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Le mouvement créditiste avance-t-il ?

le mercredi, 01 mars 1944. Dans La vie créditiste

Parfois, certains créditistes, ardemment dési­reux de voir venir le soulagement de la multitude qui souffre, peuvent trouver que les réalisations tardent trop. Ils peuvent être portés au découra­gement, se laisser envahir par des pensées dépri­mantes, ou prêter la voix à des cabaleurs plus pressés de faire le mouvement les servir que de servir le mouvement.

En moins de dix ans

Il suffit pourtant de regarder les faits en face : Qu'y avait-il, il y a dix ans, en fait, de Crédit Social, et qu'y a-t-il aujourd'hui ?

Il y a dix ans, qui donc parlait de Crédit So­cial dans notre province ? Qui analysait, expliquait et faisait comprendre au peuple la question de l'argent ?

On parlait bien d'agriculture aux cultivateurs, d'ébénisterie aux menuisiers, de pédagogie aux instituteurs. Et tout cela était parlait. Mais personne ne parlait jamais du système d'argent à un public qui ne peut pas faire deux pas sans argent et dont toutes les difficultés, dans tous les domaines, sont fortement chargées d'un problème d'argent.

Le changement est l'œuvre de moins de dix an­nées, puisque c'est exactement en 1935 que paru­rent les premières phrases en français sur le Cré­dit Social dans la province de Québec. Et ce ne furent d'abord que des articles épars sur la nou­velle doctrine monétaire.

C'est à l'automne 1936 que commença la pu­blication des petits Cahiers du Crédit Social, dont il y eut 16 numéros en trois années.

C'est de 1937 que datent les premières grandes assemblées publiques pour traiter du Crédit So­cial.

C'est de 1938 que le mouvement créditiste a pris quelque extension en Nouvelle-France.

Et depuis novembre 1939 avec le journal Vers Demain, depuis 1940 avec l'Institut d'Action Po­litique, le mouvement est sorti de son enfance avec une orientation bien définie.

En pleine guerre

Oui, en pleine guerre, malgré des obstacles de toutes sortes, résultant de la préoccupation des esprits, de l'affairement des activités de guerre, des déplacements d'hommes par la mobilisation ou les industries de munitions ; malgré des calom­nies insidieuses montées systématiquement ; mal­gré les morsures de jaloux ; malgré le moucharda­ge organisé ; malgré des persécutions politiciennes, policières, et d'autres — malgré tout cela, le mou­vement créditiste est incontestablement, de tous les mouvements de masse, celui qui a connu l'expansion la plus rapide en notre province.

Mouvement lumineux, ardent et pur

C'est en Nouvelle-France que la doctrine vivi­fiante du Crédit Social a le mieux donné le plein de sa lumière et de sa flamme.

Une lumière et une flamme — de l'étude et du dévouement — voilà toute l'explication du ma­gnifique développement du mouvement créditiste chez nous.

Et quelle pureté aussi ! Le mouvement crédi­tiste en Nouvelle-France n'est point une organisa­tion d'ambitieux plus ou moins vernis, en mal d'ascension politique. C'est une organisation in­telligente de la masse elle-même — non pas seu­lement pour se donner des représentants dans les corps politiques, mais pour leur parler et leur rap­peler qu'ils sont justement des représentants, et que derrière les représentants il y a les représen­tés.

Entreprise d'envergure

Pour apprécier l'avancement du mouvement créditiste vers son objectif, il ne faut pas oublier, non plus, qu'il s'agit d'une entreprise gigantesque.

Une élite à former dans la masse, pour accom­plir ce que l'élite traditionnelle, trop embourgeoi­sée ou trop encrassée, n'a pas su ou n'a pas voulu faire.

Dans les jugements : remplacer le prestige par la valeur ; le laisser-faire par l'action personnelle concertée avec l'action du voisin ; le travail pour la piastre par le dévouement au service d'un idéal.

Dans la politique : remplacer les organisations de candidats par les organisations d'électeurs ; remplacer la voix et la pression des passions et des puissances d'argent, par la voix et la pression des hommes et des femmes qui composent la so­ciété.

Dans l'économique : remettre la fin à sa place et les moyens à la leur ; remplacer la poursuite de l'argent par le service du consommateur ; puis as­surer le moyen de pouvoir faire partir les com­mandes à la production, des familles où sont les besoins, et non pas d'officines où l'on considère l'humanité comme un laboratoire à expériences ou un champ d'exploitation.

Au lieu de juger que le mouvement créditiste prend du temps à gagner la masse, nous devons plutôt trouver qu'il s'en empare à un rythme sans précédent dans aucun mouvement de ce genre. C'est ce que savent d'ailleurs très bien les adver­saires.

Le journal Vers Demain a des abonnés dans tous les comtés de Nouvelle-France. L'Institut d'Action Politique multiplie ses travailleurs et ses centres de rayonnement. En plusieurs endroits déjà, l'organisation de la masse du peuple, l'Union des Électeurs, est assez avancée pour donner du fil à retordre aux politiciens et aux embour­geoisés habitués à être considérés comme le Grand Sanhédrin de leur milieu.

Soyons donc fiers de notre mouvement et de notre organisation. Et gardons-nous de dévier et de rapetisser nos objectifs sous prétexte de les at­teindre plus tôt.

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