Électeurs et nous aurait servi notre part de ses émissions politiques gratuites.
Puis, comme nous l'expliquions bien avant le vote, les créditistes élus auraient été des missionnaires créditistes, payés par la province, donc dégagés du souci du gagne-pain, et auraient donné tout leur temps, en dehors des sessions, à l'éducation politique du peuple et à l'organisation de l'Union des Électeurs.
Tous ces avantages, et d'autres, sont encore dans le néant aujourd'hui, à cause du vote non créditiste de nombreux créditistes des comtés en question.
Les créditistes de ces comtés qui ont voté Libéral, Union Nationale, Bloc Populaire ou C.C.F., se rendent-ils compte maintenant de ce qu'ils ont refusé à leur cause en refusant leur vote du 8 août au candidat créditiste ?
Qu'est-ce que leur vote a valu à la cause créditiste à laquelle ils se disaient gagnés ? Et de quels avantages leur vote n'a-t-il pas privé cette même cause ?
Nous laissons cela à leur méditation. Et nous continuons notre travail.