Quiconque, après avoir suivi la Convention de Toronto, lit les quelques alinéas que lui consacre Le Devoir du 8 avril, ne peut tirer qu'une conclusion : Ou bien Le Devoir est pauvrement renseigné, ou bien il est de très mauvaise foi dans les informations qu'il passe à ses lecteurs.
Le Devoir n'a que deux choses à mettre en vedette dans son sous-titre : "Les créditistes sont en faveur d'un effort de guerre total — Paul Prince se retire de la Convention".
Le Devoir dit plus bas que M. Grégoire a été nommé vice-président du parti, alors que le programme voté à la Convention exclut catégoriquement la politique de parti. Il ajoute que les autres membres de l'exécutif seront nommés plus tard, alors que la constitution votée par la Convention limite l'exécutif aux deux hommes élus : le leader et le vice-président.
Le Devoir s'étend sur une prétendue déclaration de M. Pearson, président du Comité des Résolutions. M. Louis Even était lui-même membre du Comité des Résolutions et connaît tous les détails de l'affaire au sujet de cette résolution relative à la guerre, présentée à la toute dernière minute et renvoyée à son auteur. C'est absolument sans importance ; et si Le Devoir est silencieux sur les choses capitales de la Convention créditiste de Toronto, il pourrait se dispenser de consacrer malicieusement son plus long alinéa et la moitié de son sous-titre à une insinuation aussi malveillante.
La résolution en question, qui contenait beaucoup de bon et une partie discutable, ne fut même pas prise en considération.
Ce journal est encore dans le pays des fables lorsqu'il parle d'une foule d'autres résolutions approuvées avec ou sans discussion. Est-ce qu'une demi-douzaine constitue une foule pour Le Devoir ?
Quant à la sortie de Paul Prince, de la salle des délibérations, "en faisant claquer les portes", elle prouve simplement que Le Devoir fut victime, ou de sa pauvre information ou de ses préjugés anticréditistes, dans son édition du 28 janvier dernier.
Ce jour-là, en effet, Le Devoir, qui n'a pas de place pour parler des activités créditistes dans notre province, accordait plus d'une colonne à une entrevue avec ce même Paul Prince, venu du Manitoba. Le rapport de l'entrevue, en parlant du mouvement créditiste dans le Québec, disait :
"Le mouvement créditiste de la province, dont M. Louis Even est le porte-parole... est considéré comme un groupe dissident. Nous croyons comprendre, à la façon dont M. Prince nous en parle, que le groupe de M. Even est très mal coté dans les cercles créditistes des autres provinces."
Eh bien, Le Devoir a eu la réponse à la Convention de Toronto. Le "groupe de M. Even" comprenait 42 des 44 délégués de la province de Québec. Les cercles créditistes de sept autres provinces étaient représentés. Or, c'est Paul Prince qui ne s'est pas accordé avec les groupes des autres provinces. Et c'est M. Grégoire, étroit collaborateur de M. Even, qui a été élu à l'unanimité vice-président de l'organisation nationale. Et M. Even lui-même siégeait au conseil de direction à la première séance de ce conseil après la Convention.
Comme quoi, au moins certains rédacteurs du Devoir gagneront en clairvoyance s'ils consentent à réviser leur attitude préformée contre le Crédit Social.